Editeur
Genre
Sciences politiques
Introduction / LA NORMALISATION
DES SERVICES DANS LA MONDIALISATION
Jean-Christophe Graz et Nafi Niang
La réflexion engagée dans cet ouvrage examine le rôle dévolu à la normalisation technique dans la régulation des services à l’échelle internationale. Elle établit un dialogue critique entre l’économie politique internationale, la théorie française de la régulation et la sociologie économique. C’est dans cette optique qu’elle cherche à répondre aux trois questions suivantes. Quels sont les services les plus enclins à être internationalisés et les acteurs les plus concernés par ce phénomène ? Quelle relation établir entre l’internationalisation des services et leur environnement institutionnel ? Quel est plus spécifiquement le rôle dévolu aux normes techniques dans la production et l’usage des activités de services ? Ce chapitre introductif présente de façon approfondie les contributions les plus novatrices en réponse à ces questions. Il montre que la normalisation technique participe de formes d’action collective et d’autorité transnationale inédites, et il ouvre la réflexion sur de nouvelles hypothèses de recherche.
Mots clés : services – normes internationales – régulation – tertiarisation – théorie de la régulation – sociologie économique – économie politique internationale – transnational – ISO – mondialisation
La mondialisation des services nourrit toutes sortes de fantasmes. Entrée dans une nouvelle civilisation dématérialisée et réussite des politiques de développement économique pour les uns, à l’exemple des services de sous-traitance qui ont transformé l’Inde en bureau du monde ; symptôme des pièges de la mondialisation pour les autres, qui pointent tous les problèmes liés à la finance globalisée, aux délocalisations ou à une uniformisation tuant les services de proximité. La tertiarisation de nos sociétés va de pair avec leur internationalisation. Une nouvelle division internationale du travail est en cours pour des pans entiers d’activité, notamment ceux concernant les pays en développement, ces derniers ayant, en vingt ans, presque doublé leur part dans ces échanges. Mais il suffit d’évoquer la part congrue – et pour ainsi dire inchangée sur la même période – des services dans les échanges internationaux pour reconnaître qu’un tel couplage demeure controversé. Faut-il y voir une preuve supplémentaire des transformations en profondeur de la mondialisation, ou au contraire un signe de plus des obstacles à l’internationalisation des services et des limites de la mondialisation ?
La réflexion engagée dans cet ouvrage aborde la relation entre tertiarisation et internationalisation en se focalisant sur les formes non conventionnelles de régulation que suppose l’absence de face-à-face entre prestataires et utilisateurs de services. Elle montre toute l’importance d’étudier les mécanismes se situant en amont de la coopération intergouvernementale et des transactions marchandes à proprement parler. Elle atteste de la portée des logiques non étatiques et informelles qui pèsent sur les ressorts de l’internationalisation des services. En étudiant la régulation des services dans le contexte émergent de leur internationalisation, elle s’intéresse plus particulièrement au rôle dévolu aux normes que des acteurs de toutes sortes élaborent en vue de spécifier les conditions de production et d’usage des activités de services sur une échelle qui transcende l’espace de souveraineté des États. Elle permet ainsi de prendre la mesure des processus de normalisation internationale des services et des nombreux organismes qui y sont associés aux côtés de l’Organisation internationale de normalisation (ISO).
Extraits
Commenter ce livre