#Essais

Valmy. La démocratie en armes, Edition revue et augmentée

Jean-Paul Bertaud

Le 12 juillet 1792, une Adresse aux Français, rédigée par l'Assemblée législative et placardée sur les murs de Paris, proclame "la Patrie en danger". De partout l'ennemi converge vers Paris, Autrichiens, Prussiens, contre-révolutionnaires. L'Adresse décrit les bataillons ennemis comme "nombreux, soumis à une discipline rigoureuse, et depuis longtemps exercés dans l'art de la guerre". Le peuple ne peut leur opposer qu'une "noble ardeur" enflammant son courage. Le 20 septembre, c'est à Valmy, sous la pluie, dans la boue, un engagement hasardeux, une canonnade incertaine mais le premier grand duel moderne d'artillerie. Les officiers français sont issus de l'armée nobiliaire du roi, la troupe est volontaire, issue des rangs du peuple. Ceux que l'on disait en proie à l'anarchie ont tenu, et contraint l'ennemi à rebrousser chemin. Jean-Pierre Bertaud, à partir d'un travail sans précédent dans les archives, a reconstitué ce petit peuple. Et montré pourquoi "de ce jour" Goethe datait "une nouvelle époque de l'histoire du monde" : premier moment de la guerre des peuples, des hommes du pays réel au cri de "Vive la Nation", Valmy demeure à jamais "la démocratie en armes".

Par Jean-Paul Bertaud
Chez Editions Gallimard

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Genre

Histoire de France

 

 

 

Introduction

 

 

LA PATRIE EN DANGER

 

Le jeudi 12 juillet 1792, les Parisiens purent lire sur les murs de leur cité cette Adresse aux Français rédigée par l’Assemblée législative :

Votre constitution repose sur les principes de la Justice éternelle ; une ligue de rois s’est formée pour la détruire, leurs bataillons s’avancent, ils sont nombreux, soumis à une discipline rigoureuse, et depuis longtemps exercés dans l’art de la guerre. Ne sentez-vous pas une noble ardeur enflammer votre courage ! Souffrirez-vous que des hordes étrangères se répandent comme un torrent destructeur sur vos campagnes ! qu’elles ravagent nos moissons ! qu’elles désolent notre patrie par l’incendie et le meurtre ! en un mot, qu’elles vous accablent de chaînes teintes du sang de ce que vous avez de plus cher.

Nos armées ne sont point encore portées au complet, une imprudente sécurité a modéré trop tôt les élans du patriotisme, les recrutements ordonnés n’ont pas eu un succès aussi entier que vos représentants l’avaient espéré. Des troubles intérieurs augmentent la difficulté de notre position ; nos ennemis se livrent à de folles espérances, qui sont pour vous un outrage.

Hâtez-vous, citoyens, sauvez la liberté et vengez votre gloire !

L’Assemblée Nationale déclare que la patrie est en danger…

[…] Français qui depuis quatre ans luttez contre le despotisme, nous vous avertissons de vos dangers, pour vous inviter aux efforts nécessaires pour les surmonter.1

Langage qui ne cache rien de la gravité du moment et qui fait honneur autant à ceux qui l’emploient qu’au peuple auquel il s’adresse. Mais ceux qui parlent sont les députés qui trois mois auparavant, dans l’enthousiasme général, ont invité le roi à déclarer la guerre au souverain autrichien. Nul n’ignorait qu’à ses côtés se trouverait le roi de Prusse.

Mais pour beaucoup de Français et notamment pour une partie de la bourgeoisie qui, avec les Girondins, composait l’Assemblée, la guerre présentait bien des avantages. Et d’abord d’éclairer la situation intérieure. Plus d’atermoiements, le roi choisirait : être ou non un monarque constitutionnel. On en finirait avec les contre-révolutionnaires qui trouvaient refuge et appuis en Allemagne. C’était aussi concrétiser un espoir : celui de voir se soulever les autres peuples de l’Europe. Secouant le joug de leur tyran, ils feraient alliance avec la France régénérée. Enfin, derrière les desseins politiques perçaient les appétits économiques. La guerre est affaire de profit.

Or voilà que les prédictions de Robespierre se réalisent : l’ennemi triomphe. Autrichiens du général Clerfayt, Prussiens dirigés par le général Brunswick et le roi de Prusse, contre-révolutionnaires français du prince de Condé pénètrent sur le sol national. Leur point de ralliement : Paris.

À Paris, les Girondins incapables de mener la guerre s’effraient du mouvement populaire et se rapprochent d’un roi qui trahit et communique les plans de campagne à l’adversaire. Le peuple se soulève. Au 10 août, il renverse la monarchie, emprisonne le roi, dicte ses ordres à l’Assemblée.

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12/09/2013 430 pages 9,80 €
Scannez le code barre 9782070451869
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