#Roman francophone

Billie

Anna Gavalda

"Billie, ma Billie, cette petite princesse à l’enfance fracassée qui se fraye un chemin dans la vie avec un fusil de chasse dans une main et On ne badine pas avec l’amour dans l’autre est la plus jolie chose qui me soit arrivée depuis que j’écris".

Par Anna Gavalda
Chez Le Dilettante

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Genre

Littérature française



On s’est regardés méchamment. Lui parce qu’il devait penser que tout était de ma faute et moi parce que ce n’était pas une raison pour me regarder comme ça. Des bêtises, j’en ai tellement fait depuis qu’on se connaît, et il en a tellement profité, et il s’est tellement marré grâce à moi, que c’était minable de sa part de me reprocher celle-ci juste parce qu’elle allait mal finir...
Merde, comment je pouvais le savoir ?
Je pleurais.
– Ça y est ? T’as des remords? il a murmuréen fermant les yeux. Non... Je suis bête... Les remords, tu...
Il était trop épuisé pour avoir la force de m’en vouloir jusqu’au bout. Et puis c’était inutile. Là-dessus, on serait toujours d’accord. Moi, les remords, je ne sais même pas comment ça s’écrit...
Nous étions au fond d’une crevasse ou de je ne sais quoi de géographiquement très embêtant. Un genre de... de déboulis dans le Parc national des Cévennes où les portables ne captaient pas, où y avait pas la queue d’un mouton – et encore moins celle d’un berger – et où personne ne nous trouverait jamais. Moi, je m’étais bien amoché le bras, mais je pouvais encore le bouger, alors que lui, c’était clair, il était en mille morceaux.
J’ai toujours su qu’il était courageux, mais là, vraiment, il me donnait une leçon.
Encore une...
Il était allongé sur le dos. Au début, j’avais essayé de lui bricoler un oreiller avec mes pompes, mais vu qu’il est quasi tombé dans les pommes quand j’ai soulevé sa tête, je l’ai reposée direct et je n’y ai plus touché. C’est le seul moment où il a lippé d’ailleurs, il pensait que sa moelle avait trinqué et il était tellement terrifié à l’idée de finir intouchable qu’il m’a soûlée pendant des heures pour que je l’abandonne dans ce trou ou que je l’abrège.
Bon. Comme j’avais rien sous la main pour le buter proprement, on a joué au docteur.
Hélas, on ne s’était pas rencontrés assez tôt, tous les deux, pour y jouer en cachette, mais c’est sûr qu’on n’aurait pas été les derniers dans la salled’attente... De le lui rappeler, ça l’a amusé et ça tombait bien parce que moi, que ce soit en enfer ici ou de l’autre côté, c’était tout ce que je voulais emporter : des petits sourires déjà mort-nés et tirés à l’arrache comme celui-là.
Le reste, franchement, ça pourra bien rester à la consigne...
Je l’ai pincé partout et de plus en plus fort. Dès qu’il souffrait, je bichais. C’était la preuve que le cerveau s’en mêlait et que je n’aurais pas besoin de rouler son fauteuil jusqu’à Saint-Pierre. Sinon, pas de problème, j’étais OK pour lui défoncer le crâne. Je l’aimais assez.
– Bon, ben ça a l’air d’aller... tu fais que de couiner, c’est que tout baigne, non? À mon avis, en plus de la jambe, tu t’es cassé la hanche ou le bassin. Enfin, un truc dans ce périmètre, quoi...
– Mmhmm...
Il n’avait pas l’air convaincu. On sentait que quelque chose le chiffonnait. On sentait que je n’étais pas du tout crédible sans ma blouse blanche et mon trucoscope autour du cou. Il regardait le ciel en fronçant les sourcils et en mâchouillant sa vieille chique de scrogneugneux.
Je lui connaissais bien cet air-là, je les connais- sais tous de toute façon, et je comprenais qu’il y avait encore un nœud à défaire.
C’était le mot, tiens...
– Naaan, Francky, naaan... j’ai halluciné, j’y crois pas... Hé, tu veux quand même pas que je te tripote pour la checker aussi?
–...
– Si ?
Je le voyais bien, qui luttait de toutes ses forces
pour garder son faciès de mourant, mais moi, mon problème, c’était pas du tout une question de convenances. Plutôt d’efficacité. L’heure était grave et je pouvais quand même pas prendre le risque de lui régler son compte juste parce que j’étais pas son genre...
– Ho... C’est pas que je veux pas, hein? mais enfin, tu...
Je me faisais penser à Jack Lemmon dans la dernière scène de Certains l’aiment chaud. Comme lui, je commençais à être à bout d’arguments et je devais dégoupiller ce que j’avais de plus définitif en magasin pour qu’on arrête de me casser les couilles :
– Je suis une ille, Franck...
et là, vous voyez... là, si j’étais en train de donner une conférence très approfondie sur l’amitié, genre en coupe transversale avec schémas, diapos, mini bouteilles d’eau et tout le bazar pour expliquer d’où ça venait, en quelle matière c’était fait et comment se méfier des contrefaçons, eh bien, je demanderais un arrêt sur image et avec ma souris de prof, je pointerais sa réplique.
Ces trois petits mots tout crevards et tout guillerets murmurés dans un sourire hyper mal imité par un être humain qui ne savait même pas s’il allait vivre ou mourir, ou continuer de souffrir, mais sans plus jamais baiser :
– Well... Nobody’s perfect...
Oui, pour une fois, j’aurais été sûre de moi et tant pis pour ceux qui ne l’ont pas vu, qui ne comprennent rien au film et qui ne sauront donc jamais reconnaître un pur ami d’un pauvre travelo, je ne peux rien faire pour eux.
Alors que là, parce que c’était lui, parce que c’était moi, et parce que nous arrivions encore à voltiger ensemble et à nous rattraper dans les hauteurs dans un moment aussi minable, je l’ai enjambé pour pouvoir poser mon bras valide sur son bas-ventre.
Je l’ai juste frôlé.
– Bon, il a grogné au bout d’un moment, je te demande pas le grand jeu, mémère... Juste tu la touches et on n’en parle plus.
– J’ose pas...
Il a poussé un profond soupir.
Je comprenais son accablement. Ensemble,
nous avions vécu des situations tellement plus embarrassantes où j’avais été si peu à mon avantage et je l’avais bercé de tant d’histoires bien fauves, bien rêches et bien chaudasses que, là encore, je n’étais pas du tout crédible...
Mais alors pas du tout, du tout, du tout !
Pourtant, ce n’était pas du chiqué... Je n’osais pas.
On ne peut jamais savoir à l’avance où va aller se nicher le sacré. La main toujours en équilibre, je réalisai soudain qu’il y avait un monde entre mes histoires de cul et sa tobinette. J’aurais bien pu toutes les palper s’il avait fallu, mais pas la sienne, non, pas la sienne et cette leçon-là, c’était moi qui me la donnais toute seule pour une fois.
J’ai toujours su que je l’adorais, mais je n’avais encore jamais eu l’occasion de mesurer à quel point je le respectais, eh bien, la réponse, je la tenais, elle : quelques millimètres...
Soit l’infini de ma pudeur. De notre pudeur.
Bien sûr, je savais déjà que je n’allais pas me laisser entraver très longtemps par cette gêne de minouchette à la con, mais en attendant, j’étais la première étonnée. Sérieux, ça me trouait le péteux de me voir si délicate. Intimidée, craintive, presque revierge, quoi ! C’était Noël.
Bon. Allez. Trêve de blabla. Au charbon, la pucelle...
Pour le détendre, j’ai commencé par pianoter autour de son nombril en chantonnant « Picoti, picota, lève la queue et puis s’en va », mais ça ne l’a pas tellement détendu. Ensuite je me suis allongée près de lui, j’ai fermé les yeux, j’ai posémes lèvres sur son conduit... euh... auditif, je me suis concentrée et je lui ai susurré tout bas, non, plus bas que ça encore, en lui explosant des bulles de salive dans l’oreille et avec tout ce qu’il fallait de petits couinements bien énervants, ce que je devinais être le pire ou le meilleur de ses fantasmes les mieux cadenassés tout en longeant d’un ongle distrait, paresseux, démotivé, bon... branleur disons-le, le U que formaient les coutures de sa braguette.
Les poils de ses oreilles se rétractaient de terreur et mon honneur était sauf.
Il a pesté. Il a souri. Il a ri. Il a dit t’es bête. Il a dit arrête. Il a dit t’es con. Il a dit c’est bon. Il a dit mais tu vas arrêter, oui ! Il a dit je te déteste et il a dit je t’adore.
Mais tout ça c’était il y a longtemps. Quand il avait encore la force de finir ses phrases et que je ne pensais pas qu’avec lui, je pleurerais un jour.
À présent, la nuit tombait, j’avais froid, j’avais faim, je mourais de soif et je craquais parce que je ne voulais pas qu’il souffre. Et si j’étais un peu honnête, je les finirais moi aussi et j’ajouterais « par ma faute » à la fin.
Mais je ne suis pas honnête.
J’étais assise près de lui, adossée à un rocher, et je me fanais tout doucement.
Je m’effeuillais remords après remords.
Au prix d’un effort dont je n’aurai jamais idée, il a décollé son bras de son corps et sa main est venue toucher mon genou. J’ai posé la mienne dessus et ça m’a encore plus affaiblie.
Je n’aimais pas qu’il me prenne par les sentiments, ce petit charognard. C’était déloyal.
Au bout d’un moment, je lui ai demandé :
– C’est quoi, ce bruit ?
–...
– Tu crois que c’est un loup ? Tu crois qu’y ades loups ? et comme il ne répondait pas, j’ai hurlé :
– Mais réponds, bon sang! Dis-moi quelquechose! Dis-moi oui, dis-moi non, dis-moi va te faire foutre, mais me laisse pas toute seule... Pas maintenant... Je t’en supplie...
Ce n’était pas à lui que je m’adressais, c’était à moi. À ma bêtise. À ma honte. À mon manque d’imagination. Lui ne m’aurait jamais abandonnée et s’il se taisait, c’était uniquement parce qu’il avait perdu connaissance.



Pour la première fois depuis très longtemps, son visage ne ressemblait plus à un reproche et l’idée qu’il devait moins souffrir m’a redonné du courage : d’une façon ou d’une autre, j’allais nous sortir de là, c’était obligé. Nous n’avions pas fait tout ce chemin pour nous la jouer Into the Wild aux petits pieds dans un trou de la Lozère.
Putain, non, ce serait trop la honte...
Je réfléchissais. D’abord, ce n’était pas des loups, mais des cris d’oiseaux. Des chouettes ou je ne sais quoi. Et puis on ne mourait pas d’un corps cassé. Il n’avait pas de fièvre, il ne perdait pas de sang, il douillait, d’accord, mais il n’était pas en danger. Ce que j’avais de mieux à faire pour le moment, c’était de dormir pour prendre des forces et demain, dès l’aube, à l’heure où me regaverait cette merde de campagne, je partirais.
J’irais par cette saloperie de forêt, j’irais par cette saloperie de montagne et je déposerais dans cette combe un putain d’hélico en fleur.
Voilà, c’était dit. J’allais bouger mes fesses et, foi de poétesse, ça allait gîter dans les Causses. Parce que la randonnée en famille, youkaïdi youkaïda, avec des crétins d’ânes bâtés et des bourricots trop stressés, ça allait deux minutes.
Désolée, les gars, mais nous, le Quechua, ça nous gratte.
T’entends, bébé ? t’entends ce que je viens de dire ? Sur ta vie, moi vivante, jamais tu ne caneras en province. Jamais. Plutôt crever.
Je me suis de nouveau allongée, j’ai grogné, je me suis relevée pour balayer ma couchette et virer cette chienlit de cailloux qui me fusillaient le dos avant de me recaler contre lui en position de gisante.
Je n’arrivais pas à m’endormir...
Les petits lutins qui vivaient dans mon cerveau avaient pris trop d’acides...
Là-haut c’était le bagad de Lann-Bihoué remixé techno beat.
L’enfer.
Je gambergeais tellement que je n’arrivais même plus à m’entendre penser et puis j’avais beau le coller et me serrer très fort dans mon bras, j’avais toujours aussi froid.
Je caillais, DJ Grumpy me pétait les trois neurones de vaillance qui me restaient et du coup, des petites larmes plus agiles que les autres en profitaient pour se faufiler en rates.
Ah, putain. J’avais vraiment perdu la main.
Pour les rembarrer, j’ai basculé la tête en arrière et... et là... Ooohh...
Ce n’était pas tant les étoiles qui me la bouclaient, on en avait déjà vu un paquet depuis qu’on crapahutait par ici, c’était leur chorégraphie. Plic! elles Gling! s’allumaient les unes après les autres en cadence. Je ne savais même Ding! pas que c’était possible...
Elles brillaient tellement que c’en était presque louche.
Comme si c’était des LeD ou des toutes neuves à peine déballées. Comme si quelqu’un avait marché sur le variateur d’intensité.
C’était... magnifique...
Soudain, je n’étais plus seule et je me suis tour- née vers Franck pour me moucher sur son épaule. Hé, oui... un peu de décence, les cassos... On arrête de morver quand le bon Dieu vous prêtesa boule à facettes...
Est-ce qu’il existait des grandes marées pour les galaxies comme pour les océans ou est-ce quec’était juste pour moi ? Un big up de la Voie lactée ? Une immense rave de fées Clochette venues me saupoudrer un max de poussière d’or sur la tête pour m’aider à recharger les batteries?
Il en venait de partout et j’avais l’impression qu’elles réchauffaient la nuit. J’avais l’impression de bronzer dans le noir. J’avais l’impression que le monde s’était inversé. Que je n’étais plus au fond de mon gouffre à chipoter ma misère, mais sur une scène...
Oui, d’aussi bas que je me tortillais (que je me tortillasse?) (bon, que je faisais la crêpe, quoi...), je dominais quelque chose.
J’étais dans une salle de concert immense, un genre de Zénith à ciel ouvert qui allait d’un bout à l’autre de la terre en plein milieu de la chanson qui tue, et tous ces briquets, et tous ces écrans, et tous ces milliers de cierges magiques que les anges tournaient vers moi, j’étais obligée de m’en montrer digne. Je n’avais plus le droit de pleurer sur mon sort et j’aurais tellement voulu que Francky en profite aussi...
Lui non plus n’aurait pas su distinguer la Grande Ourse de la Petite Casserole, mais il aurait été si heureux de voir tant de beauté... Si heu- reux... Parce que c’était lui, l’artiste de nous deux. C’était grâce à sa sensibilité que nous avions réussi à sortir de nos tas de fumier et c’était pour lui que l’univers avait sorti son smok en lamé.
Pour le remercier.
Pour lui rendre hommage.
Pour lui dire : toi, petit, on te connaît, tu sais...
Si, si, on te connaît... Ça fait un moment qu’on t’observe et on l’a noté que t’étais obsédé par la beauté... toute ta vie, t’as fait que ça : la chercher, la servir et l’inventer. Eh ben, tiens... regarde... regarde pour ta peine... regarde-toi dans ce miroir... Ce soir, on te reverse enfin tes intérêts... ta copine, elle, elle est vulgaire, elle fait que de cracher partout et de jurer comme une vieille radasse. Je me demande bien qui l’a laissée entrer... alors que toi... toi, t’es de la famille... Viens, ils... Viens danser avec nous...
J’étais en train de jacter tout haut...
en toute modestie et pour un garçon qui ne pouvait pas m’entendre, je venais de parler au nom de l’univers!
C’était con, mais c’était mignon... C’était dire à quel point je l’aimais...
Euh... sinon... un dernier truc, monsieur l’univers... (et en même temps que je disais ça, c’était James Brown que je voyais), non, deux, en fait...
Primo, vous laissez mon ami là où il est... C’est plus la peine de l’appeler, il ne viendra pas. Même si je lui fais honte, y me laissera jamais tomber.
C’est comme ça et même vous, vous n’y pouvez rien, deuzio, je m’excuse de parler si mal.
C’est vrai, j’abuse, mais toutes les fois que je vous écorche les oreilles, c’est pas par manque de respect, c’est la rage de ne pas trouver les bons mots assez vite. It’s a man’s world, you know...
I feel good, il a répondu.
Je regardais toutes ces étoiles et je cherchais la nôtre.
Parce que nous en avions une, c’était une certitude. Pas une chacun, malheureusement, mais une pour nous deux. Une petite veilleuse en colocation. Oui, une bonne petite loupiote qui nous avait trouvés le jour où on s’était rencontrés et qui, bon an mal an, avait fait du bon boulot jusque-là.
OK, ces dernières heures, elle avait un peu merdé, mais tout s’était éclairci depuis...
elle se pomponnait, la Pomponnette.
Elle vidait son spray paillettes de chez Sephorus. Hé! Normal, c’était la nôtre! elle allait quand
même pas tenir la chandelle de l’éternel pendant que ses copines se barraient au feu d’artifice !
Je la cherchais.
Je les passais toutes en revue pour la trouver parce que j’avais des trucs à lui dire... À lui rappeler...
– Eh bien non, justement. J’ai la prétention de croire que ça te calmerait un peu.
– De quoi?
– D’avoir enfin un petit bout de famille rien qu’à toi...
Silence.
– Dis oui, Billie... Là, je ne peux pas me mettre à genoux parce que j’ai trop mal, mais imagine que je le fais... Imagine la scène... avec ce petit âne pour témoin... Ça fait dix ans que je rame avec toi et aujourd’hui, j’ai vraiment envie de conclure...
– Pourquoi tu m’épouserais, moi, d’abord ?
– Parce que tu es le plus bel être humain que j’aie jamais rencontré et que je ne rencontrerai jamais et que j’ai envie que ce soit toi qu’on appelle en premier s’il m’arrivait une bricole à moi aussi.
– Ah? Ah bon ? Ah bon, ben oui, alors... j’ai soupiré. Si c’est juste pour une histoire de coup de il, je veux bien... Ch’uis serviable, moi...
Dis donc, petite étoile, elles ont l’air super tes fêtes, mais, hé... vas-y mollo sur les poppers, ma poulette, parce que c’est carrément cosmique, là...
Silence.
Silence dans le soleil et dans l’azur.
– Et alors? Pourquoi elle sourit bêtement comme ça, la petite Billie, là ? il m’a lancé d’un air moqueur, elle pense à sa nuit de noces ?
Mais... rhôôô... euh... je ne souriais pas bêtement du tout. Je souriais très finement, au contraire.
Je souriais parce que je ne m’étais pas trompée. eh non...
Je bichais pleins phares parce que j’avais eu raison encore une fois : une bonne histoire, surtout d’amour, ça se termine toujours par un mariage à la fin avec des chants, des danses, un tambourin et tout ça.
Eh oui...
La, la, reli... drela...

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02/10/2013 224 pages 15,00 €
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