#Imaginaire

Retour a Niceville

Carsten Stroud

Nick Kavanaugh, ancien des Forces spéciales désormais flic coriace de la police du comté, et Kate, sa femme avocate, sont devenus les tuteurs de Raincy Teague, 10 ans, orphelin au passé obscur. Alors que de mystérieuses forces du mal manipulent l'enfant pour qu'il sème la désolation autour de lui, l'enquête criminelle sur le braquage meurtrier de la First Third Bank se poursuit. Un dangereux suspect s'enfuit à la faveur de son transfert en prison, l'avion qui transportait une bande d'espions chinois se crashe en plein vol, et un mafieux trouve la mort lors d'une fusillade dans un grand magasin... Ces péripéties ne sont rien, toutefois, au regard des épisodes surnaturels et glaçants qui ébranlent cette petite ville du Sud, par ailleurs si charmante. Dans ce roman haletant à la croisée des genres, les scènes d'action spectaculaires se succèdent à un rythme effréné, faisant de Retour à Niceville un thriller cinématographique à vous donner la chair de poule.

Par Carsten Stroud
Chez Seuil

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Editeur

Seuil

Genre

Science-fiction

Le Learjet chinois était là, en bout de piste sur l’aérodrome de Mauldar Field, réservoirs pleins, portes verrouillées, flèche prête à jaillir d’un arc bandé, réacteurs rugissants, freins fumants, volets battants… quand le téléphone de la tour de contrôle sonna : un hurlement strident, métallique. John Parkhurst, directeur de l’aérodrome, décrocha d’un geste brusque et – d’après ce qu’il dit un peu plus tard aux flics – se prit une engueulade magistrale.

Bon, sachez que Parkhurst est à temps partiel un pasteur pentecôtiste et que certains mots percutants ne font pas partie de son vocabulaire.

Bref, l’individu en ligne prétend qu’il est agent du FBI et braille à tue-tête que ce qu’il veut, c’est que ce p… de Learjet chinois soit immédiatement immobilisé. Parkhurst, genre mec tatillon qui aurait dû plutôt être dentiste que contrôleur aérien, lui demande son numéro de matricule et le gars perd alors complètement les pédales et recommence à hurler, si bien qu’au milieu d’une phrase qui commence par « espèce de c » Parkhurst lui raccroche au nez.

Deux minutes plus tard, le Learjet, un 60 XR Luxe, 10 millions de dollars au bas mot, s’élance vers le ciel, grimpe presque à la verticale, façon montagnes russes, les deux réacteurs plein pot au point qu’ils font vibrer les fenêtres à 2 kilomètres à la ronde, et Parkhurst se rassoit, les oreilles encore en feu. Il dit « oh là là » puis encore « oh là là », soupire, hoche la tête et pense : « Et en plus, le jour du Seigneur… »

Et puis il se calme et son regard fait le tour de la pièce. Ses collègues ont les yeux fixés sur lui et se demandent ce qui lui arrive. Il constate que, à l’extérieur et grâce à Dieu c’est bien encore un superbe dimanche matin de printemps ; le ciel est bleu et lumineux, il n’y voit aucun nuage, à part ce truc curieux du côté du sud-est. Ça ressemble à une traînée de fumée noire. Ou à des feuilles qui volent dans le vent.

Parkhurst médite un instant sur la traînée noire, se demandant vaguement ce que ça peut être…

Pendant ce temps, à 1 000 pieds d’altitude et quelques, à 800 mètres de là, le Learjet chinois bascule légèrement sur l’aile et vire gracieusement vers le sud.

Et tandis que Parkhurst essaye vainement de se concentrer sur un psaume, une étincelle d’appréhension se met à crépiter au fin fond de ses méninges. Il se retourne pour vérifier le radar Doppler. La traînée y apparaît dans un retour diffus, embrouillé. Il prend ses jumelles pour l’observer de plus près.

En moins de deux secondes, il réussit à faire le point et dès qu’il comprend ce qu’il voit, sa gorge se serre, sa poitrine se paralyse.

Ce n’est pas un nuage de fumée, ni une volée de feuilles. C’est un vol de corbeaux. Un énorme vol de corbeaux.

Parkhurst se précipite sur la radio : « Vol zéro six cinq danger Learjet chinois redescendez immédiatement au palier… » Mais, compte tenu de la vitesse de l’avion, il est juste un peu trop tard. Parkhurst reçoit une brève réponse du copilote : « Vol zéro six cinq à la tour, nous sommes… » suivie d’un juron perçant en chinois.

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trad. Olivier Grenot
09/05/2014 505 pages 22,50 €
Scannez le code barre 9782021045543
9782021045543
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