Où tu vas, tu es. Apprendre à méditer en tous lieux et en toutes circonstances

Parole d’Akavia fils de Mahallel :

Médite sur ces trois conseils et tu ne commettras pas de transgression : Sache d’où tu viens, où tu vas et devant qui tu vas devoir rendre des comptes.

Pour avoir essayé de précipiter les temps messianiques, le Besht fut puni. En un clin d’œil, il se retrouva exilé dans un lieu perdu, privé de ses dons, de ses pouvoirs et de son savoir. Il se tourna vers son fidèle disciple serviteur qui ne le quittait jamais et lui demanda son aide : Se souvenait-il de quelque parole, de quelque prière apprises autrefois ? Non, le disciple avait, lui aussi, tout oublié. Vraiment tout ? Non, pas l’alphabet. « Alors, qu’attends-tu ? s’écria le Maître du Bon Nom. Commence à le réciter. » Et ensemble, ils se mirent à le répéter avec une ferveur croissante jusqu’à ce que leur mémoire leur fût restituée.

Cette histoire est parmi les plus belles de la littérature hassidique. Elle montre l’attrait et les vertus de l’étude. Devoir autant que passion, c’est elle qu’illustre ma démarche. Nos textes sacrés, on les lit et on les relit sans jamais s’en lasser. D’ailleurs, lire n’est pas le mot juste. Le terme hébreu mikrasignifie aussi « appel » : lire un passage biblique, c’est répondre à son appel en explorant les profondeurs de son sens, à la fois immédiat et enveloppé de mystère.

Cela vaut également pour mon amour du Talmud, cette source inépuisable d’inspiration et d’envoûtement qui, depuis deux mille ans, accompagne notre peuple en exil pour en alléger la sévérité. De même que la Torah n’a pas de commencement, le Talmud n’a pas de fin. Chaque génération contribue à sa puissance enrichissante.

Le Talmud et la beauté de son dialogue : on peut presque affirmer que le Talmud n’est rien d’autre qu’une longue série de débats entre les Maîtres et leurs disciples. Le Talmud ou le respect de l’autre, même et surtout quand deux camps s’opposent sur l’interprétation de la Loi ou de la légende. La majorité et la minorité ont le même droit d’être entendues. Et discutées. Et admirées.

Pèlerinage aux sources autant que célébration de l’étude, mais aussi évocation d’un passé englouti vécu dans l’ambiance chaleureuse des yeshivot, voilà ce que ce nouveau volume de lectures et de commentaires, prononcés au cours de nombreuses années, propose au lecteur d’aujourd’hui : c’est une invitation à venir étudier ensemble.

Le lecteur comprendra alors que les paroles prophétiques, les histoires midrashiques et les contes hassidiques, même si certains sont couverts de la poussière du temps, pourraient tous, dans un présent ininterrompu, nous guider, nous éclairer et plus encore nous interpeller, nous interroger sur nos rêves et sur nos défis. Autrement dit : même si nous ne sommes pas gouvernés par les réponses qu’ils nous suggèrent, nous sommes marqués par les questions qu’ils nous posent.

Qui restent éternelles.