Encore aujourd'hui, un auteur de thriller aurait du mal en tentant de nier l'influence d'Agatha Christie. Dans le cas de Gillian Flynn, auteure de Gone Girl, elle n'avait pas fait de mystères : Christie a beaucoup compté dans son approche de l'écriture, et des codes narratifs nécessaires au suspens. Voire même un peu plus (attention, spoiler) : Agatha Christie a en effet simulé une disparition en 1926, pour « punir » un mari volage.
Le 06/11/2014 à 13:37 par Antoine Oury
Publié le :
06/11/2014 à 13:37
Agatha Christie, en 1925
Si vous n'avez pas lu/vu Gone Girl, faites-le avant la lecture de l'article : nous déclinons toute responsabilité en cas d'intrigue gâchée. Ces précautions prises, les plus avertis découvriront que le fil conducteur de l'intrigue de Gone Girl, et son efficace retournement de situation, trouvent une partie de leurs origines dans la biographie d'Agathe Christie.
En 1926, quelques semaines après la parution en librairies du Meurtre de Roger Ackroyd, les journaux britanniques, et bientôt du monde, s'inquiètent : le New York Times consacrera même sa première page à la disparition d'Agatha Christie.
Le vendredi 3 décembre 1926, la voiture de l'auteure est retrouvée, phares allumés, abandonnée à l'orée d'une forêt, non loin de la ville de Guildford, dans le Surrey, au sud de l'Angleterre. À une distance d'une cinquantaine de miles, environ, de son domicile, dans le comté de Berkshire. La police lance des avis de recherche, et de nombreux lecteurs et citoyens se joignent volontairement aux recherches.
Le principal suspect devient le mari d'Agatha Christie, le colonel Archibald 'Archie' Christie : pilote durant la Première Guerre mondiale, elle le rencontre en 1912, et l'épouse deux ans plus tard. Si elle conserve son nom comme pseudonyme (elle est née Agatha Mary Clarissa Miller), le mariage d'Agatha et Archie bat clairement de l'aile depuis quelques mois. Le matin même de la disparition de son épouse, Archie Christie l'avait prévenu : il allait passer quelques jours avec des amis.
Mais l'auteure n'est pas dupe, et connaît même l'identité de la maîtresse que son mari va rejoindre : Nancy Neele. C'est pour cette raison, a priori, qu'elle aurait simulé sa disparition, simplement pour interrompre le séjour en amoureux de son mari, et le pousser à l'inquiétude. Il ne fut pas le seul : des écrivains, dont Arthur Conan Doyle, qui fit appel à un médium, Dorothy L. Sayers ou Edgar Wallace participèrent aux recherches.
Hercule Poirot et Miss Marple, personnages d'Agatha Christie
Par Marie-Ange Rousseau, du CESAN (ActuaLitté, CC BY SA 2.0)
Après 11 jours de cavale pendant lesquels elle utilisa de l'argent liquide et le nom de la maîtresse de son mari (!), Christie fut finalement reconnue dans un hôtel, à Harrogate, sous le nom de Teresa Neele. Elle avait, au cours de son séjour, envoyé plusieurs lettres en forme d'indices à des lecteurs du New York Times ou au frère d'Archie Christie...
Deux ans après cet épisode, le divorce fut prononcé entre Agatha Christie et Archie Christie.
(via The Independant)
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