#Essais

La sexualité de vos ados. En parler, ce n'est pas si compliqué ?

Samuel Comblez

Apprendre à marcher, à faire du vélo, à lire et à écrire... Aucun parent ne remet en cause le rôle essentiel qu'il a à jouer dans ces apprentissages clés de la vie de son enfant. Pourquoi en est-il autrement quand il s'agit de sexualité? Si le sujet reste tabou, il est pourtant incontournable ! Difficile d'envisager aisément la sexualité de son enfant tant elle entrée dans le monde adulte, et donc la fin de cette relation privilégiée et rassurante que vous entretenez avec lui. Pourtant, la sexualité, c'est la vie ! Quoi qu'il arrive, un ado y sera confronté tôt ou tard. Quand l'enfant grandit, il accède à de nouveaux moyens de connaissance. Les adolescents sont soumis à un flot incessant et angoissant d'informations ; ils ont besoin de prendre du recul, de les trier. Les copains, Internet, la télévision sont autant d'occasions d'enrichir leur savoir, mais aussi de perturber, voire de polluer, leurs croyances et leurs comportements. Il est de coutume de croire que la parole des aînés n'est plus entendue, une conviction qui peut être entretenue par l'attitude des adolescents, mais les apparences sont trompeuses. En réalité, les jeunes ont de l'estime pour le discours de leurs parents, dont ils attendent beaucoup. Ils les identifient encore et toujours comme des sources d'information fiables et protectrices. Accompagner son enfant dans la découverte de la sexualité, c'est lui transmettre les repères indispensables à une vie d'adulte épanouie. Samuel Comblez, psychologue spécialiste de l'enfance et de l'adolescence, décrypte ce qui se passe dans la tête et dans le corps des adolescents d'aujourd'hui et vous livre ses conseils, pour vous aider à trouver la bonne posture et les mots justes. Les témoignages d'adolescents du forum de Fil Santé Jeunes, le site Internet du service d'aide à distance pour lequel l'auteur a travaillé, sont des éclairages précieux. Pour parler de sexualité avec vos ados, un seul principe : faites-vous confiance et croyez-en eux !

Par Samuel Comblez
Chez Solar

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Editeur

Solar

Genre

Couple, famille

Introduction

 


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Vous avez ouvert ce livre parce que vous vous souciez de ce que votre adolescent a de plus intime, de plus secret, et donc de plus complexe à envisager pour vous : sa sexualité. Être parent ne s’apprend pas, c’est une posture très personnelle que chacun découvre au fil de ses expériences. Eh bien, il en va de même quand il s’agit de parler de sexualité : vous n’apprendrez pas un code de bonne conduite parentale, vous le découvrirez vous-même.

Aucun parent n’envisage aisément la sexualité de son enfant tant elle signe l’entrée dans le monde adulte, et donc la fin de cette relation privilégiée, protégée, merveilleuse que vous entretenez avec votre « petit » depuis sa naissance. Néanmoins, tous les parents savent que la sexualité, c’est la vie ! Quoi qu’il arrive, un ado y sera confronté tôt ou tard. Bouleversante pour lui, elle l’est tout autant pour vous, car elle bouscule vos repères et vos projections.

Rassurez-vous, la plupart des jeunes d’aujourd’hui vont bien. Ils identifient toujours et encore leurs parents comme des sources d’information fiables et protectrices. Même si les apparences sont trompeuses et s’il est de coutume de croire que la parole des aînés n’est plus entendue, les adolescents ont de l’estime pour le discours de leurs parents, dont ils attendent beaucoup. Mais quand l’enfant grandit, il accède aussi à de nouveaux moyens de connaissance. Les adolescents sont soumis à un flot incessant et angoissant d’informations ; ils ont besoin de prendre du recul, de les trier. Les copains, Internet, la télévision sont autant d’occasions d’enrichir leur savoir, mais aussi, et c’est là que le bât blesse, de perturber, voire de polluer leurs croyances et leurs comportements.

Alors que faire ? Quel sujet délicat ! Le passer sous silence ? Vous seriez négligent ou, pire, inconscient, tant le sujet est important. En parler en permanence ou trop tôt ? Vous seriez intrusif, irresponsable, voire incestueux. Tout est question d’équilibre et de paroles vraies. Le sujet reste tabou, certes, mais il est incontournable.

Cet ouvrage vous permettra de comprendre ce qu’est un adolescent aujourd’hui pour savoir quelles sont ses attentes, ses préoccupations et ses envies. Vous saurez ce qui se passe dans sa tête et dans son corps, et donc, quand et comment lui parler et le protéger des risques et des dangers.

Les parents perdent souvent confiance lors de l’adolescence de leurs enfants, ils se sentent mis de côté, jugés, malmenés. Pourtant, les jeunes demandent (en silence, évidemment) solidité, force et courage. Ils souffrent quand les adultes n’osent plus, ou abandonnent. Ils ont besoin de cadres, de contradictions et de repères. Il ne s’agit pas de les rabaisser ou de les humilier, mais de leur permettre de grandir et de trouver leur place dans la société.

La sexualité a ceci de particulier qu’elle interroge l’intime et renvoie chacun à ses pratiques. Comment parler de sexualité sans parler de soi, sans risquer de choquer ou de banaliser le sujet ? C’est aussi l’objectif de ce livre : vous aider à trouver la bonne posture et les mots justes. Non pas en vous donnant des leçons ou en vous apprenant des discours tout faits, mais en vous aidant à vous convaincre que vous en savez bien plus que vous ne le pensez ; que vos valeurs, vos idées, vos repères ne s’envolent pas quand surgit le sujet tant redouté de la sexualité. Faites-vous confiance et croyez en votre adolescent, tel est le leitmotiv de cet ouvrage.

Vous y trouverez aussi des témoignages d’adolescents issus du forum de Fil Santé Jeunes, le site Internet du service d’aide à distance dans lequel j’ai travaillé en qualité d’écoutant et de rédacteur pendant douze ans. Les messages ici retranscrits sont publics, ils ne trahissent donc aucun secret. Ils présentent l’intérêt de montrer sans faux-semblants ce que les jeunes imaginent, ressentent et vivent. Ces témoignages « pur jus » ont été reproduits avec leurs fautes d’orthographe et leur syntaxe aléatoire, « copiés-collés », pour rester au plus près de ce que leurs auteurs ont voulu transmettre. J’en profite pour remercier ces ambassadeurs de choix.

À la fin de chaque chapitre, vous trouverez plusieurs conseils. Ils ne sont pas à suivre à la lettre, bien sûr ! J’espère simplement qu’ils vous aideront à réfléchir et à vous adapter. Le meilleur conseil que vous puissiez recevoir reste celui-ci : trouvez par vous-même, en vous-même, en vous appuyant sur ce livre peut-être, car nul ne connaît aussi bien votre adolescent que vous.

Vous le comprendrez au fil de cet ouvrage, la vie sexuelle d’un adolescent n’est pas un long fleuve tranquille. Alors, que retenir ? L’essentiel, sans doute : osez parler vrai, comme vous le faites depuis que votre enfant est né, et faites-vous confiance, car vous êtes parfaitement capable de l’accompagner sur ce chemin. Être parent est une aventure passionnante, souvent enthousiasmante et parfois difficile. Accompagner son enfant sur le chemin de la sexualité, c’est aborder un mystère : il ne faudrait rien montrer mais tout dire pour lever le flou et les ambiguïtés. C’est aussi faire son propre bilan : quel a été votre parcours ? Quelles ont été vos difficultés ? Qu’avez-vous envie de transmettre ?

De nos jours, les parents s’écoutent moins et se font moins confiance. Ils cherchent la perfection ou, a minima, à égaler le voisin. Obnubilés par l’envie de tout faire, tout le temps, tout bien, ils oublient parfois qu’ils ont droit à l’erreur et que celle-ci est aussi un bon message éducatif à transmettre à l’enfant : nul n’est parfait, l’important est de faire du mieux possible et d’éviter de répéter les erreurs. S’ils prenaient le temps de comprendre certaines situations, s’ils faisaient davantage preuve de bienveillance envers eux-mêmes, les parents s’en sortiraient parfaitement !

Si vous êtes aujourd’hui le parent d’un ado et si vous devez l’accompagner dans la découverte de la sexualité, dites-vous ceci : vous avez déjà parcouru un sacré bout de chemin dans son éducation ! La prochaine étape consiste à lui permettre de s’envoler du nid familial. Un jour, lui-même aura des enfants, et vous deviendrez grand-père ou grand-mère. Vous pourrez alors transmettre à vos petits-enfants les leçons que la vie vous aura apprises. Vous serez sans doute dans une position moins délicate, car vous ne serez plus en première ligne. Vous aurez à cœur de dire que la sexualité est multiple, personnelle, et qu’elle est le résultat d’un cheminement qui, avant tout, honore l’égalité et le respect entre les femmes et les hommes.

Mais vous n’y êtes pas encore. Pour l’heure, votre ado vous attend… même s’il prétend le contraire. Bienvenue dans cette aventure, celle de la découverte de la sexualité de votre enfant, un domaine où vous avez tout à jouer, et pourtant rien à y faire…

 

 

UN ADO, C’EST QUOI AUJOURD’HUI ?

 


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Portrait de l’adolescence moderne

 


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Nos adolescents semblent vivre sur une autre planète, un monde dont nous n’avons pas le mode d’emploi. Et pourtant, leurs doutes, leurs inquiétudes, leurs besoins, leurs changements physiques et psychiques, et même leur cerveau, n’ont pas changé ! Ce qui a changé, en revanche, c’est leur mode de vie, leurs références. Alors, comment vivent les ados d’aujourd’hui ?

 

 

Un numéro d’équilibriste qui n’a pas fondamentalement changé


Vous le savez déjà, l’adolescence est une période faite de changements majeurs. Chaque génération s’imagine meilleure que la précédente et se prétend capable de transformer enfin le monde, en prenant bien soin de souligner les défauts et les manques de ses aînés.

Nous, adultes, sommes stupéfaits, décontenancés ! Pourtant, nous oublions que les questionnements essentiels auxquels sont confrontés les adolescents d’aujourd’hui n’ont guère changé. Ils demeurent incontestablement les mêmes au fil des décennies. Chaque génération interroge son époque et cherche à lui donner du sens pour comprendre cette étape, la rendre familière et gérer cette sensation d’étrangeté et de transformations. Nous-mêmes l’avons fait…

Mais nous avons oublié. Dès lors, nous sommes tentés de considérer l’adolescent comme le membre d’une tribu étrangère dont la langue, l’alimentation, les rites et les codes nous sont inaccessibles. Chaque adolescent, quant à lui, hurle son envie d’être compris et admis par ces adultes dont il essaie de se détacher, tout en en restant terriblement dépendant.

Sa crainte de sombrer est immense. Être adolescent est un exercice d’équilibriste ! Les jeunes gens tentent de passer du côté des adultes, mais doivent tenir compte des innombrables facteurs, risques, tentations et soubresauts qui pourraient les faire chuter sous notre regard inquiet, celui du spectateur parent. Le filet parental existe, évidemment, mais il est moins sûr, moins rassurant, que la main tendue par un copain. Et puis, l’adolescent revendique son autonomie, qu’on se le dise !

Ce que nous avons aussi oublié – et pourtant traversé –, ce sont les changements liés à la puberté… Ils déstabilisent complètement (mais transitoirement, rassurez-vous) l’enfant que nous élevons et qui, tout à coup, devient vulnérable et plus sensible au regard de l’autre. Si l’adolescence ne se réduit pas aux transformations corporelles liées à la puberté, il faut tout de même avouer que cette dernière est un moment un peu délicat dans la vie, n’est-ce pas ?

Le corps est au cœur de l’adolescence. Les changements physiques, ajoutés à l’excitation intérieure que ressent l’adolescent, sont violents. Ils laissent des traces. Comment rester paisible et tranquille quand le corps bouillonne et semble trahir en ne réagissant plus comme avant aux repères du passé ? L’adolescence, c’est le temps du « dépliage » après la période « recroquevillée » de l’enfance. Le corps se déploie, les idées se mettent à plat. Non sans doutes, non sans peurs.

Évidemment, vous vous dites que vous allez à la confrontation, et vous n’avez pas totalement tort. L’adolescent n’existe que grâce à un environnement qui le confronte, justement. Les adultes lui sont indispensables. Pourtant, les parents d’adolescents, soucieux de bien faire, semblent de plus en plus troublés, presque en difficulté.

Ce que d’aucuns nomment la crise d’adolescence ressemble plus souvent à une crise de l’environnement : l’entourage échoue à aider l’enfant à apprivoiser ses changements et à devenir autonome. Chacun manque de repères. Il faut dire que les adolescents d’aujourd’hui sont en effet les enfants très protégés d’hier. Les parents ont du mal à les voir grandir et, plus tard, à les laisser partir.

Si vous lisez ce livre, pourtant, c’est sans doute que vous cherchez à être un bon appui pour votre enfant. C’est que vous êtes formidable, même si vous ne le savez pas, et que vous souhaitez le meilleur, pour vous et pour votre progéniture. Vous aimeriez être l’un de ces tuteurs dont les jeunes ont besoin pour se repérer et se construire. Vous devez donc savoir une chose : la confrontation est nécessaire car elle est un point d’appui solide.

Très souvent, le comportement légèrement excessif des ados leur sert à attirer l’attention des adultes, tout en risquant leur rejet. Cependant, ils maintiennent un contact avec leurs parents en agissant ainsi, et c’est bien là l’essentiel. Même pendant les conflits, il est de la responsabilité des adultes de tenir, de résister, et de ne pas tomber dans le panneau de ces appels qui provoquent parfois des ruptures. Ayez confiance en vous et entendez autrement ces appels.

Mais… de quels appels parle-t-on ? Comment vivent les adolescents d’aujourd’hui ?

 

 

Son monde à lui, celui d’aujourd’hui


Les jeunes évoluent dans un monde en constante mutation, dans lequel les repères changent vite. Dans ce nouvel univers, les adultes sont parfois dépassés par leurs enfants, dont les connaissances techniques et l’aisance relationnelle sont bien plus importantes. Ils sont plus forts ! Ils surpassent leurs parents tout en leur demandant, en vain, de les rassurer.

Le monde médiatique n’aide pas. Il propose aux adolescents de suivre des semblants de normes, il impose un mode de fonctionnement. Difficile de définir sa propre identité quand, dans les émissions de téléréalité, vous ne pouvez exister et être respecté qu’en élevant la voix, en trichant ou en jouant des coudes. La place des filles est par ailleurs mise à mal. Les adolescentes doivent se masculiniser pour ne pas être écrasées par des garçons de plus en plus attirés par des représentations rétrogrades et humiliantes de la féminité.

Et puis, il y a ce monde moderne hyperconnecté. Il renvoie l’illusion d’une nécessaire proximité entre les individus. Les frontières n’existent plus, les espaces s’entrecroisent et les adolescents doivent pourtant y trouver leur place. La valeur de l’individu se mesure à son nombre de like ou d’amis sur les réseaux sociaux, la e-réputation est cruciale. Le virtuel prend une place telle que l’adolescent peut parfois s’y oublier. Car Internet peut lui sembler un monde idéal où la réussite est facile, et la frustration inexistante. Le corps est mis en avant, survalorisé, adulé, monétisé. Le virtuel l’emporte sur la réalité : même les aléas de la puberté sont gommés, puisque le numérique permet de tout corriger. Il suffit d’une appli !

Les adolescents sont soucieux de faire partie d’un groupe et d’y être valorisés et reconnus. Les réseaux sociaux leur donnent l’illusion d’appartenir à une famille, à défaut de trouver leur place dans la leur. Il y a peu de temps encore, la constellation familiale était simple : les parents se mariaient et ils avaient des enfants, dont s’occupait la mère pendant que le père travaillait pour nourrir la famille. Facile.

Aujourd’hui, ce modèle traditionnel est ébranlé par la diversification croissante des configurations familiales, qui placent l’enfant, puis l’adolescent, dans un rôle nouveau et unique, un rôle dont, faute de modèle, il n’a pas le mode d’emploi.

Réussir son couple et son mariage n’est plus assuré si l’on s’en tient aux chiffres de l’INSEE : en France, 44 % des mariages finissent par un divorce. Il faut donc tout miser sur la descendance pour avoir l’illusion d’avoir réussi à « faire famille » malgré la séparation du couple parental. L’enfant est devenu le garant de la réussite de ses parents.

Pendant des décennies, les relations entre les parents et les ados ont été de type « parents copains ». Par ce biais, les parents entretenaient une proximité avec leur progéniture, ce qui contribuait à la paix sociale au sein des familles. Les modes de vie étaient tellement proches qu’il en découlait un « vivre ensemble » évident et facile. Parents et ados partageaient des sorties, des modes vestimentaires, des amitiés communes, au point que les frontières d’âge n’existaient plus. L’autorité parentale paraissait pouvoir s’instaurer paisiblement puisque, entre copains, tout paraît évident. Pourtant, vous le savez, tout n’était pas si simple. La génération actuelle est confrontée aux « parents complices », avec lesquels il faut savoir pactiser pour favoriser la paix au sein du couple séparé. En effet, quand les parents s’écharpent, les ados deviennent les confidents, les complices, ceux vers qui les parents peuvent se tourner pour éteindre le feu de la discorde. On peut tout dire à son ado puisque cela « ne sort pas de la famille ». Rude situation quand il s’agira, pour un ado, de se constituer un jardin secret et de mettre à l’écart celui ou celle à qui il n’a rien caché durant toutes ses années d’enfance, et dont il n’a plus envie d’entendre les confidences…

 

 

Est-ce que l’ado va bien ?


Pour beaucoup d’adultes, l’adolescence est un âge mystérieux, associé au mal-être et aux expérimentations plus ou moins risquées. Pourtant, toutes les enquêtes récentes qui s’intéressent aux adolescents montrent qu’ils vont en fait… plutôt bien.

Selon l’enquête internationale Health Behaviour in School-aged Children (HBSC), une étude menée tous les quatre ans dans quarante pays et qui donne la parole à sept mille collégiens âgés de 11 à 15 ans, la majorité des adolescents a, en 2016, une perception positive de sa vie et se sent en bonne santé, même si les filles affirment se sentir globalement moins bien que les garçons.

Et quand ils se sentent mal ? Les adolescents consultent majoritairement pour des troubles somatiques : maux de tête, de ventre, de dos ou difficultés d’endormissement, d’alimentation. Ces symptômes témoignent d’un mal-être qui ne se raconte pas facilement, et semblent toucher plus particulièrement les jeunes filles. Le constat est le même pour les signes de mal-être et de souffrance psychique (découragement, tristesse, absence d’énergie…). Comme dans la majorité des pays industrialisés, les filles somatisent et intériorisent davantage leur malaise que les garçons.

Ce corps, souvent survalorisé, est d’ailleurs une grande source d’inquiétude. La dictature de la minceur s’impose fortement chez les ados, chez les garçons comme chez les filles. Souvent considérée comme le reflet de soi, l’apparence doit être parfaite, sans défauts et conforme aux standards de beauté des magazines et des émissions de télévision.

Les adolescents de 2018 sont sensibles aux messages des écrans, qu’ils regardent en permanence… Ils y passent en moyenne sept heures et quarante-huit minutes par jour (week-end compris), soit bien plus que les recommandations internationales, qui sont de deux heures quotidiennes au maximum… Ce temps de consommation d’écrans se fait au détriment de l’activité physique, pourtant nécessaire à cet âge et que seuls 13 % des collégiens révèlent pratiquer une heure par jour.

Si beaucoup d’adolescents déclarent avoir été amoureux, la proportion de collégiens ayant eu des rapports sexuels est faible, et en baisse par rapport aux années précédentes. Nous y reviendrons plus tard dans cet ouvrage, mais sachez dès maintenant que les rapports sexuels très précoces (avant 13 ans) sont rares.

Ce qui a changé, en revanche, et qui arrive bien plus tôt, c’est la puberté. Les adolescents d’aujourd’hui doivent apprendre à gérer « un corps de grand » alors que leur psychisme n’est pas prêt. Difficile de renvoyer l’image d’une femme déjà formée et désirable quand on n’est encore qu’une petite fille inscrite à l’école primaire…

 

 

Un cerveau encore en chantier


Pour mieux comprendre le fonctionnement de l’adolescent moderne, l’apport des neurosciences est capital. Les études de neuro-imagerie ont montré que se produisait durant l’adolescence une réorganisation anatomique et fonctionnelle majeure au sein des régions du cerveau impliquées dans :

la connaissance de soi ;

 

la régulation émotionnelle ;

 

l’appréhension des rôles sociaux ;

 

les capacités d’adaptation à des situations nouvelles.

 

 

Vous comprenez maintenant pourquoi l’adolescent n’est pas totalement serein ! Ces régions, dont la maturation est tardive, jouent un rôle clé dans la perception et l’évaluation des risques, par exemple, et permettent l’élaboration des stratégies d’action. Bref, voilà pourquoi l’adolescent se construit petit à petit. Son cerveau, bien que déjà très développé, n’est en effet pas aussi figé qu’on l’imagine. Son lobe préfrontal est très différent de celui d’un adulte. Dans cette partie du cerveau, la quantité de matière grise est très importante au début de l’adolescence, surtout chez les filles. Le pic est plus tardif chez les garçons.

À cet âge, la dégénérescence des connexions inutiles n’a pas encore eu lieu. Il y a donc trop de connexions, ce qui perturbe le fonctionnement du système dont dépendent les fonctions exécutives, comme la planification et l’inhibition notamment. C’est pour cela que les ados ont des difficultés à inhiber certains de leurs comportements (l’agressivité, par exemple, ou la tristesse), qu’ils peinent à anticiper les conséquences de leurs actes, et donc qu’ils prennent des risques inconsidérés.

Pour expliquer les comportements spécifiques de l’adolescence, on évoque un déficit du contrôle cognitif. Le développement du cerveau de l’adolescent se fait de l’arrière vers l’avant. Par ce mouvement, les zones qui gèrent le comportement sont plus vite arrivées à maturité que celles qui interviennent dans le processus de réflexion et le contrôle de l’impulsion. Le jeune a donc du mal à penser et à se maîtriser… Selon les neurosciences, la sortie de l’adolescence ne s’effectue que vers 25 ans, âge du complet développement cérébral. Soyez patient !

Le cortex préfrontal médian est impliqué dans la compréhension des intentions et des émotions d’autrui. Dans cette région, on observe une diminution de l’activité cérébrale avec l’âge. On pourrait penser que plus on vieillit, moins on a d’empathie, mais cette baisse de la quantité de matière grise est en réalité liée à celle de l’activité cérébrale dans cette région. Finalement, plus on grandit, plus on élimine ce qui gêne la compréhension d’autrui, donc mieux on est à même d’effectuer cette tâche, qui devient de plus en plus facile. L’adolescent doit faire des efforts pour parvenir à comprendre autrui ; l’adulte, beaucoup moins.

Les neurosciences mettent aussi en évidence une réorganisation cérébrale majeure dans les zones du cerveau impliquées dans la prise de décision. Les structures corticales impliquées dans les processus décisionnels de haut niveau, situées principalement au sein du cortex préfrontal, sont immatures. Conséquence, les adolescents sont sous l’influence excessive du système limbique (celui des émotions), ainsi que des systèmes de récompense et de punition.

Chez l’adolescent, le cortex limbique est beaucoup plus sensible que chez l’adulte. Sa sensibilité est notamment accrue vis-à-vis de la récompense. N’importe quelle récompense est bonne à prendre pour l’ado, qui fera tout pour l’obtenir ! Ajoutez à cela la désinhibition, et vous comprenez pourquoi les jeunes prennent des risques inconsidérés sans même avoir une idée du danger.

Des découvertes en neurosciences permettent de comprendre pourquoi certains parents ont du mal à exercer leur rôle et rencontrent des problèmes de communication avec leurs adolescents. Pourtant, ce constat semble partagé, comme en témoigne ce jeune garçon :

Bonjour, alors voilà depuis que je suis à l’école j’ai toujours été brillant en cours grâce a mes parents surement mais depuis 2 ans mes notes chutent et je ne peux plus parler avec mes parents , la fille que j’aime ne veut pas de moi , je me trouve moche . Mes parents m’étoufent à longueur de journée je n’arrête pas de leur mentir et à force j’ai telement de choses sur la conscience. Je ne sais pas si fuguer serait une bonne solution car je pense plutot agraver mon cas qu’autre chose .... J’ai aussi penser au suicide mais par quelle manière ? J’aimerai recommencer ma vie depuis le début car j’ai toujours été trop naif avec mes parents et maintenant ils n’acceptent pas que je ne me laisse plus faire ... Telement mes parents me gavent et sont méchants avec moi j’ai voulu que mon père meurt quand il était à l’hopital il y a quelques jours ... Svp Aidez moi et si il y a des adultes je voudrais savoir si la fugue pourrait arranger les choses ... Je suis mal dans ma peau j’en ai MARRE !

 

 

La mise à l’épreuve (éprouvante) de l’ado


Les familles françaises sont paradoxales : alors que l’on dîne plus ensemble en France que dans d’autres pays, la communication est moins fluide. Seuls 36,6 % des collégiens la jugent bonne. Avec l’âge, la famille reste une valeur sûre et un refuge pour les adolescents, qui la voient comme un soutien pour 69 % d’entre eux.

C’est à cet âge que les pairs prennent une importance capitale : 63 % des garçons et 76 % des filles se sentent soutenus par leurs amis. Les ados ont besoin de mettre à distance les figures parentales, de se fréquenter davantage entre eux, et parfois de rechercher un partenaire sexuel.

La relation avec les copains est centrale. Leurs avis et leurs jugements vont contribuer à modifier, affiner et adapter le comportement de l’adolescent, et à déterminer ses valeurs sociales. Les jeunes passent en effet beaucoup de temps à se comparer, et c’est ainsi qu’ils apprennent à se connaître.

Ces nouveaux comportements surviennent à un moment où le sentiment d’identité est tout à la fois accru et incertain. C’est aussi le moment où se développent des sentiments plus clairement ambivalents à l’égard des parents : leur fonction de pare-excitation se réduit pour laisser la place à une autre forme de contrôle et de régulation, celle effectuée par les copains.

Les expériences deviennent nécessaires car elles contribuent à la construction de la personnalité. Les ados passent à l’action ! Peu à peu, ils s’affirment en tant qu’individus, surtout grâce à ce qu’ils font plutôt qu’en fonction de ce qu’ils sont.

Ce qui est vrai pour l’identité et le comportement sexuel l’est aussi pour une large gamme d’autres comportements qui contribuent à façonner l’identité sociale. L’expérimentation est saine, car elle aide à grandir. Les « erreurs » ou les « errements » des adolescents sont d’ailleurs plutôt bien tolérés par la société. Ils le sont un peu moins par leurs parents, agacés ou inquiets, il est vrai…

Cette tendance à agir ne résulte pas essentiellement d’un défaut de mentalisation. L’action, y compris quand elle est impulsive, contribue à la recherche de solutions nouvelles pour gérer au mieux les transformations liées à l’adolescence. L’impulsivité, les comportements risqués et la quête de découvertes fournissent, eux aussi, des informations appropriées au cerveau pour qu’il se développe.

L’enfant prépubère possède des capacités plus diversifiées que celles de l’adulte ; il grandit en sélectionnant certaines potentialités qui lui permettent de s’adapter à son environnement. La tâche de l’adolescent est de procéder à cette même sélection en effectuant un compromis entre continuité, adaptation et performances. Délicat, vous avouerez.

L’adolescent d’aujourd’hui a de la chance, car il bénéficie d’une incroyable ouverture sur le monde et d’une possibilité de choix qu’aucune des générations précédentes n’a eue. Compte tenu de la diversité des filières scolaires, par exemple, il peut s’orienter vers celle qui lui correspond, faire ce qui lui plaît réellement, et pas seulement aller à l’école parce que c’est obligatoire. Les jeunes gens ont donc accès à un monde plus vaste que le nôtre.

 

 

Qu’allez-vous faire dans cette galère ?


En tant que parent, le meilleur moyen d’accompagner l’adolescence de votre enfant est bien sûr d’essayer de le comprendre… tout en faisant abstraction, autant que possible, de votre propre adolescence !

Mais comprendre son adolescent ne veut pas dire tout accepter. Par exemple, il est normal qu’il cherche à se différencier de vous, ses parents, par des actions ou des comportements que vous allez réprouver ; rappelez-vous, c’est le but recherché. Nul doute que si vous trouviez ravissant le tatouage dont il rêve, celui-ci aurait tout de suite moins d’intérêt !

N’hésitez pas à lui dire que vous n’acceptez pas certaines choses et fixez des limites : les repères sont utiles à sa construction, et beaucoup d’adolescents souffrent de ne pas avoir, face à eux, des adultes solides auxquels ils peuvent s’opposer… pour mieux s’appuyer.

S’ils font montre d’une déconcertante confiance en eux, sachez que celle-ci n’est souvent qu’une façade pour donner du sens à leur existence. Votre enfant ne sait pas encore comment il va trouver sa place dans ce monde, faire face au chômage, à l’insécurité, à la précarité d’aujourd’hui ; il a besoin d’être guidé.

Soyez positif et rassurant, c’est essentiel ! En effet, il sera difficile pour lui d’imaginer sereinement son avenir s’il est confronté à votre propre désillusion, à un regard négatif sur la société. Bien évidemment, vous ne devez pas masquer la réalité, mais tâchez d’adopter un point de vue constructif avec l’adolescent et de réfléchir à ce qui est possible pour qu’il trouve sa place, pour qu’il choisisse son rôle.

Aujourd’hui, le comportement des ados a évolué et le mal-être ne s’exprime plus tout à fait de la même manière. Vous avez déjà dit à votre enfant tout ce que vous attendiez de lui à l’école ou à la maison, mais lui avez-vous déjà demandé ce que lui recherchait ? Connaissez-vous ses doutes, ses problèmes ? Il ne s’agit pas uniquement de le comprendre, mais aussi de l’aider à y voir plus clair. Les parents sont là pour lui expliquer les règles du jeu du monde adulte, un univers que beaucoup de jeunes redoutent car ils l’estiment trop sérieux et très exigeant.

Les jeunes n’ont plus, face à eux, les parents résistants d’autrefois, ces parents qui régnaient en maîtres et dont l’autorité était incontestable. Les relations entre parents et enfants s’établissaient, la plupart du temps, sous le joug de la domination paternelle. Le père et la mère faisaient face pour éduquer les enfants, qui deviendraient plus tard une main-d’œuvre bon marché ou un moyen supplémentaire de subvenir aux besoins de la famille. Avec le temps, la puissance paternelle a laissé la place à l’autorité parentale. Craignant de rompre le lien avec leur enfant, certains adultes se taisent, ne s’opposent pas, évitent de le contrarier. Le visage des familles a changé. Famille traditionnelle, famille monoparentale, famille recomposée et famille homoparentale sont les différentes compositions qui existent désormais. Les enfants naissent aujourd’hui avec plus de difficulté qu’auparavant, et sont de ce fait dorlotés dès leur venue au monde… et bien longtemps après, alors qu’ils n’en ont plus besoin. Les parents se retrouvent alors avec des jeunes gens en quête de sens et en mal de repères. Parmi les grandes questions que l’adolescent se pose, « Qui suis-je ? » et « Suis-je normal ? » occupent une place importante, comme le raconte cette jeune fille :

Ma vie est vraiment géniale comparée à d’autres. J’ai des amis et une famille qui m’aime, de bonnes notes, bref. Le seul problème, c’est moi. Je suis incapable d’être heureuse. Je crois que je fait une dépression, mais pourquoi ? Il n’y a aucune raison !! Mais je me sens vraiment mal. Et le pire c’est que je suis dans un cercle vicieux : plus je déprime, plus je me déteste car je n’ai aucune raison de déprimer, plus je déprime. Le pire ? Je me suis déjà auto-mutilée, et pourquoi, pour rien. Je sais que c’est stupide, mais voilà. J’ai parfois l’impression de n’être qu’une gamine capricieuse qui a tout ce dont elle à besoin, et n’est tout de même pas satisfaite. Et je suis consciente de tout ça. Mais malgré tout je n’arrive pas à m’en sortir. J’essaie, hein, croyez moi. Mais je n’arrive pas à me ressaisir, et à être heureuse.

 

Plus les parents et les adolescents réussissent à instaurer un climat de confiance et une compréhension mutuelle, plus la prise de distance sera facile et plus les échanges seront respectueux. Le rapport entre les enfants et les parents consiste en un rapport de dépendance et d’autorité. Celui qui unit l’adolescent et ses parents est un rapport de réciprocité et de coopération. Vous allez l’apprendre et l’instaurer, soyez confiant.

Mes conseils

Fixez des limites claires. Les adolescents ont besoin de faire réagir leurs parents, autant pour les agacer que pour partager leurs expériences difficiles. Si les limites imposées empêchent l’adolescent de faire certaines choses, il est important qu’il comprenne que le cadre est aussi là pour le protéger.

 

Écoutez et restez ferme. Il est nécessaire d’interdire certains comportements et de vous y tenir, malgré les remarques déplaisantes. Défendez votre position de façon ferme et cohérente, quitte à passer pour un ringard. Être sûr de soi n’empêche pas d’être à l’écoute. À chaque parent de trouver la bonne mesure.

 

Ne cherchez pas à être parfait. L’être humain ne l’est pas, et il est important que l’adolescent le comprenne rapidement. Savoir accompagner son adolescent, c’est aussi reconnaître qu’on a le droit de se sentir démuni et de ne pas toujours réagir à bon escient.

 

Respectez son intimité. Petit à petit, l’adolescent prend son envol. Il faut l’accepter et entendre que certains domaines de son existence vont vous échapper. C’est la vie.

 

N’oubliez pas que l’adolescent est capable de changements. Faites-lui confiance, car il va apprendre et grandir. Et montrez-lui que vous tenez à lui, quelles que soient les difficultés traversées. Comme l’écrivait Donald W. Winnicott, « laissons les jeunes changer la société et enseigner aux adultes comment voir le monde d’un œil nouveau ». Il estimait également qu’il fallait survivre à l’adolescence de son enfant, et que le seul moyen de s’en sortir était… d’attendre.

 

 

Ce qui se passe dans son corps

 


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C’est un tsunami, une révolution ! Le corps de l’ado se métamorphose, les hormones vont dans tous les sens, bouleversant son physique, son visage, son apparence, mais aussi son psychisme, ses émotions, ses relations. Que se passe-t-il ? La fameuse puberté ! Et elle n’est pas si facile à apprivoiser… Comment s’incarner soi-même quand on devient différent ? Comment avoir un corps raccord pour un corps à corps ?

 

 

La grande métamorphose


L’adolescence est une période de changements qui confronte l’individu à ce qu’il a été, à ce qu’il est et à ce qu’il voudrait devenir. Délicate mission que celle de passer le cap et de faire la synthèse de ces trois périodes de la vie. Il s’agit de gérer au mieux les conséquences de la tant attendue, et néanmoins appréhendée, puberté… Ce jeune garçon explique :

Je suis un garçon et j’ai 13 ans, bientôt 14. Physiquement (et psychologiquement), je suis en avance par rapport à ceux de mon âge. J’ai commencé à avoir des poils sur le pubis en CM2, j’ai mué en 6ème, j’ai commencé à avoir des poils aux jambes toujours en 6ème et je me rase depuis la 5ème. Je vois bien que aucun de ceux que je connais (garçon) n’ont tout ça. Ils ont tous la voix aïgu, aucun poils sur les jambes. Même pas de duvet sur le pubis (je le sais suite à quelques accidents pudiques dans les vestiaires) ! Et ils rêvent tous de cette « virilité » ! En plus je suis plutôt baraqué alors que je ne fais même pas de sport. Leur virilité à deux sous, je la leur donne de bon cœur ! La dernière des choses que je veux être, c’est être viril ! Pourquoi ils fantasment sur un truc dégueu comme les poils ? Et se raser, ça prend juste énormément de temps le matin ! Sous cette angle, la puberté des filles à l’air bien. Moins de trucs dégueu peut être. Je dis pas que c’est facile n’ont plus. Les règles sont le trucs le plus connu. N’empêche la puberté m’ennuie vachement. Elle me correspond pas. Merci d’avoir lu ! Si vous avez des choses à me faire part, n’hésitez pas !

 

Les transformations physiques observées durant l’adolescence résultent pour la plupart de modifications hormonales : le corps de l’adolescent se transforme pour passer de celui d’un enfant à celui d’un adulte. « J’ai attrapé la puberté », m’annonçait un jour un adolescent, fier de constater que la métamorphose débutait mais inquiet de savoir à quoi il allait ressembler !

Ces nombreux changements peuvent, vous aussi, vous inquiéter : transformations physiques, psychologiques, émotionnelles, sexuelles, relationnelles… Votre capacité d’adaptation (autrement dit votre patience…) est parfois mise à rude épreuve ! Comment accompagner le plus sereinement possible cette étape incontournable et constructive ? Comment aider l’enfant à retrouver et à réinvestir ce corps qui lui échappe ?

La puberté survient à un âge différent selon les individus, mais elle commence en général entre 9 et 16 ans pour se terminer entre 18 et 22 ans. On constate qu’elle commence plus tôt chez les filles que chez les garçons. Les hormones sexuelles sont responsables des changements : le corps des garçons produira plus de testostérone, et celui des filles, davantage d’œstrogènes.

Quels sont les changements du côté des garçons ? Élargissement des épaules et du torse, transformation de la voix, développement des poils (torse, bras, visage), des organes génitaux, et apparition des premières érections, comme chez ce jeune garçon canadien :

Je me demande si ma puberté de malade est dangereuse... J’ai 12 ans et je mesure 5.7 pied. J’ai des mains de 15 cm et je chausse du 9 en chaussure et bientôt de 10. Je m’habille avec du 16 Medium et Small. J’éjacule aussi du sperme et y’a pas si longtemps ma voix à très muer au point que personne ne reconnaissait ma voix J’ai beaucoup de poils pubiens et j’en ai un peu sous les aisselles ainsi que une moustache débutante :/ Mon sexe mesure 5 cm au repos et 11 cm en érection !? Ainsi que j’ai des bonnes testicules. Est-ce que cette puberté pourrait affecter ma santé voir ma vie? Ps: Si vous pouvez m’aider à savoir comment couper mais poils pubien sans trop de gêne avec ma mère/médecin bref famille :/

 

Quels sont les changements du côté des filles ? Développement des seins, début des menstruations et élargissement des hanches sont caractéristiques. Quand ces signes n’apparaissent pas, l’angoisse monte rapidement, comme chez cette jeune fille qui lance un appel au secours :

Bonjour, je m’inquiète vraiment parce que je n’ai pas de seins et je n’ai même pas de petite boule. Je n’ai pas non plus de poils donc aucun signe de puberté. J’en ai parlé hier au médecin et elle a dit de revenir dans 3-6 mois. Toutes les filles dans ma classe ont des seins et la plupart leurs règles et c’est très gênant dans les vestiaires quand je me change je me sens terriblement seule. -Qu’est ce que la médecin va faire si ma puberté n’a pas commencé dans 3-6 mois ? -Êtes vous dans le même cas que moi ? Réconfortez moi !!!

 

Ces transformations physiques sans précédent inquiètent souvent les enfants. Le rapport à la norme est constamment interrogé. Ne pas se développer au même rythme que les autres, c’est risquer d’être rejeté, regardé de travers, moqué. C’est, en conséquence, être incapable de nouer des relations et, plus tard, de séduire. Comment s’accorder avec un corps en plein chantier, un corps qui sera, d’ici peu, source de désir ?

 

 

Un bouleversement émotionnel


L’adolescence ne se caractérise pas uniquement par les changements physiques. Les bouleversements émotionnels et psychologiques sont tout aussi importants. Les jeunes se posent mille questions sur leur identité, sur ce qu’ils sont, sur ce qu’ils vont devenir…

Par ailleurs, ils réclament toujours plus d’indépendance. Tiraillés, confus, ils balancent entre désir d’autonomie et besoin de sécurité. Vous connaissez certainement cette ambivalence : un soir, ils vous réclament un câlin en se blottissant contre vous sur le canapé, et le lendemain ils exigent le droit de rentrer à pas d’heure, parce que « cette soirée, tu vois, et les autres, ils ont le droit ! »…

Les amitiés deviennent plus nombreuses, mais surtout essentielles. La pression des pairs augmente, et des changements comportementaux se produisent, créant parfois des conflits entre le jeune et ses parents. Un exemple de ce besoin d’indépendance est illustré ici :

J’aurai voulu savoir si jamais c’était normal d’avoir envie que ses parents meurent? J’aurai tendance à dire que non mais c’est vraiment ce que ressens. Je ne supporte plus leur présence. Je 0ense que c’est la principale raison qui me pousse à me mutiler. Même si ce n’est sûrement pas la seule. Comme je me sens vraiment mal en leur présence j’ai tendance à m’enfermer dans ma chambre. Sauf que ça ne leur va pas. Ils veulent que je passe du temps avec eux. Du coup quand je suis avec eux je ne parle pas. Pourtant je suis de nature très bavarde. Cela les étonnent et ils me posent des questions. Moi je ne veux pas y répondre. Je finis toujours après me faire engueuler ce suis n’aide pas à améliorer les relations. Mes parents pensent juste que je fais ma crise d’adolescent. Du coup ils cherchent à avoir des contacts via la parole mais aussi physique. Des câlins des bisous... Mais moi je ne supporte plus ça. Je ne sais pas si je vais en sortir et si oui comment je vais faire. Je me sens vraiment mal au plus profond de moi. Si jamais vous avez des solutions je suis preneuse. Que ça soit pour améliorerer les relations ou bien pour arrêter de se mutiler.

 

Les assises affectives et relationnelles sont modifiées, et l’adolescent se trouve dans l’obligation d’y faire face. Le changement est important : il engage l’individu autant que son entourage, en demandant à tous une certaine élaboration et un repositionnement.

Nouveau rapport avec les parents, les amis, nouveaux centres d’intérêt, nouveaux comportements, goûts, choix vestimentaires, nouvelles préoccupations… L’adolescent change, et avec lui son statut psychosocial. Cette métamorphose modifie profondément sa place symbolique dans le groupe, de même que le regard des autres sur lui.

 

 

Une adaptation psychique


Au cours de la puberté, l’adolescent voit son corps se transformer, se modifier malgré lui. Il a l’impression de subir ces changements avec une grande passivité. Il va devoir composer avec une nouvelle « enveloppe » et gérer son développement sur le plan physique, mais aussi sur le plan psychoaffectif.

La réalité apparaît alors sous un nouveau jour et perturbe le rapport qu’il entretenait avec elle. Tout cela est profondément déstabilisant pour lui ! Il doit renoncer au corps maîtrisé, à la posture de l’enfant choyé.

Vivre ces bouleversements n’est pas toujours évident. Face à tant d’incertitudes, le passage à l’acte peut être une manière de s’adapter. L’adolescent a en effet besoin de se sentir exister malgré ses transformations : prises de risques, consommation de produits stupéfiants, alcoolisation, scarifications, provocations sont autant de tests pour ressentir par l’épreuve, voire par la douleur, que son corps est toujours bien là, sous contrôle et apte à encaisser tout ce que la vie va pouvoir lui réserver. Si ces passages à l’acte inquiètent les adultes, ils constituent une étape importante dans le travail d’acceptation de soi. Une autre façon de réagir peut être de dompter son corps, en abusant du sport par exemple, pour arrêter de penser. Comprenez que l’inhibition, le retrait ou, à l’opposé, l’exhibition permettent d’extérioriser les conflits internes quand le langage ne permet pas d’exprimer les ressentis.

Devenir adolescent, c’est se confronter aux transformations physiques imposées par le changement pubertaire, mais c’est aussi découvrir la sexualité génitale (c’est-à-dire la sexualité telle que l’adulte la vit, non plus autocentrée mais tournée vers le plaisir partagé avec un partenaire). C’est comprendre les enjeux de cette sexualité et se repositionner par rapport aux parents dans une distance parfois délicate à déterminer. C’est encore accéder à une identité sociale nouvelle. Plusieurs dimensions sont ainsi en jeu : le somatique, le psychique et le socioculturel.

Les changements du corps et ses effets sur le plan relationnel sont si importants qu’ils demandent un vrai travail sur soi. L’adolescent doit accepter ce qu’il devient, intégrer qu’il ne peut plus désormais ni être, ni fonctionner, ni agir comme avant. Tout est remis en question !

L’intensité des mouvements psychiques, à la fois complexes et contradictoires, explique l’apparition de manifestations plus ou moins bruyantes. Et c’est aux parents de rester vigilants pour que la puberté ne soit pas trop lourde à porter, trop difficile à vivre, comme en témoigne cette jeune fille :

 

 

Juste pour vous dire on n’es pas les seules dans ton collège/lycée si tu regarde autour de toi tu voit que il y en a plein qui n’on pas de poitrine perso meme des terminales que je connait ont des poitrines plus petites que la mienne encore un probleme de puberté !!!DECIDEMENT CELLE LA!!!

 

 

 

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13/09/2018 336 pages 19,50 €
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