#Essais

1914 une guerre par accident

Georges Ayache

Ce livre fait froid dans le dos ! Pourquoi les hommes d'État européens, politiques et têtes couronnées, n'ont-ils pas empêché la guerre monstrueuse de 1914, pourtant si souvent annoncée ? Certes, il existait parmi eux des hommes d'État à la forte stature, tels Churchill, Poincaré et Clemenceau. Mais il y avait aussi des empereurs et des princes consternants de frivolité, des politiciens à courte vue, susceptibles et égocentriques, des officiers bornés, n'envisageant les problèmes internationaux qu'à travers la logique militaire. Certains furent prisonniers de leurs obsessions ou de leurs propres limites. D'autres se montrèrent paralysés par leur passivité ou leur prudence même. Tous, ou presque, péchèrent par l'inconscience du péril. En suivant les événements qui se sont succédé pendant trente-sept jours de crise, de l'attentat de Sarajevo aux déclarations de guerre, Georges Ayache nous plonge dans un drame effrayant. Il met en scène ses protagonistes et les ressuscite dans le secret des chancelleries diplomatiques et des antichambres du pouvoir. Il exhume leurs passions et leurs doutes, leurs arrière-pensées et leur logique. Il décrit enfin les coups de théâtre, les rebondissements et les affrontements dramatiques qui animèrent une spirale meurtrière sans précédent. De la lecture de ce livre, on sort épouvanté par les défaillances des gouvernants d'alors.

Par Georges Ayache
Chez Pygmalion

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Editeur

Pygmalion

Genre

Histoire de France

AVANT-PROPOS

Près d’un siècle après son déclenchement, tout a été dit ou presque sur le déroulement comme sur les conséquences de la Grande Guerre. En revanche, son origine recèle toujours une part d’opacité et reste sujette à controverse.

Dans la réflexion sur les causes, le paradoxe central n’a guère perdu de sa vigueur au fil du temps : comment un tel événement, souvent pressenti et parfois même annoncé, a-t-il pu surprendre à ce point acteurs et observateurs ? Par ailleurs, bien au-delà d’une histoire classiquement écrite par les vain- queurs, la réflexion relative à la responsabilité de ce cata- clysme qui emporta l’ancien monde européen continue de faire débat.

Au demeurant, ces deux réflexions apparaissent intimement liées. Répondre à la première contribue, par bien des côtés, à éclairer la seconde. À la différence de la deuxième guerre mondiale, qui survint au terme d’un crescendo de tensions somme toute prévisible, la Grande Guerre se déclencha d’une manière assez inopinée. Il y eut, certes, des affaires maro- caines de 1905 et 1911 aux guerres balkaniques, quelques crises internationales annonciatrices. Il y eut pareillement des signes précurseurs, des buttes témoins qui ne pouvaient qu’in- quiéter, sinon alerter, responsables et gouvernants avisés. Et pourtant, parmi ceux-ci, qui croyait vraiment au pire deux semaines seulement avant le début de ce fatidique mois d’août 1914 ?

Est-ce à dire que les leaders et décideurs de l’époque furent légers ou inconsistants? L’accusation serait injuste et d’ailleurs infondée. Comme de tout temps, il se trouva des gens frivoles dans les allées du pouvoir ou des chefs qui n’étaient pas spécialement taillés pour affronter des tempêtes d’une telle envergure. Ceux-ci furent notamment légion au sein du « club des monarques », de George V à Nicolas II. Sans parler d’un François-Joseph aussi vieillissant qu’amer ou d’un Guillaume II décidément indéchiffrable et assoiffé de reconnaissance.

Le Gotha politique européen de 1914 compta sans aucun doute des personnalités qui n’auraient jamais dû se trouver en mesure de gérer des situations à ce point complexes : de Viviani en France à Berchtold en Autriche-Hongrie, et sans doute aussi Bethmann-Hollweg en Allemagne, en passant par la plupart des ministres du gouvernement russe. Mais à l’in- verse, il y eut des dirigeants de qualité. Parmi ces derniers, qu’on les ait plus tard loués ou dénigrés, des hommes d’État du calibre de Raymond Poincaré, d’Edward Grey ou de Winston Churchill voire de Serguei Sazonov. Le personnel diplomatique comporta des ambassadeurs en poste tout à fait remarquables, des frères Paul et Jules Cambon aux Britan- niques Edward Goschen et Francis Bertie en passant par l’Al- lemand Lichnowsky, le Russe Iswolsky et bien d’autres encore. Des hauts fonctionnaires comme Pierre de Margerie, Philippe Berthelot ou encore Arthur Nicolson eurent de la même façon une action empreinte d’efficacité et de classe.

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11/01/2012 350 pages 22,90 €
Scannez le code barre 9782756405230
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