#Essais

Hastings. 14 octobre 1066

Pierre Bouet

Cette seule journée du samedi 14 octobre 1066, les armes décidèrent du destin d'un royaume et de plusieurs milliers d'hommes. Si les conséquences de la bataille d'Hastings sont aujourd'hui bien connues, elle signe l'acte de naissance de l'Angleterre, le vécu des combattants est largement ignoré. Pierre Bouet nous entraîne au coeur de la mêlée aux côtés des housecarls du roi saxon Harold ou des chevaliers de Guillaume le Conquérant. La sanglante réalité d'une bataille médiévale nous apparaît alors, avec ses actes de bravoure et de lâcheté, ses violences et ses souffrances.

Par Pierre Bouet
Chez Editions Tallandier

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Genre

Histoire internationale

 

 

 

 

 

CHAPITRE PREMIER

 

L’ARMÉE NORMANDE

 

 

 

 

La bataille d’Hastings fut précédée d’un extraordinaire exploit accompli par les hommes du duc de Normandie : ils réussirent à faire passer d’une rive de la Manche à l’autre, en pleine nuit, un millier de navires transportant quelque 15 000 hommes, 3 000 chevaux et tout le matériel de guerre indispensable (lances, javelots, épées, boucliers, armures et vivres). En moins d’une année, Guillaume le Bâtard mena à bien cette entreprise et réussit la traversée de la Manche sans incident majeur. Si cette étape essentielle du plan de Guillaume avait échoué, la Normandie ne s’en serait pas relevée.

Depuis la mi-janvier, le duc avait déjà mûri son projet avec sa garde rapprochée pour dessiner les grandes lignes de leur action diplomatique à l’égard des cours européennes et les modalités de leur préparation militaire. Tout devait être prêt pour l’assemblée de Lillebonne, afin qu’une fois la décision prise chacun sache ce qu’il devait réaliser. Il est probable que les conseillers de Guillaume et le duc lui-même avaient déjà fait leurs calculs et défini des projets chiffrés. Nous avons la preuve de cette capacité à tout prévoir et à tout organiser dans les moindres détails. Nous avons conservé, en effet, les résultats d’une enquête entreprise en 1086 sur ordre de Guillaume le Conquérant, enquête à laquelle on a donné le nom de Domesday Book : il s’agissait de recenser tous les biens et toutes les personnes de l’Angleterre normande. Tous les villages et tous les quartiers des villes furent visités méthodiquement par deux commissions d’enquête (la seconde vérifiant le travail de la première), qui précisèrent la surface de chaque champ en définissant la nature de la culture (labour, pâturage, bois…), notèrent le nom du possesseur saxon, en 1065, avant la venue des Normands et celui du tenancier en 1086. Elles estimèrent pour chaque parcelle la valeur en 1065 et celle en 1086, elles indiquèrent même le nombre de personnes vivant et travaillant dans chaque village ou quartier de ville, ainsi que le nombre d’animaux. Rien ne devait échapper au regard des enquêteurs. Le relevé fut si précis qu’il fut impossible à quiconque de dissimuler quoi que ce fût. Sans ce document exceptionnel, nous n’aurions jamais pu imaginer avec quel soin Guillaume et ses conseillers préparaient leurs projets9.

La première tâche du duc normand fut de réunir une armée de chevaliers et de fantassins capables d’affronter les redoutables contingents anglais d’Harold. Il ne s’agissait plus de soumettre quelque baron normand entré en dissidence ou de ramener à la raison un prince voisin peu respectueux des frontières. Il fallait rassembler une véritable force armée qui soit en mesure de l’emporter sur le champ de bataille et de quadriller tout un pays pour y maintenir l’ordre.

 

 

Les hommes de confiance

 

Guillaume eut la chance d’être assisté d’un conseil constitué d’hommes de confiance qui collaboraient avec lui depuis plus de vingt ans et qui allaient jouer un rôle de premier plan aussi bien dans la préparation de l’expédition que dans la bataille. Au plus près du duc siégeaient ses deux demi-frères, Odon et Robert, les fils d’Herlève (appelée souvent Arlette) et d’Herluin de Conteville. À plusieurs reprises, la Broderie de Bayeux représente les trois frères ensemble, au moment où ils prennent les décisions capitales.

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06/02/2014 180 pages 8,50 €
Scannez le code barre 9791021004481
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