#Roman francophone

La guérisseuse et le roi

Barbara Wood

Royaume d'Ougarit, actuelle Syrie, XVe siècle avant notre ère. Parce qu'elle a déplu à Jotham, son prétendant, un homme aussi vicieux que puissant, Leah a provoqué involontairement la chute de sa famille. Heureusement, elle possède un don : celui de soigner grâce aux plantes. Devenue la guérisseuse attitrée du roi Shalaaman dont elle a sauvé la vie, Leah espère bien obtenir un jour le retour en grâce des siens. L'histoire va lui en offrir l'occasion. En effet, enlevée par les troupes du pharaon Thoutmôsis III qui projette d'envahir la région et de réduire le royaume en esclavage, Leah se retrouve en possession d'informations stratégiques précieuses sur l'offensive égyptienne imminente. Aidée de son compagnon, le scribe Daveed, la guérisseuse parviendra-t-elle à changer le destin de son peuple ?

Par Barbara Wood
Chez Presses de la Cité

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Genre

Romans historiques

Prologue

 

 

 

Je me souviens de la chute de Jéricho : j’avais seize ans et j’étais amoureuse.

Les bruits nocturnes de la ville, active de jour comme de nuit dans la vallée du Jourdain, pénétraient dans ma chambre par le balcon. Je me tournais et me retournais sur ma couche, incapable de dormir, la tête pleine de rêves. Je ne songeais pas à la guerre, mais au beau visage de Benjamin.

Cette nuit-là, le tonnerre grondait au loin. Un orage venu de la Grande et Vaste Mer enflait, bousculant ses nuages noirs au-dessus de la côte, puis de Jérusalem, pour bientôt étancher la soif de Jéricho. Grâces en soient rendues au Très-Haut ! Les dattiers de mon père ont besoin de pluie, avais-je pensé.

Mon père était justement au temple, où il faisait l’offrande d’un agneau de printemps bien gras, pour obtenir la fin de la sécheresse. Son frère, un médecin de renom, s’était rendu dans le quartier pauvre durement frappé par la fièvre. Ses habitants le connaissaient bien et l’appelaient « guérisseur bien-aimé ».

Mais en cette tragique nuit de printemps, ce n’était ni leur charité ni leur piété qui accaparaient mes pensées. Dès que je fermais les yeux, Benjamin m’apparaissait et j’appelais à moi son sourire, son rire, ses larges épaules et sa démarche. J’étais une jeune fille rêvant au mariage. Benjamin était le fils d’une riche famille, détentrice d’un monopole sur le fructueux commerce d’étoffes. Son père était un proche ami du roi.

Nous étions fiancés.

Ce soir-là, en m’embrassant à l’heure du coucher, mon père m’avait promis d’évoquer la date des noces avec le père de Benjamin. Il fallait que ce soit en été : il n’y a pas de meilleure période pour une union !

Ma vie était parfaite. Mon père comptait parmi les citoyens les plus puissants de Jéricho et ma mère descendait d’un roi de Syrie, au nord. Nous habitions un palais aux colonnes de marbre, à l’abri des murailles d’une ville fortifiée, la plus sûre au monde. Notre maison – qui ne le cédait en taille et en élégance qu’au palais royal – se dressait à l’ombre protectrice de la formidable tour sud-ouest, d’où les soldats avaient toujours défendu la cité à travers les âges. Nous avions des serviteurs et du mobilier raffiné, mes sœurs et moi portions des robes tissées de la laine la plus douce. Nos bijoux étaient d’or, notre vaisselle d’argent. Une vie d’abondance et de joie déployait devant moi ses multiples possibilités, tel un festin.

Aucune fille au monde n’était plus heureuse que je ne l’étais.

Le tonnerre se rapprochait, roulant au-dessus des collines, à l’ouest. Quand j’entendis des cris et des hurlements dans les rues, sous mon balcon, je me demandai qui pouvait craindre une pluie de printemps.

Puis un cri me parvint d’en bas. Du vacarme. Le bruit de pieds battant la pierre polie du dallage. Je volai de mon lit à la galerie intérieure qui courait le long de la salle principale, où nous recevions les invités et donnions de fabuleux banquets. J’écarquillai les yeux à la vue de soldats entrant chez nous sans façon, à grandes enjambées. Ils ne portaient pas les tuniques vertes des troupes cananéennes mais des pagnes blancs, des pectoraux de cuir et des casques qui leur enserraient le visage. Lorsqu’ils se mirent à aboyer des ordres aux serviteurs paniqués, je compris qu’ils étaient égyptiens.

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trad. Alexandra Forterre
04/07/2013 379 pages 21,90 €
Scannez le code barre 9782258103634
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