Editeur
Genre
Développement durable-Ecologie
Préface
Par Dominique Voynet
Dominique Voynet est sénatrice de Seine-Saint-Denis
et candidate des Verts à l’élection présidentielle de 2007.
Pascal Canfin fait partie de ces personnes qui, comme on dit en Seine-Saint-Denis, où je suis sénatrice, « ne lâchent jamais l’affaire » : sa soif de convaincre est insatiable, sa passion pour la chose publique ne le quitte pas.
Dans ce cas particulier, Pascal Canfin imagine un week-end ordinaire au cours duquel il est amené, comme cela arrive à chacun d’entre nous, à rencontrer des amis, des parents, des personnes assez représentatives de la diversité des situations et des parcours dans notre société. Et les petits gestes qu’on fait dans la vie quotidienne – se déplacer, acheter, manger – sont l’occasion de discuter d’économie et d’écologie, de redresser à petites touches les mille et une idées toutes faites qui entravent l’imaginaire habituel et font qu’on n’ose pas penser que cela puisse vraiment changer.
La première chose, pour convaincre, c’est d’entendre, c’est d’essayer d’entrer dans la position de l’autre pour voir en quoi, même à la base d’une idée qu’on juge contestable, il peut y avoir une aspiration positive, une demande d’égalité, le produit d’une expérience. À partir de là, il faut expliquer, éclairer, essayer de démontrer, sans caricaturer, sans nier les contradictions, les ambivalences et les tensions qui s’exercent sur chacun de nous, selon que nous soyons salariés, consommateurs, parents, travailleurs, voyageurs, amoureux ou militants… – et nous sommes évidemment tout cela à la fois.
C’est ce que fait Pascal Canfin, avec patience.
Je trouve la démonstration très réussie : je ne sais pas si ses interlocuteurs ont été convaincus ; en tout cas, ils ne sortent manifestement pas de l’échange comme ils y sont entrés.
D’abord, ils s’aperçoivent qu’il y a une pensée économique verte : car il y a encore des gens pour croire, vingt ans après la fondation des Verts, que nous nous limitons à la défense, par ailleurs nécessaire, des petites fleurs et des petits oiseaux.
Ils découvrent une pensée critique : non, nous n’acceptons pas l’économie politique du capitalisme comme une vérité éternelle ou d’évidence. Non, nous ne voulons pas, à l’inverse, tout étatiser : l’ouvrage montre bien en quoi les Verts sont tout aussi critiques du productivisme de droite que du productivisme de gauche.
Ils entrevoient une pensée positive : le propos est d’inventer, de sortir de la répétition, de ne pas s’en tenir à la simple régulation d’un jeu dont on admettrait au fond les règles essentielles.
On trouvera évidemment au fil des pages une mise en cause forte des inégalités actuelles dans la répartition, telles que les ont aggravées les politiques fiscales successives menées – hélas – déjà bien avant 2002 ! Mais la contestation argumentée des dogmes libéraux va au-delà des solutions ressassées sur le partage de la croissance ou la sempiternelle relance de la consommation. Consommer quoi ? Produire quoi ? Comment ? Qui décide pour qui ?
Extraits
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