#Essais

Cyber arnaque. Comment les hackers piratent vos cartes bancaires

Misha Glenny

Qui n'a pas hésité un jour à saisir son numéro de carte bancaire sur internet ? Chaque jour, nous surfons davantage sur le web, et pourtant nous savons qu'il n'y a pas d'endroit moins sûr. Nous offrons ainsi sur un plateau les détails de notre vie quotidienne à tous ceux qui rêvent de s'en emparer... Pour la première fois, Misha Glenny donne un visage aux hackers qui hantent internet à la recherche de la moindre faille dans la sécurité des sites. Afin d'écrire ce livre, il s'est en effet plongé dans les arrière-cuisines de DarkMarket, un forum qui, au cour des années 2000, a mis en relation acheteurs et vendeurs de données sensibles - généralement des numéros de cartes bancaires - et de matériel de piratage. Véritable eBay pour cyber arnaqueurs, DarkMarket a permis le détournement de plusieurs millions de dollars. En suivant l'enquête internationale qui a permis le démantèlement du site, on comprend mieux la personnalité de ces criminels des temps modernes. De quoi basculer dans la paranoïa à l'instant où on allume son ordinateur. Puisé aux meilleures sources - les criminels, les geeks, les policiers, les experts en sécurité et les victimes -, le récit de Misha Glenny permet à tout un chacun de comprendre - pour mieux les déjouer - les cyber arnaques.

Par Misha Glenny
Chez Editions Denoël

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Genre

Faits de société

Prologue

 

crime@21esiecle.com

 

Dans sa course effrénée au confort et à la croissance économique, l'humanité a développé en très peu de temps une dépendance dangereuse aux systèmes en réseau : dans la plupart des pays, une immense partie de ce que l'on appelle l'«infrastructure nationale critique» est passée en moins de vingt ans sous le contrôle de systèmes informati­sés de plus en plus complexes.

Les ordinateurs régentent une grande partie de notre vie : nos communications, nos véhicules, nos achats et nos relations avec l'État, notre travail, nos loisirs — notre tout. À l'issue de l'un des procès pour cybercriminalité aux­quels j'ai assisté ces dernières années, le Crown Prosecu-tion Service a infligé à un hacker un « ordre de prévention de la criminalité» qui devait entrer en application après sa sortie de prison. Cet ordre ne lui permettait d'avoir accès à internet qu'une heure par semaine, et encore sous la supervision d'un policier. Or, comme l'a fait remarquer à l'audience l'avocat de l'accusé, «lorsque mon client aura purgé sa peine, il n'y aura quasiment plus une seule activité humaine qui ne passera pas, d'une façon ou d'une autre, par internet. Comment pourrait-il mener une vie normale dans ces circonstances?» a-t-il demandé sans vraiment s'attendre à recevoir une réponse.

De fait. Ceux qui ont laissé leur portable chez eux ne serait-ce que pour quelques heures constatent géné­ralement une irritation intense et un sens de perte qui s'apparente chez les utilisateurs les plus dépendants à un sevrage. Mais si on doit vivre sans portable pendant trois jours, le sentiment de malaise qui nous ronge fait souvent place à une impression de libération, car on se trouve tout à coup projeté dans le passé, vers un monde pas si loin­tain dans lequel les portables n'existaient pas et où on n'en avait pas besoin; on se débrouillait sans. Aujourd'hui, la plupart d'entre nous ont l'impression de ne pas pouvoir survivre sans ces mini-ordinateurs portatifs.

Si l'on veut prendre un point de comparaison, c'est peut-être le véhicule à moteur qui se rapproche le plus de l'ordinateur. À partir des années 1940, lorsque la voiture est entrée dans l'équipement standard des ménages, seule une minorité de conducteurs comprenaient vraiment ce qui se passait sous le capot. Cela faisait quand même pas mal de gens capables de réparer leur véhicule quand il tombait en panne, davantage encore qui savaient rafistoler le carburateur pour rentrer tant bien que mal chez eux, et presque tout le monde savait changer un pneu.

De nos jours, s'il s'agit juste d'un pneu crevé, vous pou­vez peut-être encore arriver à bon port. Mais de plus en plus de pannes sont le résultat d'une défaillance informa­tique dans le boîtier de contrôle — le boîtier noir en plas­tique qui se trouve en général derrière le moteur. Dans ce cas, même si vous êtes un mécanicien expérimenté, vous n'arriverez pas à faire bouger la voiture. Dans le meilleur des cas, un informaticien pourra régler le problème, mais le plus souvent vous devrez tout simplement changer la pièce.

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trad. Léa Drouet
10/01/2013 373 pages 22,50 €
Scannez le code barre 9782207113011
9782207113011
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