#Polar

Seule dans la nuit

Ann Rule

Neuf jours avant Noël, en 1998, Ronda Reynolds, trente-deux ans, s’apprête à passer quelque temps dans sa famille avant les vacances. Son deuxième mariage bat de l’aile au bout d’un an seulement, sa carrière est au point mort, mais cette jeune femme optimiste est déterminée à prendre un nouveau départ dans sa vie, comme elle le confie par téléphone à sa mère, Barb Thompson. Alors, quand le lendemain matin, le mari de Ronda appelle la police pour annoncer que sa femme s’est donné la mort, Barb refuse d’y croire. Avec l’aide d’un policier qui partage sa conviction, elle entreprend une longue lutte pour prouver qu’il s’agit d’un meurtre, et rayer le mot « suicide » du certificat de décès de sa fille. Incohérences dans l’enquête, autopsie bâclée, témoignages divergents et lenteurs du système légal : Barb devra se battre onze années avant que sa cause soit entendue. Avec sa ténacité habituelle, Ann Rule a interrogé tous les protagonistes de cette affaire, recoupé les déclarations des uns et des autres, et remonté le fil des événements pour répondre enfin à cette obsédante question : que s’est-il vraiment passé dans le silence de cette froide nuit de décembre ?

Par Ann Rule
Chez Michel Lafon

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Auteur

Ann Rule

Genre

Policiers

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En cette matinée pluvieuse de novembre 2009, les curieux étaient peu nombreux à se masser dans le tribunal, au troisième étage du palais de justice de Chehalis. Curieux, car tous ceux à qui je m'étais adressée dans la région connaissaient l'histoire de l'étrange mort de Ronda Reynolds, onze années plus tôt. Néanmoins, les habitants du comté de Lewis encore assez heureux pour occuper un emploi n'allaient pas risquer leur poste en prenant des congés inopinés. Ils liraient les comptes rendus du Chronicle, le quotidien régional.
Les grandes chaînes de télévision nationales, comme ABC, NBC et les correspondants de CBS à Seattle, envoyèrent leurs équipes de cameramen et de reporters, de même que toutes les chaînes locales. Certains reporters – particulièrement Tracy Vedder, de KOMO-TV, et Sharyn Decker, du Chronicle – suivaient l'histoire de Ronda depuis des années. D'autres ont dû se renseigner sur une histoire qui ne faisait plus les gros titres depuis longtemps.
Le couloir du troisième étage grouillait de gens, certains venus pour leur propre comparution, d'autres dont je ne comprenais même pas la présence. Par exemple, ce groupe de jeunes femmes soit enceintes, soit portant des bébés curieusement habillés. Et puis ces jeunes hommes portant boucle d'oreille et tee-shirt de motard sous des blousons de cuir. Et aussi ces personnes du troisième âge à l'allure un peu guindée. Étaient-ils là pour soutenir le coroner Terry Wilson ou pour témoigner leur solidarité à l'égard de Barbara Thompson, la mère de la victime ? En fait, la plupart étaient des jurés potentiels.
Le juge Richard Hicks avait été désigné pour présider cette audience. Il représentait la quintessence du juge : silhouette massive, tignasse blanche et barbe assortie, regard vif derrière ses lunettes à monture noire. Quoiqu'il pût se montrer jovial, nul ne saurait mettre en doute sa complète autorité sur le tribunal. Au début, il avait été la seule autorité chargée de statuer sur une éventuelle négligence du coroner Wilson dans son enquête sur la mort soudaine de Ronda Reynolds. Néanmoins, il décida de réunir un jury de douze personnes. Les avocats, Royce Ferguson, représentant Barbara Thompson, et John Justice, désigné pour défendre Terry Wilson, choisirent huit femmes, quatre hommes et deux suppléants. Ces jurés devaient rendre un verdict contre lequel la décision du juge Hicks pourrait prévaloir.
Avocats, policiers et plusieurs coroners d'autres comtés étaient venus en observateurs dans cette salle ultramoderne, sans fenêtres, avec des bancs trop durs. J'avais suivi dès le début l'affaire de la mort violente et singulière de Ronda Thompson, et j'étais aussi curieuse que tout un chacun. Évidemment, j'avais hâte d'entendre les dépositions des témoins, de considérer les preuves directes et indirectes, de voir lesquelles seraient retenues par la cour.
Plusieurs exemplaires d'un classeur blanc brillant d'une quinzaine de centimètres d'épaisseur, qui semblait contenir les divers rapports de police, déclarations et photos, suscitèrent la curiosité du public autant que des médias. L'un d'eux se trouvait sur la table du plaignant, un autre sur celle de la défense. Je me demandais ce qu'il pouvait contenir de si décisif.
Néanmoins, quel que fût le résultat de cette audience, cela ne m'empêcherait pas d'écrire un livre sur la mort de Ronda. Cette histoire présentait à peu près autant de facettes qu'un kaléidoscope. J'ignorais si j'allais rapporter l'histoire d'un crime de sang ou d'un suicide désolant. Je savais seulement qu'il faut parfois dire toute la vérité, aussi gênante ou déplaisante soit-elle. Quand un être cher décède de mort violente, on ne tourne jamais vraiment la page.
Je connais mes lecteurs et je sais que la plupart sont cultivés, parfois même d'excellents détectives amateurs. Pour la mort de Ronda Reynolds, ils peuvent trancher pour un verdict de culpabilité ou d'innocence. J'ai tenté de me frayer un chemin à travers la masse enchevêtrée de dépositions et de pistes. En fin de compte, j'espère présenter tous les aspects de cette affaire obsédante.

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trad. Isabelle Saint-Martin
26/04/2012 298 pages 20,95 €
Scannez le code barre 9782749916231
9782749916231
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