#Bande dessinée jeunesse

J'ai égaré la lune

Erwan Ji

"Quand j'étais petite, j'imaginais ma vie à vingt ans. J'irais à la fac à New York, je partagerais une petite chambre avec une coloc râleuse, et mon copain m'appellerait "chérie". Je viens d'avoir vingt ans. Je vais à la fac à Tokyo, je partage une grande maison avec six colocs géniaux, et ma copine m'appelle "ma petite otarie". Alors oui, je suis peut-être pas très forte en imagination de vie. Mais tu sais quoi ? C'est pas grave. La vie, c'est comme une blague. C'est plus rigolo quand t'as pas deviné la fin".

Par Erwan Ji
Chez Nathan

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Auteur

Erwan Ji

Editeur

Nathan

Genre

12 ans et +

« De rien pour toi, mais de beaucoup pour moi. »

 

ABOUT

Je m’appelle Capucine. J’ai dix-neuf ans, et je pars à l’aventure.

Avant de partir à l’aventure, on peut faire plusieurs trucs. Un : acheter un chapeau à calotte plate, façon Indiana Jones. Deux : prier pour que ça se passe bien. Moi j’ai pas une tête à chapeau, et si je prie j’ai peur de m’endormir. Heureusement, il y a une option numéro trois : écrire.

Il y a deux ans, j’ai ouvert un blog pour raconter ma dernière année de lycée dans le Delaware. Le jour de la remise des diplômes, j’ai posé ma plume. J’avais tout dit. On ne peut pas écrire quand on a tout dit.

Cette année, je vais me balader dans des rues que je n’avais jamais empruntées, avaler des aliments que je n’avais jamais mangés et répéter des mots que je n’avais jamais prononcés. Un petit oiseau m’a dit qu’il était temps d’épousseter ma plume.

Enfin, ça c’est quand je pense en anglais. Si je pense en français, c’est pas un petit oiseau qui m’a dit ça, c’est mon petit doigt. C’est pour ça que je suis contente de penser en deux langues : je peux recevoir des informations d’un tétrapode ailé ou d’une extrémité articulée. C’est bien pratique, tout de même.

Bref. N’ayant pas une tête à chapeau, je ressors mon blog du tiroir et j’époussette ma plume.

Tu es sur le blog de Puce. ようこそ !

Panique pas. Ça veut dire bienvenue.

 

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VIVRE, TOUT DE SUITE

 

Pinky Swear

Vendredi 12 août

 

Je suis dans les nuages.

Sous mes pieds, c’est l’océan Pacifique. Au-dessus de ma tête, l’espace. Certains diraient qu’ils se sentent minuscules, moi je me sens énorme. J’ai trop mangé avant de partir.

Derrière mon siège, un enfant avec des lunettes comme des loupes vient de me poser une question fondamentale.

« T’es une fée ? »

Amusée par sa chemise boutonnée jusqu’en haut et ses cheveux en brosse comme on n’en voit que dans les films des années 90, j’ai chuchoté une réponse appropriée.

« Bah ouais. Mais je suis ici incognito, tu le dis à personne, hein ? »

« C’est quoi, inco-machin ? »

« Incognito. Ça veut dire que c’est un secret. »

Le sourire jusqu’aux oreilles, il m’a tendu son petit doigt. J’ai avancé le mien, et on les a entrelacés pour un pinky swear. Il paraît qu’à l’origine, ce geste d’enfant chez moi aux États-Unis signifiait dans un autre pays, au Japon, que la personne brisant sa promesse devait se couper le petit doigt. C’est pas excessif du tout.

À côté de moi, une fille vient de s’endormir. Tout à l’heure, elle a posé sa tête contre mon épaule et j’ai arrangé quelques mèches sur son front. Ses cheveux sont blond clair, lisses, un peu en vrac, asymétriques sur l’avant, courts mais pas trop, juste assez longs pour que je puisse y cacher mes petites mains. J’aime cacher mes mains sur le corps de ma copine. Parfois c’est dans ses cheveux, parfois sous son tee-shirt, parfois dans son pantalon. Souvent, elle sursaute.

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15/03/2018 466 pages 16,95 €
Scannez le code barre 9782092580073
9782092580073
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