#Roman francophone

Oeuvres complètes. Tome 1, J'étais nu pour le premier baiser de ma mère

Tchicaya U Tam'si

Admiré par toute une génération (celle de Sony Labou Tansi et Tierno Monénembo), Tchicaya U Tam'si domine la production poétique de la postnégritude, sans compter la force unique de ses romans et nouvelles. Marqué par la disparition tragique de Lumumba, viscéralement attaché au Congo, Tchicaya U Tam'si mêle sa souffrance et ses voluptés à celles de sa terre natale, dans une écriture travaillée par collages savoureux et ruptures baroques : "Ma poésie, disait-il, est comme le fleuve Congo, qui charrie autant de cadavres que de jacinthes d'eau". Léopold Sédar Senghor :"Car l'image est le seul fil qui conduise le cour au cour, la seule flamme qui consume l'âme. De la tête de Tchikaya, de sa langue, de sa plume, de sa peau jaillissent donc les images comme d'un kaléidoscope, avec la force du geyser. Images touffues, changeantes, tournantes, tout en rythmes et en couleurs, tout en sucs et sèves : images vivantes. C'est un feu d'artifice, un volcan en éruption". Et Senghor savait juger en la matière.

Par Tchicaya U Tam'si
Chez Editions Gallimard

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Genre

Littérature française

 

 

 

— Quasi una fantasia —

Le mauvais sang

(andante)

 

 

 

I



POUSSE ta chanson — Mauvais sang — comment

vivre

l’ordure à fleur de l’âme, être à chair regret

l’atrocité du sang fleur d’étoile, nargué

Des serpents dans la nuit sifflaient comme des

cuivres

 

Cotillon mille soleils ressac pour un chant d’orgues

mon sang s’est dispersé car un preux demain

dira sur ma ville tout comme un beau destin

nous n’irons plus pleurer sous le ciel gris des

morgues

 

Je serai la mouette la morte par déveine

Un grand gibet levé remise pour les peines

m’emporte haut et fier en habits festonnés

 

Pleure le malheur viendra ternir les diamants

Ton sang te matraque, ô mes cœurs époumonés

Je suis noir fils solaire à main le chant dément.

 

 

 

 

II

 

 

DEMAIN nous serons

sages

Tu me crois, dis ? Demain

Nous aurons un destin

neuf au fond d’un voyage

 

Oui oui nous marcherons

Et dans tes mains si

belles

Je mettrai fier fidèle

Ma joie : nous chanterons

 

Plein d’oubli sans passé

de quoi ai-je rêvé

Ta vie ma vie la vie

 

Dans son songe fini

verserons nos ciboires

Et notre fleur d’un soir

 

 

 

 

 

III

 

 

LA pluie avait parlé

Comme dans un bréviaire

Les taches de misères

Étaient toutes perlées

 

La pluie avait dansé

Comme un bel ours de

verre

Je bus son vin amer

Sur les toits bleus

mouillés

 

Le spectre de la pluie

Est beau quand il s’enfuit

L’écho le peuple en vain

 

Belle pluie, douce pluie

je t’attendrai demain

Si je meurs — d’Ennui

 

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08/11/2013 608 pages 22,00 €
Scannez le code barre 9782070142064
9782070142064
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