#Imaginaire

Le fils de Manhattan. Vol d'Aigle

Bruno Garel

Imaginez. Vous vous appelez Cham. Cham Wickware. Vous êtes un jeune New-Yorkais de vingt-huit ans. Le 21.12.2012, vous vous faites virer de votre agence de pub et vous êtes en retard au rendez-vous que votre mère psy vous a fixé. En traversant Times Square, votre portable tombe en panne et votre corps se dissout soudain dans la vapeur d'eau qui surgit d'une bouche d'égout… Quelques instants plus tard, vous vous retrouvez en 1612, dans la peau et les plumes d'un aigle royal survolant la végétation luxuriante de l'île de Manhattan. Vous disparaissez de nouveau dans la vapeur d'eau d'une hutte de sudation occupée par un jeune Indien qui pourrait être votre double. L'esprit du sauvage prend possession de vous. Vous vous réveillez en 2012, habité par l'âme de l'Indien qui n'a de cesse de vous demander de chercher le calumet sacré de son peuple pour sauver Manhattan des forces du mal et du déluge. Tout le monde vous croit fou. Surtout votre mère psy. Mais Vol d'aigle, l'esprit de l'Indien, vous donne d'incroyables pouvoirs chamaniques, à commencer par celui de voyager dans le temps pour accomplir votre mission : découvrir dans quel siècle un effrayant monstre ailé a caché le calumet sacré dans le but que Manhattan, reflet du monde, ne puisse jamais trouver la paix. Cham et Vol d'aigle sauveront-ils New York ?

Par Bruno Garel
Chez Belfond

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Editeur

Belfond

Genre

Science-fiction

1

 

Cauchemar

 

 

1612 : le numéro de la cabine !

Le signal de détresse retentit dans les haut-parleurs du paquebot, un hurlement qui me vrille les oreilles. Les voyageurs sont appelés à rejoindre d’urgence les points de rassemblement. Qu’importe ! Je dois d’abord le trouver. Je cours comme un dératé à la recherche de la cabine 1612. Comment ne pas me perdre dans l’invraisemblable labyrinthe, ce dédale de couloirs du Queen Mary II bondé de passagers affolés qui courent dans tous les sens ? Le cœur haletant, je pénètre enfin dans la suite 1612 et me précipite vers le placard. Je l’ouvre, il contient des gilets de sauvetage, mais aucune de ces bouées ne nous sauvera de la catastrophe. Seul l’objet sacré que je suis venu chercher dans le coffre de cette armoire en a le pouvoir. Mais est-il là ?

D’une main fébrile, je pianote la combinaison : 21.12.12. La porte s’entrebâille dans un râle de métal enroué et je l’aperçois. Dissimulé entre les liasses de dollars et les étuis à bijoux, le vieux calumet semble m’attendre depuis des siècles. Je m’empare de la pipe indienne, j’enfile à la hâte un des gilets jetés par terre et, sans refermer le coffre, je reprends ma course vers l’étage supérieur du navire.

Plus une minute à perdre, maintenant le temps est compté. Je me faufile dans la foule des passagers en uniforme de survie. Regroupée dans la salle de spectacle, elle bruit de cris et de pleurs. Je n’ai qu’une idée en tête : gagner le pont extérieur, mais un membre de l’équipage me barre la route.

« Vous ne pouvez pas sortir, jeune homme ! Personne ne doit sortir ! »

Je brandis le calumet.

« Regardez ! Il peut encore nous sauver ! Pour l’amour de Dieu, laissez-moi passer ! »

Interloqué par ce que je lui présente, l’homme hésite un instant, puis, d’un geste rapide, il déverrouille la porte étanche et la referme aussitôt derrière moi.

Dehors, le ciel chargé d’électricité a revêtu sa tenue denuages les plus sombres. Les éclairs ont choisi pour cible lespics des gratte-ciel. Au loin, bras levé, la statue de la Libertésemble appeler au secours.

Agrippé au bastingage, j’essaie de me diriger contre le ventdéchaîné vers l’arrière du bateau. Je scrute le ciel de ténèbres. Pourquoi n’est-il pas là ?

Brusquement, le Queen Mary II est freiné dans sa trajectoire. Je perds l’équilibre, m’étale de tout mon long sur le pont. En m’accrochant au garde-fou pour me relever, je vois les bateaux engagés sur l’Hudson River refluer, entraînés comme le paquebot par un courant marin phénoménal. Stupéfié par ce spectacle, je reste immobile. Mon regard se pose sur l’entrée de la baie. Pourquoi la ligne d’horizon s’étend-elle au-dessus du Verrazano Bridge ? Avec horreur, je réalise qu’il est trop tard. La vague mesure plusieurs centaines de mètres de haut. En un instant, la muraille d’écume disloque le pont suspendu et engloutit tout sur son passage dans un grondement assourdissant. Les bateaux sont écrasés les uns après les autres sous le rouleau d’eau titanesque. Tandis que le tsunami se rapproche inexorablement de l’île comme une armée de monstres marins déchaînés, j’aperçois enfin dans le ciel celui que j’attendais et je lui fais signe. Le grand aigle royal surgit de la masse noire des nuages, il fonce à tire-d’aile dans ma direction. Alors que la Liberté, fracassée par le torrent des flots, se démembre et que la poupe du navire se soulève, je tends désespérément le bras pour que l’oiseau s’empare du calumet et…

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11/04/2013 312 pages 19,00 €
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