#Essais

Histoire mondiale des cours. De l'Antiquité à nos jours

Victor Battaggion, Thierry Sarmant

Véritable voyage dans le monde prestigieux et mystérieux des anciennes cours, ce volume offre à ses lecteurs l'insigne honneur d'être reçu à la cour de Pharaon en Egypte, à celle des empereurs de Chine et du Japon, à celle du roi des rois perse - de Darius au dernier shah d'Iran -, à celles de Rome et de Byzance, de la Sublime Porte, des Grands Moghols indiens, du Vatican, de France bien sûr, mais aussi à celles d'Angleterre, d'Autriche, d'Espagne et de Russie, ou encore dans les royaumes et principautés allemands, scandinaves et balkaniques. Comment elles ont été constituées, comment elles ont évolué, qui les compose - famille, domesticité, dignitaires -, quel est leur écrin - Versailles, Westminster, le Sérail de Constantinople, la Cité interdite de Pékin... -, quels en sont les rites et les usages - le souverain est un être sacré, devant qui la prosternation, "proskynése" en Europe et en Asie, "kow-tow" en Chine, est de rigueur -, quels sont leurs liens ; enfin pourquoi et comment - pour la plupart - elles ont disparu : pour la première fois, les meilleurs spécialistes, réunis par Victor Battaggion et Thierry Sarmant, répondent à toutes ces interrogations et brossent d'une plume alerte et érudite l'histoire de ces cours, tout à la fois instrument et manifestation du pouvoir, de l'Egypte antique à l'Europe contemporaine.

Par Victor Battaggion, Thierry Sarmant
Chez Librairie Académique Perrin

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Genre

Histoire internationale

INTRODUCTION

Voyage au pays des cours

« À quoi sert la foule importune,

Dont les rois sont embarrassés ?

Un coup fatal de la Fortune

Écarte les plus empressés. »

Philippe Quinault,

Alceste ou le Triomphe d’Alcide, 1674.

Le crépuscule des rois laisse entrevoir ses derniers rougeoiements. L’encre noire de la nuit macule les derniers vestiges d’un temps révolu. Reste un halo érubescent, faible et mourant, des splendeurs et des fastes des régimes monarchiques. Ce jadis, ou naguère, dans lequel monarques, empereurs, autocrates, pontifes, tous entourés de leurs cours, exerçaient leur pouvoir souverain. Ils avaient pourtant traversé les siècles, les millénaires même, avant d’entamer leur déclin il y a deux siècles avec la Révolution anglaise, la Révolution américaine et la Révolution française. En Europe, puis dans le reste du monde, ils ont pour beaucoup disparu les uns après les autres. Inexorablement. Laissant de simples magistratures en place, des coquilles plus ou moins vides. Symboliques, toujours honorées, mais exsangues de leur valeur et fonction originelle. L’âge venu, au soir d’un cycle, l’homme qui régna abdique aujourd’hui de lui-même, sans qu’il soit besoin d’une rupture politique violente. C’est ainsi qu’au cours de la seule année 2013 l’émir du Qatar, la reine Béatrix des Pays-Bas, le pape Benoît XVI et le roi des Belges Albert II – suivis en 2014 par le roi d’Espagne Juan Carlos – sont sortis de la scène.

Les cours du XXIe siècle sont des institutions modestes, des survivances fragiles d’un ordre déchu. Quand on parle de « cour » des présidents et dictateurs contemporains, on évoque seulement des « courtisans » au sens le plus trivial du terme. Il faut accomplir un effort de dépaysement pour réaliser ce que furent ces institutions majeures : le propos de ce livre est d’aider le lecteur dans cet effort en l’entraînant dans un voyage curial aux dimensions du monde. À travers l’espace et le temps.


Qu’est-ce que la cour ?

La cour peut se définir comme un lieu de rencontre entre le quotidien et l’histoire, l’individuel et le politique, l’espace privé et l’espace public. Elle a pour origine la famille du souverain, englobe sa maisonnée puis ses fidèles, ses conseillers et son gouvernement. La double étymologie du mot « cour » en français, issu du latin médiéval cortis mais rattaché au latin classique curia, offre ce double sens matériel et abstrait.

Dans son état primitif, la cour instaure une confusion plus ou moins complète entre l’homme et le prince : le monarque est un homme-institution en qui s’incarnent la société et l’État. Suivant les lieux et les circonstances, sphère privée et sphère publique peuvent s’interpénétrer ou s’opposer. La séparation entre cour et gouvernement est un trait fondamental de l’État dit moderne ou bureaucratique. La collectivité cesse alors de s’incarner dans un homme pour s’identifier à une abstraction : peuple, État, Nation.

Partout dans le monde, la cour, lieu de pouvoir et lieu du sacré, tend à se présenter comme un conservatoire immuable d’usages antiques, même si, comme toute institution humaine, elle ne cesse d’évoluer. Elle est le théâtre privilégié de l’invention des traditions. Le défi, pour l’historien, est de discerner les évolutions réelles derrière une apparence d’immobilisme, de tâcher d’en comprendre le sens et de les mettre en relation d’une cour à l’autre, pour mettre en évidence des échanges ou des influences.


Une affaire de famille

L’origine de la cour, on l’a dit, c’est la famille. Une famille politique, puisque c’est en son sein que se transmet et s’exerce le pouvoir. Le cœur de la vie de cour, c’est donc, autour du souverain, son ou ses conjoints, ses enfants, ses parents proches ou éloignés, selon les règles – le lien du sang déterminant ou non, selon les cultures, l’appartenance au monde de la cour. Et selon les civilisations interviennent ou non des « cloisonnements » à l’intérieur de la cour dynastique, entre hommes et femmes ou entre différentes « Maisons » princières.

Toute une partie de la vie de cour tourne autour de l’enjeu dynastique majeur : la perpétuation de la famille régnante. Les femmes y ont de ce fait un rôle important, même dans les civilisations où leur statut est le moins avantageux. La mère du monarque, son épouse légitime (dans les cultures monogames) ou son épouse principale (dans les cultures polygames) jouissent de titres honorifiques et d’avantages matériels. Même quand prévaut une séparation absolue entre les sexes, les femmes réussissent à influer sur la cour et le gouvernement. Dans l’opinion commune, la cour passe pour un lieu du pouvoir féminin… et c’est un lieu commun des moralistes que de le déplorer, que l’on soit en Europe ou en Chine.

L’héritier ou les héritiers du trône forment un autre pôle d’attraction dans la vie de cour : si le souverain régnant incarne le présent, sa progéniture annonce l’avenir, et différentes solutions prévalent pour gérer les tensions potentielles entre générations. On peut choisir de concéder à l’héritier une sorte de vice-royauté, de l’envoyer gouverner une province et y former une cour secondaire, ou au contraire de le neutraliser en lui interdisant toute fonction publique. C’est ce dernier choix que fit Louis XIV en interdisant à son fils, Louis, le Grand Dauphin, de se constituer une Maison propre et d’adopter une livrée particulière.


De la Maison à la cour

Après la famille vient la maison ou plutôt la Maison, une domesticité dont l’effectif croît avec la puissance du maître et qui tend à se subdiviser en services spécialisés ou à évoluer d’un rôle proprement curial vers des attributions politiques ou administratives. C’est la cour-institution à proprement parler, matrice du gouvernement et de l’État.

Du petit groupe de conseillers que réunit le monarque se sont détachés un Conseil du roi formalisé, puis des organes collégiaux de gouvernement, de justice et d’administration : Conseil d’État, Chambre des comptes, Parlement, voire des assemblées représentatives comme le Parlement d’Angleterre.

En Occident, à travers des organigrammes divers, on rencontre des subdivisions assez semblables : chapelle, chancellerie, chambre, cuisine, écurie, vénerie sont les principales. De la chancellerie sont issus, par un phénomène de scissiparité séculaire, la plupart des organes de gouvernement modernes, ministres et secrétaires d’État, commis, bureaux et ministères.

Les gardes entourant le souverain connaissent également des évolutions diverses. Certaines unités peuvent se muer avec le temps en un corps de pur apparat, à la manière des Suisses du pape. D’autres constituent une troupe d’élite, voire le noyau dur de l’armée, tel le corps des janissaires ottomans. D’autres encore servent de modèle destiné à réformer l’armée tout entière, comme les régiments Préobrajenski et Semionovski de Pierre le Grand.

Quant aux services proprement curiaux, ils tendent à former une microsociété dont les membres se succèdent héréditairement, le principe dynastique s’imposant aussi bien pour le cuisinier que pour le prince. La cour est un monde de vieux serviteurs, de visages familiers, qui confortent le principe de continuité.

La notion de rang y joue un rôle fondamental. La hiérarchie entre services et entre individus est pensée à la fois comme structurante et mouvante. Le monarque est le sommet d’un édifice pyramidal ; il est aussi celui qui fixe les rangs et peut les changer.


Cour et société de cour

Au-delà, voici les courtisans au sens large : notables présentant leurs hommages, émissaires étrangers, audacieux venus proposer leurs services, simples curieux. Il faut y ajouter le milieu mouvant de ceux qui « suivent la cour », d’après l’expression française : marchands, artisans, artistes, employés recrutés à temps. C’est la cour-microcosme, image réduite de la société, qui à son tour diffuse dans l’ensemble du corps social un modèle de culture et de civilité. Dans La Société de cour (1969), le sociologue Norbert Elias a mis en évidence ce processus de civilisation. La cour impose le contrôle de soi, la pacification des mœurs, le respect d’un certain nombre de règles et d’usages. Du courtisan naît le type idéal de « l’honnête homme ». « Je suis très heureux que vous alliez aussi à Versailles et souvent. Seule la fréquentation intime d’une société au fait des modes peut vous donner l’usage du monde et les manières aisées, écrit Lord Chesterfield à son fils en 1751. Une heure à Versailles vaut maintenant pour vous davantage que trois heures passées dans votre cabinet, avec les meilleurs livres qui aient jamais été écrits. »

La cour ainsi entendue a un double emploi. Instrument de pouvoir, elle réunit périodiquement autour du monarque tout-puissant les principaux personnages de son royaume et les soumet à des liens de dépendance. C’est ce que les historiens appellent « domestication de la noblesse » en pensant au Versailles de Louis XIV. Tout favori, ou favorite, élevé au-dessus de la foule par la seule volonté souveraine devient l’une des pièces, à l’importance variable, d’un échiquier socio-politique. Son existence dépend du moindre mouvement de son bienfaiteur. Au même titre que les autres privilégiés d’ailleurs. Il se retrouve donc, comme l’explique Norbert Elias, dans une « chaîne d’interdépendance ». Au coup répond systématiquement un contrecoup. Sa chute fera l’ascension de quelqu’un d’autre. Le contraire étant tout aussi vrai…

Manifestation du pouvoir, ensuite, la cour sert par son existence même au prestige de la monarchie. Elle doit être nombreuse, pour illustrer la fidélité et l’empressement des élites ; elle doit être brillante, pour démontrer aux sujets et aux étrangers la puissance et la richesse du souverain dont elle est le siège. L’éclat de la cour est censé refléter l’image de la prospérité du pays. Il lui faut de somptueux costumes, des tables bien garnies, des fêtes et des divertissements souvent répétés.


Le palais

Pas de pièce de théâtre sans une scène, un décor, des coulisses. La cour existe, aussi, comme espace matériel : palais, château ou ensemble de résidences. Comme la cour-institution, la demeure initiale s’étend ou se multiplie avec la puissance de son détenteur. Dans toutes les civilisations, une demeure principale tend à devenir un lieu symbolique, le mémorial de la dynastie et de l’État, tandis que des résidences de moindre importance abritent une itinérance liée à une méthode de gouvernement ou aux loisirs. Ainsi la Rome impériale se façonne-t-elle sur la colline du Palatin un écrin gigantesque, lieu de plaisir, de réception et de pouvoir, où évolue, de jardin en salle d’apparat, une cour composite soumise à un princeps tout-puissant, ordonnateur des fêtes en même temps que maître d’un empire fabuleux : de ce Palatium naît l’idée que nous nous faisons encore, en Occident, du « palais » curial. Cela est un exemple parmi d’autres. L’Europe a le Vatican, le Quirinal, le Louvre, Versailles, Westminster, la Hofburg. L’Orient a la Cité interdite, les Forts rouges de Delhi et d’Agra, le Sérail de Constantinople, les palais de Kyōto, Tōkyō, Hué et Séoul.

Le palais majeur est parfois investi d’une telle charge symbolique qu’il en devient inhabitable et se mue en monument destiné à abriter une conception désincarnée de l’État : c’est le sort du Louvre, abandonné par la monarchie française plus d’un siècle avant la Révolution.

Palais et capitale ne coïncident pas nécessairement. Le Persépolis des Achéménides fut un palais plutôt qu’une cité. Le Split de Dioclétien (en Dalmatie, actuelle Croatie) croît à l’écart des métropoles de l’Empire romain. Versailles s’édifie à distance de Paris et la ville de Versailles procède du château.

Dans la plupart des monarchies, le modèle du palais urbain est doublé par celui de châteaux, de villas et de résidences suburbaines ou implantées à l’écart des villes.


Rites

Famille, Maison, assemblée ou palais, la cour, temple du culte monarchique, impose des réceptions officielles, des cérémonies fastueuses et des rites, un protocole, une étiquette. Certains de ces rites sont proprement curiaux, c’est-à-dire qu’ils se placent à l’intersection de la vie quotidienne et de la vie cérémonielle, à la rencontre du privé et du public : le lever et le coucher du roi dans la France d’Ancien Régime en sont des exemples bien connus. Les plus universels sont ceux liés à la nourriture : le repas du monarque est prétexte à assemblée et à démonstration de la supériorité du maître de maison, soit qu’il manifeste sa générosité en invitant des convives à sa table, soit qu’il dîne seul, affirmant l’éminence de son statut. Le repas est d’abord un spectacle.

Les naissances, les mariages, les funérailles impliquent des rites plus complexes et plus solennels, car ils ne surviennent qu’épisodiquement.

D’autres rites, enfin, sont plus nettement politiques. Il en va ainsi des cérémonies d’avènement – couronnement, entrée solennelle, serment d’allégeance – ou des audiences accordées à des vassaux ou à des émissaires étrangers. Il est à remarquer que les accessoires liés à ces rites – trône, repose-pieds, couronne, sceptre, parasols, chasse-mouches, dais, baldaquin – existent depuis la plus haute Antiquité. Les rites principaux ont une dimension religieuse : partout, le monarque est un intermédiaire entre sacré et profane, qu’il soit image de la divinité, lieutenant de Dieu sur terre ou défenseur de la vraie foi. La prosternation devant le souverain – proskynèse en Europe et en Asie, kowtow en Chine – l’assimile à un être divin.


Un phénomène social total

L’attention portée à ces rites et à leur charge symbolique qui « signe » la vie de cour peut nous conduire à la considérer comme un espace purement artificiel, à une simple superstructure dissimulant les enjeux véritables. Ne serait-ce qu’un cortège effréné de cérémonies, réceptions et fêtes organisées pour amuser la galerie, à l’instar de ce que la mémoire collective a retenu de « la fête impériale » sous le Second Empire ? Rien n’est plus faux : la cour est bien, comme nous l’avons dit, un « phénomène social total ».

Dans les pays visités à travers ce livre, la cour fut longtemps le centre et le théâtre principal de la vie politique. En France, « ordre de la cour » signifie « ordre du roi ». Les intrigues de cour peuvent faire ou défaire les régimes, mener à la paix ou à la guerre intérieure et extérieure. Les mouvements d’opinion y prennent corps et se diffusent à partir d’elle dans l’ensemble de la société.

La cour des anciennes monarchies est aussi un acteur économique majeur, drainant les ressources fiscales et les redistribuant – en principe – entre les individus et les classes sociales. C’est depuis la cour que le monarque distribue places et pensions. Ce sont les commandes de cour qui animent l’industrie du luxe. Ce sont elles qui induisent les premiers échanges internationaux à l’échelle mondiale, qu’il s’agisse de pierres précieuses des Indes importées dans l’Empire romain, de soieries chinoises portées à Byzance ou dans l’Europe carolingienne, de costumes français commandés par les princes européens des XVIIe et XVIIIe siècles ou d’horloges européennes sonnant les heures dans la Cité interdite de Pékin.

La cour est enfin, des siècles durant, le cœur de la vie intellectuelle, artistique et culturelle : poètes, musiciens, peintres, sculpteurs, architectes sont des serviteurs du prince. Velázquez peint pour Philippe III et Philippe IV ; le Bernin bâtit pour les papes ; Molière amuse Louis XIV ; Mozart sert le prince-archevêque de Salzbourg. Les arts majeurs tels qu’on les entend classiquement jusqu’au XIXe siècle sont des arts de cour.


L’Europe et le monde

Il est possible, avec toutes sortes de précautions, de proposer une sorte de généalogie des cours. On verra qu’en Extrême-Orient les cours du Japon, de la Corée et du Vietnam sont étroitement liées à celle de la Chine. En Occident et en Orient, la situation apparaît plus complexe. Les monarchies de l’Orient ancien – Égypte et Mésopotamie – se sont construites autour de rois d’essence divine. Pharaon est le successeur d’Horus et le représentant du dieu solaire Râ sur Terre. Rien de moins. Sa mission consiste à faire respecter l’ordre cosmique (maât) et maintenir l’ordre universel. « Tout ce qu’il ordonne se réalise », soulignent les textes. Raison pour laquelle ses sujets le vénèrent ; félicité, richesse et protection dépendent de sa bonne volonté.

On en reconnaît l’héritage dans l’Empire perse achéménide qui, à son tour, a influencé les royaumes hellénistiques. La Rome impériale emprunte à la fois aux monarchies hellénistiques et à la Perse sassanide. C’est encore de l’ancienne Perse (et de Byzance) que s’inspirent le califat omeyyade puis les nombreux États musulmans qui lui succèdent. Mais avec l’irruption des Turcs, d’autres traditions viennent se greffer sur celles issues de l’Orient ancien. La Turquie ottomane, la Perse safavide ou l’Inde moghole ont un héritage commun, venu de l’Asie centrale.

En Europe, les cours des royaumes barbares conservent le souvenir de l’Empire romain tardif et subissent l’attrait de la cour de Byzance. Le modèle principal sera ensuite la cour impériale, carolingienne puis ottonienne, concurrencée à partir du XIIIe siècle par la cour de France. L’empereur germanique, héritier des empereurs romains, est protocolairement le premier monarque de l’Europe, le seul roi apte à créer des rois. Mais sa prééminence est contestée par le roi de France, qui ne veut voir dans son collègue que « le capitaine général d’une République ».

L’âge des révolutions et des nationalités change la donne. D’anciennes cours disparaissent – ainsi la cour de France en 1792 –, d’autres renaissent et doivent se réinventer ; d’autres encore se constituent ex nihilo, à la faveur de la création de nouveaux États en Europe centrale et orientale. L’expansion européenne introduit l’influence de ces cours tardives en Asie, en Afrique et en Océanie.

Le phénomène curial est universel. D’un bout à l’autre de l’Eurasie, en Occident, en Inde, en Chine, on retrouve un monarque de statut sacré, une dynastie, un palais, des rites et des cérémonies parfois étrangement similaires. La question est de distinguer ce qui dans ces similitudes tient à des invariants de la nature humaine et ce qui vient d’emprunts ou d’échanges, parfois infiniment dilatés dans l’espace et dans le temps. Que doit l’Europe aux monarchies de l’Orient ancien ? Quelle place donner aux usages des peuples de la steppe, les seuls jusqu’aux Grandes Découvertes à avoir été simultanément en contact avec les différentes parties du monde ? Comment expliquer la diffusion du modèle curial occidental au XIXe siècle, alors même que la vie de cour déclinait en Europe ? Telles sont les grandes questions, parmi beaucoup d’autres, que le présent voyage dans le monde prestigieux et mystérieux des anciennes cours nous invite à résoudre.

 

Victor BATTAGGION et Thierry SARMANT

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17/01/2019 448 pages 25,00 €
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