Editeur
Genre
Développement durable-Ecologie
par Cécile Duflot
« Tu devrais écrire un livre… » J’ai entendu cette phrase des dizaines de fois depuis trois ans.
Écrire un livre parce que tous les politiques font ça… Écrire un livre pour être invitée à la télé… Écrire un livre parce que j’étais candidate… Écrire un livre parce que cet éditeur était si sympa… Sauf que je n’avais pas le sentiment d’avoir des choses très neuves à dire, pas le temps de le faire bien, et surtout pas – je l’aurai, je l’espère – la capacité à me mettre seule face à un cahier. Une fouille archéologique de mon ordinateur montrerait des débuts de textes, des listes de chapitres, des intentions, des formules… En gros, pas grand-chose.
Et puis, c’est comme souvent Stéphane qui a trouvé la clé ; il m’a dit : « Il faudrait que tu fasses un livre comme si tu essayais d’expliquer l’écologie et la politique à quelqu’un qui ne serait pas convaincu. » C’est vrai, ça m’a plu ; là, je me sentais dans mon rôle, à ma place, mais il fallait trouver le « quelqu’un ». Il n’était pas très loin, en fait, c’était Guy – enfin, s’il acceptait. Guy, sa vie romanesque, son style extraordinaire, sa capacité de provocation inentamée par les années, son polo vert pomme – ou rose vif – assorti à ses chaussettes. Il a dit oui, d’accord, sûrement d’abord pour faire plaisir à Stéphane, son petit-fils, et m’a dit à moi : « Je voudrais qu’on fasse un livre pas chiant, un livre que les gens auront envie de lire. » Ça m’a encore plus plu et je me suis sentie en confiance.
Alain, envoyé par l’éditeur pour prendre les notes, a apporté son magnétophone à cassettes duXXe siècle, des croissants et des pains au chocolat, et ces conversations au long cours sont devenues des bulles indispensables chaque semaine dans la grande pièce vert amande au-dessus du boulevard de Clichy.
Ces moments-là, en aparté, étaient encore plus précieux pour moi qui vivais l’emballement d’une campagne et d’une « médiatisation » brutale.
Je me suis prise au jeu avec la volonté double de regarder avec un peu de distance ce qui était en train de se passer et de penser aux futurs lecteurs et lectrices.
Il n’y a aucune prétention dans ce livre, juste la volonté de témoigner et de transmettre une conviction : la politique est l’affaire de tous et de toutes, la mienne comme la vôtre.
Le projet que je défends, les pas dans lesquels j’inscris les miens sont ceux de l’écologie politique.
J’aimerais beaucoup vous convaincre de sa justesse.
J’appartiens à l’une des dernières générations qui croyaient dur comme fer ceci : tous les règnes de la nature appartiennent de plein droit à l’espèce humaine, elle peut en disposer sans autre limitation que son bon plaisir. Nous avions, bien sûr, entendu parler de religions lointaines, adoratrices de la nature ; nous les trouvions plutôt sympathiques, comme tant d’autres aberrations de la pensée primitive. Jusqu’au jour, au début des années 1960, où nous avons été invités fermement à remettre nos montres à l’heure. La nature n’appartient pas à l’homme, c’est même tout le contraire, l’homme appartient à la nature. Quel choc, mes amis !
Extraits
Commenter ce livre