#Polar

7 jours

Deon Meyer

Benny Griessel, déjà rencontré dans Le Pic du diable et 13 Heures, est un flic atypique dans le paysage du roman policier. Alcoolique, certes (comme plus d'un confrère fictionnel), mais sincèrement cramponné à son nouveau vœu de sobriété, et fragilisé par la piètre opinion qu'il a de lui même. Déchiré entre les échecs de sa vie privée et son exceptionnelle conscience professionnelle, Griessel est ici confronté à un ultimatum : un mystérieux imprécateur menace, dans des mails délirants, de tuer un policier par jour tant que le meurtrier de la jeune et belle avocate d'affaires Hanneke Sloet n'aura pas été arrêté. Et il met aussitôt sa menace à exécution. Le problème est que l'enquête préliminaire n'a rien donné : ni indice, ni mobile, ni suspect (ou à peine...). Grissel devra donc repartir de zéro. A l'arrière-plan, se dessine bientôt un paysage urbain d'intérêts politiques et financiers, de compromission et de corruption, qui ouvre bien des perspectives. Jusqu'au surprenant coup de théâtre final.

Par Deon Meyer
Chez Seuil

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Editeur

Seuil

Genre

Policiers

Quoi qu'il arrive, il voulait simplement ne pas passer pour un crétin total.
Le capitaine Benny Griessel portait des vêtements neufs trop chers pour lui. Il y avait un bouquet de fleurs sur le siège passager, ses mains crispées sur le volant étaient moites, et il aspirait de tout son être au pouvoir apaisant de l'alcool. Ce soir, par pitié, il devait simplement ne pas passer pour un crétin total. Pas devant Alexa Barnard, pas devant toutes les stars de la musique, pas après tout ce qu'il avait planifié et préparé la semaine précédente.
Ça avait commencé lundi, par une coupe de cheveux. Le mardi, la femme de Mat Joubert, Margaret, lui avait servi de conseiller « look » chez Romens, dans la Tyger Valley.
- C'est décontracté chic, Benny, un pantalon de toile et une chemise élégante suffisent, lui avait-elle dit patiemment avec son accent anglais plein de charme.
- Non, je veux aussi une veste.
Griessel s'était obstiné, terrifié à l'idée d'être soit trop « décontracté », soit pas assez « chic ». Il y aurait du beau monde là-bas.
Il avait insisté pour acheter une cravate, mais Margaret s'y était fermement opposée.
- S'habiller de façon trop recherchée est pire que de manquer d'élégance. Pas de cravate.
Ils étaient ressortis avec un pantalon kaki, une chemise en coton bleu clair, une ceinture noire, des chaussures noires, une veste noire à la mode, et un reçu de carte de crédit qui l'avait fait frémir.
Depuis le mercredi, il se préparait mentalement. Il savait que ce truc-là, cette soirée, avait le pouvoir de lui faire perdre tous ses moyens. Sa plus grande peur était de pro­férer des jurons, parce qu'il avait tendance à faire ça quand il était stressé. Il lui faudrait surveiller son langage toute la soirée. Pas de jargon policier, pas de grossièretés, parler correctement, rester calme. Il avait tout répété dans sa tête, l'avait visualisé, comme Doc Barkhuizen, son parrain des Alcooliques Anonymes, le lui avait recommandé.
À Anton L'Amour, il dirait : « La guitare dans Koue-vuur est géniale. » C'est tout, pas de lyrisme ou d'autres conneries. À Theuns Jordaan : « J'aime beaucoup votre travail. » C'était un bon truc à dire, exprimant respect et reconnaissance, digne. Mon Dieu, et si Schalk Joubert était là, lui, Benny Griessel, respirerait un bon coup, lui serrerait la main et dirait simplement : « Ravi de vous rencontrer, c'est un grand honneur. » Ensuite, il aurait intérêt à s'éloigner avant qu'un flot de paroles idolâtres, admiratives, devant sa maîtrise de la basse, ne submerge les barrières qu'il avait soigneusement érigées.
Et puis, son plus gros souci : Lize Beekman.
S'il pouvait seulement boire un verre avant de la ren­contrer. Pour garder le contrôle de ses nerfs. Il lui faudrait d'abord s'essuyer la main sur son pantalon neuf, il ne pouvait pas saluer Lize Beekman avec une paume toute humide de sueur.
« Miss Beekman, c'est un honneur exceptionnel. Votre musique me procure une grande joie. » Elle dirait « merci », et il en resterait là et s'en irait à la recherche d'Alexa, parce que c'était la seule chose à faire pour éviter de se ridiculiser complètement.

Le fourgon Chana blanc s'arrêta sous les arbres de Second Avenue, entre le lycée Livingstone et la cour arrière du poste de police du SAPS1 de Claremont.
C'était un véhicule ordinaire, un modèle de 2009 qui en avait vu de toutes les couleurs - bosse sur le pare-chocs avant, éraflures et rayures sur les portes arrière. Les vitres latérales étaient occultées par de la peinture blanche bon marché. La couleur des panneaux sur les flancs différait légèrement de celle du reste du véhicule.
Assis au volant, le sniper coupa le moteur, posa les deux mains sur ses genoux et demeura absolument immobile un court instant.
Il portait une salopette de travail, d'un bleu légèrement passé. De longs cheveux blonds lui pendaient dans le dos, une casquette de base-bail marron lui descendait bas sur les yeux.
Il observa le lycée désert par la vitre passager avec une concentration circonspecte. Puis il regarda à droite. Etudia la haute clôture de l'autre côté de la rue, le portail en grillage double torsion avec, derrière, la cour du SAPS, nimbée de l'ombre de la montagne de la Table en ce début de soirée. Vide et silencieuse.
Il vérifia que les deux portes avant étaient verrouillées, escalada le siège pour passer derrière. L'espace de range­ment était en désordre, encombré de boîtes et de caisses en métal, bois et carton. Il s'assit sur une caisse en bois et déroula le rideau en tissu jaune délavé qu'il avait fait lui-même et accroché au toit tapissé de moquette. Il le séparait de la cabine du chauffeur, le rendant invisible à la vue des passants.

Il ôta la casquette, la posa à côté de lui, conscient de sa respiration plus rapide, du léger tremblement de ses mains. Il se força à détendre ses épaules, soupira, se pencha, ouvrit un long coffre à outils cabossé et en sortit le plateau amo­vible. Il était lourd, rempli d'outils ayant beaucoup servi - marteaux, série de tournevis, tenailles et pinces coupantes, lames de scies à métaux. Il le posa doucement à côté du coffre, sur la natte en caoutchouc qui recouvrait le sol du Chana.
Il y avait deux objets au fond de la boîte rouge - une arme à feu et un bâton de randonnée K-Way Kilimanjaro.
Il sortit celui-ci en premier et l'appuya contre son épaule, attrapa l'arme, fit passer le silencieux avec précaution dans la lanière de poignet noire au bout du bâton, de sorte que la lunette du fusil ne soit pas entravée, puis fit tourner ce dernier dans le sens inverse des aiguilles d'une montre jusqu'à ce que la boucle soit bien serrée.
Il colla sa joue contre la crosse du fusil, testa la hauteur du piquet qui tenait lieu de support et ajusta cette dernière.
Il fit coulisser le panneau latéral droit du Chana de trois centimètres vers la droite grâce à la petite poignée qu'il y avait fixée. Puis le panneau magnétique extérieur, de façon à pouvoir braquer le canon et la lunette vers la cible.
Il cala la crosse du fusil contre son épaule et observa le parking du SAPS à travers la lunette. Il fit la mise au point.

Devant la grande maison victorienne de Brownlow Street, Griessel prit le bouquet, sortit de la voiture, franchit le petit portillon du jardin et se dirigea vers la porte d'entrée.
Alexa Barnard avait entrepris de rénover la maison. L'abo­minable cactus géant adossé à la clôture avait été récem­ment arraché, les échafaudages des peintres grimpaient haut contre les murs.

Tout ça faisait partie du processus de guérison, se dit-il. De sa nouvelle vie.
Il s'arrêta à la porte, regarda ses chaussures. Elles étaient rutilantes.
Il inspira un grand coup. Et s'il avait mal compris, qu'il faille être en tenue de soirée et qu'Alexa ouvre la porte en robe du soir exotique ? Ou si c'était totalement décontracté, jeans et chemises à col ouvert ? C'était la première fois qu'il se rendait à un cocktail de l'industrie du disque.
Il appuya sur la sonnette, l'entendit descendre les marches.
La porte s'ouvrit. Elle se tenait devant lui.
- Nom de Dieu, fit Griessel.

À travers le trou minuscule, le sniper vit le véhicule de police passer tout près du Chana et ralentir, s'apprêtant à tourner et à franchir le grand portail. Il attendit qu'il soit à nouveau dans son champ de vision, sur le parking. Joue toujours collée à la crosse, il suivit la fourgonnette à travers la lunette.
Un seul occupant, en uniforme.
Le véhicule traversa la surface goudronnée et se gara derrière deux autres voitures du S APS, en plein milieu de la cour, là où il ne pouvait le voir.
Entre soixante-dix et quatre-vingts mètres, d'après lui.
Il visa l'avant d'un des véhicules, attendant que le poli­cier se montre, et prit soudain conscience de son cœur qui battait la chamade.
Il inspira profondément.
L'uniforme apparut dans la lunette. Un agent de police.
Tir difficile, cible mouvante.
Il visa bas, suivit le mouvement, se força à respecter la procédure qu'il s'était fixée : garder la lunette à l'horizon­tale, ligne de mire sur la cible, expirer, presser légèrement la détente, ne pas fermer l'œil.

Le fusil heurta doucement son épaule, le hoquet assourdi de la détonation plus sonore qu'il ne s'y attendait dans l'espace confiné du Chana.
Manqué.

«Tu es... » Griessel faillit dire befok, mais il se retint, chercha désespérément un mot acceptable, qui rendrait justice à cette apparition à couper le souffle : « ... fantastique ». Elle se tenait devant lui, drapée dans une robe noire à bustier qui lui tombait aux chevilles, une large ceinture en cuir ocre juste au-dessous de sa poitrine généreuse, des sandales à semelles compensées en cuir marron clair aux pieds.
Et son visage - il ne l'avait jamais vue comme ça : soigneusement et subtilement maquillée, lèvres rouges et charnues, cheveux blonds coupés et teints, grands cœurs en argent aux oreilles, regard d'un vert profond derrière les longs cils.
Durant un instant fugace, il se demanda s'il l'embrasserait ce soir pour la première fois, quand tout serait fini.
Elle rit et le regarda d'un air approbateur.
- Toi aussi, Benny. Les fleurs sont pour moi ? -Oh. Oui...
Il les lui tendit maladroitement.
Il vit une rougeur sur ses joues, signe d'une gratitude sincère à son égard, pour son geste.
- Merci beaucoup.
Elle fit un pas en avant et l'embrassa sur la joue.

Il savait par expérience que le tir était à peine audible à l'extérieur, grâce au silencieux et aux bouts de moquette dont il avait tapissé l'intérieur du Chana. Ses paumes étaient humides sur le fusil et son cœur battait à tout rompre. Il déverrouilla la culasse et la douille gicla et atterrit en cliquêtant sur une des boîtes à outils. Il enfonça une autre cartouche dans la chambre. Déplaça légèrement le fusil, vit dans la lunette que l'agent de police, tête tournée vers la montagne, n'avait pas remarqué le tir raté.
Il visa bas, les jambes du policier dans sa ligne de mire.
Il anticipa de deux, trois centimètres, à hauteur du genou, la panique germa au creux de son ventre, respire, respire, expire lentement... Il pressa la détente. Vit l'agent de police s'écrouler.
Soulagement. Odeur de cordite dans ses narines.
Et puis l'urgence, il devait se concentrer à présent, les soixante prochaines secondes étaient décisives, il fallait tout faire exactement selon le plan.
Dérouler la lanière du bâton. Retirer le fusil de la boucle. Reposer l'arme dans la boîte à outils. Replacer le plateau par-dessus. Fermer la boîte. Le bâton pouvait rester là.
Relever le rideau en tissu.
La casquette. Coiffer la casquette.
Il repassa sur le siège conducteur.
Ne pas regarder la cible, ne pas la regarder, mais l'anxiété menaçant de le submerger, il tourna rapidement la tête pour voir. L'agent de police se trouvait à quatre-vingts mètres de là, allongé. Il baissait les yeux à terre, probablement sur sa jambe.
Regarde devant toi.
Tourne la clé, démarre le fourgon, éloigne-toi lentement, juste dix mètres et tu seras hors de vue, quelques secondes, pas assez pour que le policier puisse te voir, te remarquer, il doit être en état de choc, désorienté. N'attire pas l'attention, fais les choses calmement, normalement.
Il passa une vitesse. Et s'éloigna.


2

À l'entrée du hall de l'Artscape Chandelier, Griessel observait fixement l'immense affiche qui proclamait en grosses lettres : Gala d'anniversaire d'Anton Goosen, vendredi 4 mars, Grand Arena, avec une photo de toutes les stars devant se produire là une semaine plus tard. Alexa Barnard en était le point de convergence, en plein milieu, juste sous le bandeau plus petit qui reprenait son nom de scène : Xandra Barnard est de retour !
Et lui, il était ici, avec cette légende à son bras. Il déglutit et rassembla ses forces.
Ils entrèrent. Beaucoup de monde. Il survola d'un rapide coup d'œil les hommes, pour voir ce qu'ils portaient. Le soulagement l'envahit, il y avait bon nombre de vestes. Il se détendit un peu, tout allait bien se passer.
Les têtes se tournaient vers Alexa, on l'appelait par son prénom, et soudain ils se retrouvèrent cernés. Alexa lui lâcha le bras et commença à saluer les gens. Griessel resta en retrait. Il s'était attendu à ça et était heureux qu'on lui fasse un tel accueil. La semaine précédente, elle s'était montrée nerveuse.
- Ça fait si longtemps que je ne suis plus dans le milieu, Benny, lui avait-elle dit. Et toute cette histoire autour de la mort d'Adam... Je ne sais pas à quoi m'attendre.
Adam était son mari. Benny avait enquêté sur son meurtre1 ; c'est comme ça qu'il l'avait rencontrée.

- Vous êtes Paul Eilers, l'acteur, dit quelqu'un juste à côté de lui.
Et il réalisa soudain que la jolie jeune femme s'adressait à lui.
- Non, répondit-il. Je suis Benny Griessel.
- J'aurais juré que vous étiez Paul Eilers, insista-t-elle, déçue, avant de disparaître.
Il reconnaissait certaines stars de la chanson. Laurika Rauch, qui prenait les mains d'Alexa dans les siennes en lui disant quelque chose avec beaucoup de tendresse. Karen Zoid et Gian Groen en grande conversation. Emo Adams qui faisait rire Sonja Herholdt aux éclats.
Où était Lize Beekman ?
Un garçon se fraya un chemin dans la masse, le dépassa avec un plateau chargé de coupes de Champagne, lui en offrit une. Il observa fixement le liquide doré, les bulles qui remontaient paresseusement à la surface et sentit un frémissement en lui, un désir. Il se reprit, secoua la tête. Non, merci.
Deux cent vingt-sept jours sans boire.
Peut-être devrait-il se trouver une boisson sans alcool, pour avoir quelque chose à la main plutôt que de rester planté là, îlot d'insignifiance dans un océan de célébrités. Regarde Alexa, elle était chez elle, dans son élément, elle rayonnait.
Nom de Dieu. Qu'est-ce qu'il foutait là ?

Quand il rencontra Schalk Joubert, le moment fut presque trop énorme pour lui.
- Schalk, voici Benny Griessel, il joue aussi de la basse, dit Alexa en guise de présentation.
Il se sentit rougir et tendit une main tremblante.
- Ravi de vous rencontrer, c'est un privilège, putain, dit-il d'une voix rauque, atterré par le juron qui venait de lui échapper.
- Ah, un frère. Merci beaucoup, tout le privilège est pour moi, répondit tranquillement Schalk Joubert, à l'aise.
Le ton de sa voix fit disparaître les craintes de Benny, il se détendit. Empli de gratitude pour le fabuleux compli­ment de « frère », incité par le sourire lumineux d'Alexa, Griessel trouva le courage d'entamer une conversation avec Theuns Jordaan et Anton L'Amour. Il leur demanda com­ment Kouevuur avait vu le jour. Et puis, enhardi par leur générosité :
-Alors, quand est-ce que vous allez enregistrer « Hexrivier-vallei » comme il faut, le morceau complet ? Cette chanson le mérite.
Il commençait à lâcher du lest, bavardant ici, riant là, se demandant ce qui avait pu l'inquiéter à ce point. Il se sentait presque fier de lui. C'est alors qu'Alexa le tira par le bras. Il se retourna et vit Anton Goosen et Lize Beekman côte à côte, juste devant lui, tels des conspirateurs. Le silence se fit dans le brouhaha et ce fut trop soudain et trop fort et son cerveau s'enraya, son cœur se mit à battre comme un fou, il s'empara de la main de la belle et grande et blonde chanteuse, complètement paralysé par la star, et tout ce qui lui vint aux lèvres fut « Fok », le mot d'une longueur imbécile, s'étirant clairement dans le silence.
Et juste après, son téléphone se mit à sonner dans la poche de sa veste.
Il resta là. Pétrifié.
Quelque part dans sa tête, un réflexe se déclencha : Fais quelque chose.
Il lâcha la main de Lize Beekman. Dévoré par la honte et l'humiliation, il marmonna : « Excusez-moi. » Tâtonna pour trouver son téléphone, se détourna, le porta à son oreille.
- Salut.
Même sa propre voix lui semblait étrange.

- Benny, j'ai besoin de toi, dit le brigadier Musad Manie, commandant en chef de la DPCI - la Direction des enquêtes criminelles prioritaires.
Du genre tout de suite.

Il roula, trop vite, furieux contre lui-même, furieux contre Alexa, comment pouvait-elle lui faire ça ? Furieux contre le téléphone, il aurait certainement pu rattraper sa bourde monu­mentale s'il n'avait pas sonné, il aurait pu ajouter quelque chose, sa phrase bien rodée de « c'est un privilège exception­nel », ça aurait désamorcé le bazar. Furieux contre le brigadier qui le faisait venir un samedi soir, pendant son week-end de repos, furieux parce qu'il n'arrivait pas à s'ôter cet accablant refrain de la tête : il s'était conduit comme un parfait imbé­cile. Ce moment affreux, ce mot qu'il avait lâché, suspendu tel un merle mort entre Lize Beekman et lui, toute chose figée autour de lui sauf la sonnerie irritante de son portable, et cette certitude qui coulait en lui comme du plomb : il s'était ridiculisé au dernier degré, de façon impardonnable, en dépit de toutes ses résolutions, de ses plans et préparatifs.
C'était la faute d'Alexa, en fait. Deux semaines avant déjà, elle avait voulu savoir qui il aimerait rencontrer. Personne, avait-il répondu dès le début, il se contenterait de rester dans le coin, à sa disposition quand elle aurait besoin de lui. Parce qu'il savait qu'il risquait de perdre son sang-froid. Mais elle lui avait soutiré les noms l'un après l'autre et avait dit : « Je veux vraiment faire ça pour toi. - Non, je t'en prie », avait-il répondu, de moins en moins convaincant, la perspective de la soirée commençant à le tenter. Jusqu'à ce qu'il finisse par accepter, par égard pour elle, mais il avait déjà la frousse, une vague terreur, non, un pressentiment, qu'il risquait de tout foutre en l'air.
Sa faute. Uniquement sa faute, putain.

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trad. Estelle Roudet
17/05/2013 486 pages 22,00 €
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