#Polar

Le livre du roi

Arnaldur Indridason

En 1955, un jeune étudiant en histoire arrive pour faire ses études à Copenhague, là il va se lier d'amitié avec un étrange professeur, peu soigné et buvant sec, spécialiste des Sagas islandaises, ce patrimoine culturel inestimable qu'ont protégé les Islandais au long des siècles comme symbole de leur nation. Il découvre le secret du professeur, l'une de ces Sagas, Le Livre du roi, dont les récits ont été à l'origine des mythes germaniques mis en scène par Wagner dans la Tétralogie, a été volée par les nazis pendant la guerre. Ensemble le professeur et son disciple réticent qui ne rêve que de tranquillité vont traverser l'Europe à la recherche de l'inestimable manuscrit. Un trésor pour lequel certains sont prêts à voler et à tuer. Un trésor aussi sur lequel on peut veiller et qu'on peut aimer sans en connaître la valeur. Une histoire inhabituelle sur ce qu'on peut sacrifier et ce qu'on doit sacrifier pour un objet aussi symbolique qu'un livre.

Par Arnaldur Indridason
Chez Editions Métailié

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Genre

Policiers

 

 

JE NE ME DOUTAIS PAS que la sage décision de poursuivre mes études nordiques à l’Université de Copenhague au milieu des années 1950 allait m’entraîner dans une histoire pareille. J’aime autant vous dire tout de suite qu’à l’époque j’étais peu désireux d’aventures, quelles qu’elles soient. Je prenais d’autant plus de plaisir à lire des récits d’aventures. À vrai dire, je menais une vie calme et tranquille jusqu’à ce que je rencontre le professeur. J’envisageais une vie sans heurts dans l’enceinte des bibliothèques. On pourrait même dire que j’avais pensé me réfugier dans le passé en étudiant les antiquités. J’espérais qu’avec le temps je réussirais à apporter ma modeste contribution à la compréhension et à la connaissance de notre précieux héritage national. La raison d’être de ma vie romantique tenait peut-être à cela. J’ai toujours passionnément aimé lire et fureter, à telle enseigne que, pendant mon enfance, j’avais décidé de passer ma vie professionnelle à faire des recherches sur les anciens manuscrits islandais et les techniques de conservation.

Mais très rapidement, après que j’eus fait la connaissance du professeur à Copenhague, il en alla autrement. Ma conception du monde fut bouleversée. L’idée que j’avais de moi-même aussi. Le professeur fit en sorte que ma vision du monde s’élargisse plus vite et davantage que je n’avais pu l’imaginer. Il a changé ma vie en m’apprenant que rien n’était impossible.

Tout cela s’est passé très rapidement pour l’innocent Islandais du Nord que j’étais et, à bien y réfléchir, je pense que je n’aurais pas voulu qu’il en aille autrement.

Pour le voyage qui m’amenait à Copenhague, j’avais emporté une lettre de recommandation de mon professeur à l’Université d’Islande, un homme sympathique et très savant, qui m’avait servi de guide trois hivers durant dans mes études nordiques anciennes. Ce sont avant tout ses encouragements qui m’ont décidé à prendre le taureau par les cornes et à me consacrer à la recherche sur les textes islandais anciens. Il avait écrit lui-même cette élogieuse lettre de recommandation à l’intention du professeur de Copenhague, qu’il connaissait, et je la gardai comme la prunelle de mes yeux tout au long de la traversée. Je connaissais parfaitement son contenu : j’étais un excellent élément, un étudiant hors pair, le meilleur de ma promotion, excellent candidat au doctorat d’études nordiques. J’avais le moral au beau fixe et j’étais impatient de la transmettre au professeur de Copenhague. Je pensais avoir bien travaillé et mériter ces louanges. Ma thèse avait pour sujet la Saga des gens d’Eyrr et j’y apportais un point de vue nouveau sur les liens entre les différents manuscrits existants de cette saga, la chronologie et l’auteur que, de solides preuves à l’appui, je considérais être Sturla Thórdarson lui-même.

Dans ma jeunesse, j’avais été ce qu’on appelle un rat de bibliothèque. Je n’ai jamais aimé cette expression, mais je n’en trouve pas de meilleure pour faire comprendre ma personnalité. Je passais ma vie à lire chez ma tante bien-aimée, j’avais peu d’amis et je n’aimais pas les trucs compliqués dont on a, paraît-il, besoin pour se faire des amis. Par contre, je m’intéressais aux livres depuis mon plus jeune âge. Ma tante, d’heureuse mémoire, me poussait à lire et m’avait procuré divers chefs-d’œuvre de la littérature mondiale. C’est elle qui me fit connaître les Sagas d’Islandais et la Saga des Sturlungar. C’est ainsi que je commençai à apprécier les grandioses récits de héros et de vengeances, d’amours, d’honneur et de droiture, les histoires qui parlent d’hommes entiers, de femmes subjuguantes, d’affrontements exaltants et de morts héroïques qui m’arrachaient des larmes.

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trad. Patrick Guelpa
12/09/2013 354 pages 21,00 €
Scannez le code barre 9782864249382
9782864249382
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