Au lecteur français NOTE de l’auteur
J’ai toujours dit en rigolant à ma femme que ma seule ambition en tant qu’écrivain était d’être « un dieu en France ». Je pensais bien sûr à ces « auteurs cultes » chez vous, les Henry Miller, Charles Bukowski, Jim Thompson, Patricia Highsmith, et en extrapolant un peu, à ces « acteurs cultes » tel Mickey Rourke dans un film comme La Porte du Paradis. Si «dieux» chez vous, plutôt «diables» chez nous... Et encore jugés « cul » plutôt que « culte »...
En fait, je ne rigolais qu’à moitié en disant ça, parce que la grande majorité de mes artistes préférés – qu’ils soient peintres, composi- teurs, cinéastes, écrivains – sont français, sinon de naissance du moins d’adoption, ou en tout état de cause des francophiles qui ont passé des périodes significatives de leur vie en France et dont les œuvres ont d’abord été reconnues et acceptées en France.
La liste, en littérature seulement, en est sans fin: Balzac... Zola... Flaubert... Proust... Sartre... Camus... Duras... Céline... Boileau et Narce- jac... Japrisot... et combien d’autres, jusqu’à Houellebecq aujourd’hui.
Les écrivains français ont toujours été ceux qui ont le plus compté pour moi. J’ai toujours dit que ce que je sais de l’écriture – si j’en sais quelque chose – je l’ai appris de Simenon (oui, il est né en Belgique, mais nous savons tous qu’il est français corps et âme).
J’ajouterais que le roman que vous avez entre les mains, Putain d’Olivia, a été très influencé par 37°2 le matin, le seul livre de Philippe Djian à avoir été traduit en anglais, à mon grand regret. Bien que Djian n’ait semble-t-il pas aimé sa traduction, c’est son roman, et le film de Jean-Jacques Beineix, dont les ombres psychiques ont plané autour de mon propre travail. Lors de ma première recherche d’édi- teur pour la version originale de Putain d’Olivia, je me souviens d’avoir écrit à Djian dans l’espoir inavoué de recevoir son appui, convaincu que j’étais de la parenté de nos livres. Je ne sais pas très bien qui était son éditeur en France à l’époque, mais j’ai bien l’impres- sion qu’il n’a jamais reçu ma lettre. La chance a voulu que Dan Fante – un autre de ces auteurs américains d’abord reconnus par la France – me réponde et me donne sa bénédiction, et le livre est finalement sorti en Angleterre.
Tout ceci pour vous dire que c’est un honneur indicible pour moi de figurer aujourd’hui, et pour aussi longtemps que les Parques le jugeront nécessaire, chez les libraires de France, mon petit cul posé sur la même étagère que certaines de mes idoles. Peut-être pas un dieu, mais tout de même pas trop loin d’eux.
Mark SaFranko
Par là en Amérique Octobre 2008
préface
Je suis fan des coureurs de marathon, des joueurs de foot et des types capa- bles de faire dix tours de piste au cul du champion et d’arriver à finir debout. Je suis aussi un grand admirateur du travail de Mark SaFranko et ce depuis des années.
Extraits
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