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Littérature française (poches)
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Préface
« Si le loisir m’en est donné, je reparlerai de ces choses, des balles qui passent, des balles qui frappent, et de la mort des jeunes guerriers. Non dans ce livre voué à la vie ; ailleurs, dans un essai venu de rives très lointaines, et que je voudrais secourable. »
L’engagement pris dans Bestiaire sans oubli, publié en 1971, Maurice Genevoix le tient pendant l’été de la même année, à Javea, près de Valence en Espagne. Depuis la fin des années cinquante, il passe là-bas les grandes vacances, dans la maison qu’il a fait cons- truire au sommet d’une colline d’où l’on voit la Méditerranée. Loin de Paris et de l’Académie française dont il est le Secrétaire perpétuel, il retrouve dans l’ombre de ses murs les condi- tions nécessaires à l’écriture d’un livre. Il a quatre-vingts ans.
Depuis longtemps, Maurice Genevoix ne parle plus qu’avec réticence de la guerre qu’il a faite dans la Meuse, du mois d’août 1914 au 25 avril 1915, quand il a été grièvement blessé à la Tranchée de Calonne par trois balles dans le bras et à l’épaule gauche. Il a raconté cette épreuve dans cinq livres publiés entre 1916 et 1923, rassemblés ensuite sous le titre de Ceux de 14. Il est en paix avec lui-même et avec ses morts. Il vit avec eux et avec les images qui leur sont attachées. C’est une part de son univers, aussi personnelle que l’enfance et à peine dicible. Elle affleure dans son œuvre, comme la roche sous la terre remuée, comme nous apparaissent des silhouettes aux fenêtres d’une maison qui n’est pas la nôtre.
C’est à l’approche de sa propre mort que Maurice Genevoix décide de retourner dans la région la plus douloureuse de sa mémoire et d’en revenir avec un livre. L’écriture de Ceux de 14 avait été une délivrance pour le jeune normalien meurtri dans sa chair, révolté, traumatisé par la violence inouïe des combats auxquels il avait participé. La Mort de près est le livre d’un homme apaisé qui, sentant venir la fin, se tourne vers le lieutenant de vingt-quatre ans pour qu’il lui rappelle ce qu’il a vu dans les parages de la mort. Le texte, paru en 1972, est le compte rendu de ce dialogue entre le vieil écrivain et le jeune soldat.
Les faits sur lesquels il revient sont connus des lecteurs de Ceux de 14. La Mort de près n’apporte à leur sujet que des précisions de détail, mais particulièrement touchantes et d’un grand intérêt pour la connaissance de l’œuvre de celui que Jean Norton Cru désignait comme « le meilleur peintre de cette guerre ». La nou- veauté et la raison d’être de ce petit ouvrage tar- dif sont ailleurs. Elles tiennent à un déplacement de la perspective. Maurice Genevoix ne dit plus au lecteur : «Voilà ce que nous avons vu, voilà ce que nous avons fait et voilà ce que nous avons souffert, nous autres, frères par la guerre », mais « voilà ce que j’ai vu et que tu verras à ton tour, mon frère, devant la mort ».
Extraits
1 Commentaire
mmm
05/11/2023 à 15:17
Le pire livre à lire