#Roman francophone

Les Désamants

Alfred Boudry, Héléna Demirdjian

Nous sommes au tournant des XVIIIe et XIXe siècles. Deux amants maudits, George Bass, jeune chirurgien envoyé par la Marine royale anglaise en Nouvelle-Galles du Sud (personnage authentique, qui fut l'un des premiers explorateurs de l'Australie) et sa mystérieuse maîtresse, Mademoiselle des X, aristocrate française fuyant la Révolution, sont arrachés l'un à l'autre par les aléas de l'histoire. Tout au long des mois et des lieues qui les séparent, ils échangent des lettres passionnées et tentent de se rejoindre. Mais l'écriture parviendra-t-elle à combler l'abîme qui s'est creusé entre eux ? Cette correspondance fictive nous est offerte grâce à la démarche originale de ses auteurs, deux inconnus qui se découvrent en échangeant des lettres, chacun se mettant dans la peau de son personnage. Une mise en abyme du temps, de l'espace et de l'amour portée par de belles écritures.

Par Alfred Boudry, Héléna Demirdjian
Chez Editions de l’Aube

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Genre

Littérature française

Préface

Dès que la correspondance entre George Bass et Mlle des X fut découverte il y a deux ans, la question de sa publication se posa d’elle-même. Si George Bass n’a pas été un explorateur majeur, à l’égal d’un James Cook ou d’un Bougainville, et si l’identité de sa correspondante est incer- taine, il n’en reste pas moins que leurs lettres constituent un témoignage important sur l’histoire de l’exploration de l’Océanie.

Afin de saisir tout le sel de ces échanges, il faudra garder à l’esprit qu’à l’époque de la marine à voile, un navire au long cours mettait environ six mois pour joindre Londres à Sydney ; de plus, le changement de saison empêchait souvent la navigation de reprendre aussitôt. Le courrier ne pouvait donc consister en questions/réponses bien ordonnées, exhaustives et claires. Au contraire, les lettres s’écrivaient sur de longues périodes ou parfois très vite, dans la hâte d’un départ. Leurs auteurs les corrigeaient, les augmentaient, se contredisaient même, avant de se décider à les confier au messager.

 

Il est donc impossible de savoir combien de ces lettres ont été perdues. Pour pallier les risques, les épistoliers avaient l’habitude de doubler voire de tripler leurs envois (ou bien ils demandaient au destinataire de leur retourner la lettre après l’avoir recopiée), les confiant à d’autres moyens de trans- port ; mais les dates de départ souvent différées entraînaient d’autres modifications, voire des annulations. Ainsi, il n’est pas rare qu’une épouse de marin ait reçu l’annonce de la mort de son mari avant une lettre écrite de sa main.

 

Beaucoup de ces correspondances se sont donc croi- sées, répondant à des questions déjà résolues ou devenues obsolètes, omettant des points primordiaux ou se répétant ; avec toujours le risque de sombrer dans la contradiction ou le quiproquo. On verra que nos « amants du Capricorne » n’étaient pas exempts de ce risque, malgré leur passion insen- sée capable de renverser bon nombre d’obstacles.

À ce sujet, les détracteurs de cette correspondance miraculeuse ont beau jeu de mettre son authenticité en doute, justement à cause de certains délais invraisemblables. N’est-ce pas là plutôt ce qui rend ces lettres particulièrement attrayantes? N’oublions pas, en les lisant, que les deux amants devaient au péril de leur vie (la France et l’Angleterre étant en guerre) maintenir le secret sur leurs itinéraires, leurs escales, leurs moyens de transport. Dès lors, qu’est-ce qui nous garantit que les lettres écrites à « Constantinople » l’ont bien été à la Sublime Porte et non ailleurs, ou que George Bass est bien passé par le cap de Bonne-Espérance pour aller à Port Jackson, et non par le cap Horn ?

 

 

À vrai dire, certaines confusions semblent corroborer cette hypothèse et ont sans doute contribué aux malentendus qui émaillent ce récit écrit à quatre mains et deux cœurs battant la même chamade. C’est pourquoi nous avons décidé de laisser aux lecteurs et aux lectrices la tâche importante de juger par eux-mêmes de l’authenticité de ces lettres; après tout, elles n’ont pas le pouvoir de changer l’Histoire.

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31/05/2012 302 pages 20,00 €
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