#Roman francophone

Histoires de famille. Les vignerons de Chantegrêle ; Quai des Chartrons ; Une famille française ; Le crépuscule des patriarches

Jean-Paul Malaval

La terre de Corrèze, deux grandes dynasties prises dans les tourments de l'Histoire en marche, deux magnifiques fresques romanesques : c'est d'abord, à la fin du Second Empire, la ruine du vignoble du comte de Jandelles, figé dans son conservatisme, qui assiste impuissant aux ravages du phylloxera et à une modernité qui le dépasse, c'est ensuite la chute d'Angel Monestier, le "seigneur" de la Renaudière, vaste domaine emporté par la crise des années 1930, puis plongé dans la période trouble de l'Occupation. Les haines recuites, les rivalités et les secrets de familles autant que les bouleversements du siècle vont recomposer l'ordre séculaire que les patriarches, autoritaires et arrogants, croyaient éternel. Mais la fin d'une époque marque le début d'une autre, et les générations suivantes feront souffler un vent nouveau.

Par Jean-Paul Malaval
Chez Presses de la Cité

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Genre

Romans de terroir

Préface

par Jean-Paul Malaval

 

 

 

Nul personnage de roman n’est mieux à son aise que dans le creuset familial. C’est de là qu’il tire sa substance, dans le fourmillement d’une genèse intime qu’il portera longtemps au fil des pages. L’auteur de ses jours, celui que l’on appelle accessoirement le romancier, va s’en donner à cœur joie pour préparer ses héros à affronter toutes les difficultés imaginables, chausse-trapes, retournements de situation, imbroglios, embrouillaminis, mais aussi félicités, extases, enchantements, et que sais-je encore. Voici pourquoi, depuis que j’écris, j’ai voué l’existence de mes personnages à l’odyssée familiale. Le cadre où se joue la narration, évidemment, est le socle fondateur du récit. Qu’il s’agisse d’un domaine au nom évocateur, d’une bastide orgueilleuse, d’une ferme ancrée dans la terre lourde des ancêtres, le lieu devient toujours une cause à défendre, souverain, périlleux, porteur de paradoxes et se jouant parfois du progrès, mais il n’est finalement que la passion qui triomphe parmi les ruines, les démembrements, les dislocations… Les doigts agiles du temps pétrissent et repétrissent indéfiniment cette glaise. Ainsi l’écriture tire-t-elle de ce modelage inexorable sa force évocatrice. Il n’est que le lecteur, en vérité, pour savoir si les personnages d’un romancier sont fréquentables après quatre ou cinq cents pages, et aucune histoire de famille ne se satisferait d’un souffle court, car elle réclame du champ, du large.

Avec Les Vignerons de Chantegrêle, tout commence sous le Second Empire avec l’irruption de la maladie. En un rien de temps, les vignobles corréziens de la fin du XIXe siècle passent à la trappe. Pourtant c’était une région de vin avant le phylloxera, mais on ne savait pas le traiter, on ne connaissait pas les plants américains greffés.

Dans Quai des Chartrons, les Madelbos et les Pierrebrune s’en vont tenter leur chance ailleurs. Comme il s’agit d’une dynastie de vignerons, on choisit le Médoc pour y acquérir une bonne terre à vigne. L’exode bordelais va combler les rêves des nouveaux pionniers. C’est le temps où tout leur réussit, à croire que les dieux sont de la partie.

Tant d’insouciance ne rassure que les naïfs. Avec le nouveau siècle, le vingtième, une autre sorte de maladie s’annonce, tout aussi dévastatrice : l’argent, le pouvoir, la jalousie et mille autres petits riens qui, ajoutés les uns aux autres, finissent par faire un torrent au flux inexorable.

Dans la seconde histoire, Une famille française et Le Crépuscule depatriarches, le temps est au beau fixe, le domaine de La Renaudière florissant. Il n’est plus qu’à se laisser vivre sous le regard du maître des lieux, un patriarche autoritaire, Angel Monestier. Les fils sont à la tâche. On a décidé de leur avenir. N’est-ce pas une ambition trop simple ? Le soir du mariage, un des enfants disparaît sans laisser derrière lui la moindre trace. Sur cet effacement, le maître impose le silence. Et c’est précisément ce mutisme qui finira, peu à peu, par empoisonner le monde si bien réglé des Monestier.

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14/08/2013 1041 pages 28,00 €
Scannez le code barre 9782258102316
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