Tous les matins, avant l'aube, une femme sort d'une maison de cantonnier, parcourt douze kilomètres sur une voie ferrée désaffectée et se couche juste après le tournant trop serré, en attendant le train "qui fera tomber sa tête en bas de la digue, dans le fleuve". Tous les matins, un homme, son nuage d'expiations amères tenu en laisse, parcourt ces mêmes douze kilomètres pour ramener sa femme à la maison. Sept jours durant, face au regard morne d'Elisa, dans un monologue rythmé, obsessionnel, envoûtant, Augusto dévoile progressivement les fantômes de son passé, laissant apparaitre ses secrets, ses failles, ses culpabilités. Le chant d'une vie consumée, la litanie d'une tragédie familiale aux accents bibliques, l'histoire d'une damnation, une allégorie du dernier siècle de l'Italie, et aussi, peut-être, un manuel de résistance pour devenir braconniers, clandestins de la pensée à l'heure de la banalité.
Par
Alessandro Cinquegrani, Laura Brignon Chez
Do Editions
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