#Essais

Frankenstein

Matei Cazacu, Radu Florescu

Villa Diodati, Cologny, 1816. Il était une fois un poète qui, lors d'une nuit sombre et pluvieuse sur les rives du Lac Léman, met au défi ses hôtes d'écrire la meilleure et la plus abominable histoire de fantôme. Ce poète n'est autre que Lord Byron, et dans ses amis se trouvent entre autres, Mary Shelley. Cette nuit-là, Mary Shelley est incapable d'écrire une ligne, voulant inscrire son récit dans un cadre réel. Cette réalité, Mary Shelley va la puiser dans la vie de Johann Conrad Dippel, un alchimiste et théologien allemand qui pratiqua la médecine de manière excentrique. La rumeur court que l'homme, demeurant dans le château de Frankenstein, pratiquait autopsies et expériences médicales en tout genre : l'histoire peut commencer. Réalité et fiction se confondent pour donner vie à Victor Frankenstein ! Dans un récit savamment orchestré, Radu Florescu et Marei Cazacu reviennent sur ce mythe ô combien célèbre en tentant de démêler le vrai du faux. En revenant sur la vie de Mary Shelley et des Frankenstein, ils percent le mystère des origines de ce monstre sacré.

Par Matei Cazacu, Radu Florescu
Chez Editions Tallandier

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Genre

Critique littéraire

Ce livre a son origine dans l’insatisfaction que j’ai éprouvée face aux explications savantes sur l’origine du titre du roman Frankenstein de Mary Shelley, personnage qui hante le monde depuis deux siècles.

Avec la révolution informatique, les greffes de cœur artificiel, les dernières expériences dans le domaine de la cryogénie des corps en vue d’une hypothétique vie future et l’arrivée de l’ère du clonage et des bébés-éprouvette, le mythe de Frankenstein, sans lequel ce livre n’aurait jamais été écrit, est devenu plus actuel que jamais. Des caricaturistes ont exploité le portrait bien connu du monstre de Mary pour critiquer une grande variété de politiciens, depuis le Pakistanais Bhutto jusqu’au Dr Kissinger ; des théologiens, des sociologues, des spécialistes de l’éthologie (béhavioristes ou comportementalistes) et des philosophes nous confrontent avec le thème du savant fou à différents niveaux intellectuels et moraux ; des écrivains de science-fiction terrorisent notre génération avec le fantôme récurrent des robots Frankenstein prenant possession de la planète Terre ; à un niveau plus populaire de la conscience publique, des publicitaires colportent par millions de dollars des gadgets Frankenstein, depuis la poupée du monstre chauve avec des crocs qui perd ses pantalons lorsqu’elle rougit jusqu’aux porte-clefs et aux jeux de mystères. Pour les cinéphiles avertis, la Frankenstein Society, des magazines comme Frankenstein Castle et les inévitables dessins humoristiques connaissent un grand succès ; devant nos cinémas qui projettent le dernier film d’horreur en 3D d’Andy Warholet le récent Young Frankenstein de Mel Brooks, les queues semblent s’allonger de jour en jour. Même ceux qui pensent éviter le monstre en restant à la maison se trompent, car leur espace privé est envahi par d’innombrables spots publicitaires avec Frankenstein, rediffusions de films classiques et, au cours de ces deux dernières années, par de longs pseudo-documentaires qui se proposent de révéler « la vraie histoire ». Ce phénomène sociologique, pour l’étude duquel une thèse de doctorat serait nécessaire, ne se limite pas aux États-Unis ou même au monde anglophone ; il est présent dans pratiquement toutes les nations à l’exception du monde communiste. Le thème de Frankenstein est tout aussi populaire en France qu’en Allemagne ; même en Extrême-Orient, Shri Sant Ji Maharaj, le chef religieux indien avec plus de 3 millions de fidèles, a l’habitude, selon le Washington Post du 14 septembre 1971, d’arborer souvent un masque de Frankenstein en guise de divertissement.

Alors que l’explosion Frankenstein, tel un cheval fou, galope sans frein sur la scène mondiale, de vrais spécialistes de Mary Shelley ont multiplié ces derniers temps leurs efforts pour révéler « la vraie histoire » dans de nombreuses biographies, monographies et des articles plus ou moins savants, depuis le prestigieux Shelley-Keats Journal jusqu’aux revues de grande circulation comme Life et Ms. À un autre niveau, dans la littérature cinématographique, et notamment grâce aux efforts de Forrest Ackerman, Donald Glut et autres admirateurs de Boris Karloff (l’acteur qui a popularisé le masque le plus répandu de Frankenstein), Frankenstein est largement lu. Pour ajouter à la confusion récente, un grand nombre de films, de pièces de théâtre et de livres de fiction ont été écrits entre autres par Derek Marlowe et Brian Aldiss sur l’histoire de l’histoire.

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15/09/2011 294 pages 19,90 €
Scannez le code barre 9782847348125
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