50 ANS !
50 ans qu’on l’écoute… Qu’on l’aime, qu’on la déteste, qu’on la quitte, qu’on la retrouve, qu’on la connaît, qu’on la découvre. Nous sommes auditrices de France Inter, l’une et l’autre, comme au moins cinq millions de Français. Un peu plus, même, puisque nous avons été pendant de longues années des « écouteuses professionnelles », journalistes spécialisées dans la radio à Télérama. On l’aime bien, même si elle nous agace parfois, un peu comme une vieille copine : on ne pouvait pas ne rien faire pour son anniversaire !
Alors, nous avons rencontré un peu plus de cinquante des innombrables personnes qui font et ont fait France Inter. Pour qu’elles nous racontent la longue histoire de la première radio publique et ses secrets, ses petits souvenirs et ses grands moments. Des PDG, des journalistes, des producteurs, des réalisateurs, des assistants, des directeurs, des techniciens, des syndicalistes qui nous ont parlé de service public, de programmes, de grèves, d’ambitions, de chausse-trappes, de politique, de négociations, mais aussi de voix, de sons, de culture, d’amour, de beauté… Des vies entières à émettre et recevoir des souvenirs gravés dans nos mémoires, des moments historiques, bouleversants, inoubliables.
De ces cinquante belles rencontres, nous avons tiré une saga très affective, en nous laissant guider par nos gourmandises, nos souvenirs et nos curiosités d’auditrices, mais aussi une enquête, factuelle et précise. Un récit attentif mais bien sûr incomplet, pour ne pas tomber dans l’ennui d’un livre encyclopédique ; critique, mais forcément partial. Une histoire qui, finalement, ressemble à ce lien si particulier, si intime, qui unit chaque auditeur – vous, nous – à « sa » radio avec passion, envie, et même colère, parfois. Nous y avons mis tout ça, et quelques autres petites choses qui, nous l’espérons, régaleront le lecteur.
Joyeux anniversaire, France Inter !
Anne-Marie Gustave, Valérie Péronnet
Automne 2013
Prologue
FRANCE INTER :
LES FRANÇAIS REPARLENT AUX FRANÇAIS
Ça crépite, ça crachote, ça parle du nez, ça roule les rrrr et ça chante pointu, en prononçant bien chaque syllabe avec les intonations drââmmmatiques inhérentes aux modèles d’élocution de l’époque. Presqu’un miracle ! À la fin des années trente, même si cinq millions de « récepteurs TSF » trônent dans les salles à manger des Français, on n’en croit toujours pas ses oreilles d’entendre du son, mieux encore, des voix et des musiques, s’échapper de ces gros meubles en bois aux cadrans mystérieux bardés de noms français et étrangers, avec leur œil magique qui passe au vert lorsque les stations sont bien accordées. Trente-deux émetteurs couvrent l’Hexagone, dans un esprit de cohabitation et de libre concurrence : vingt sont réservés à l’État, douze au privé. C’est l’âge d’or de la TSF (pour transmission sans fil) qui bénéficie pourtant, en France, d’un bassin d’audience restreint, au son de Radiola devenue Radio Paris, Radio Tour Eiffel, Radio PTT, le Poste parisien, Radio Cité… Si la réputation de grande qualité de la radio française passe les frontières, ses ondes moyennes, elles, ont bien du mal à concurrencer ses voisines, dont Radio Luxembourg, créée en 1933 dans l’État confetti limitrophe, qui utilise les ondes longues. Son émetteur installé au grand-duché est capable de couvrir la moitié de notre territoire. La France ne veut pas être en reste et inaugure, en 1939, le centre d’Allouis, dans le Cher, destiné à donner une couverture nationale aux radios françaises.
Extraits
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