La traduction de cet ouvrage a posé d’autant moins de problèmes que l’auteur parle un excellent français et s’est montré d’une patience à toute épreuve pour répondre à mes questions et relire mon travail. L’édition française, enrichie d’apports dus à des textes exhumés par l’auteur (ou récemment déclassifiés), bénéficie en outre d’informations nouvelles venues des archives allemandes et reflète tout ce qui a été écrit depuis, en français et en allemand, sur la Waffen-SS.
Je voudrais attirer l’attention du lecteur sur le fait que les citations en français des acteurs du drame, en particulier des protagonistes du procès de Bordeaux (juges, avocats, accusés, témoins), étant une retranscription de paroles prises au vol par des sténographes non officiels, peuvent être des phrases mal bâties, voire fautives : soit que le (ou la) sténo ait commis une erreur, soit qu’il s’agisse de la traduction donnée à la volée par un interprète des réponses faites par les inculpés parlant allemand ou alsacien, soit tout simplement parce que la personne qui parlait était très mal à l’aise devant le tribunal et avait du mal à s’exprimer. Je n’ai évidemment pas retouché ces retranscriptions (sauf pour les fautes d’orthographe et, à deux ou trois occasions, pour la ponctuation). Toutefois, au vu de la cohérence générale des propos, les éventuelles erreurs qu’elles pourraient comporter paraissent purement formelles et n’entacher en rien leur authenticité en termes de sens.
Enfin, j’emploie les termes « inculpés » et « accusés » pour les prévenus (on dirait aujourd’hui les « mis en examen ») pour la simple raison qu’ils étaient ceux utilisés à l’époque.
William Olivier Desmond
Janvier 2009
et à la mémoire de notre chère amie Tamie Watters
Oradour-sur-Glane est le symbole des malheurs de la Patrie. Il convient d’en conserver le souvenir, car il ne faut jamais qu’un pareil malheur se reproduise.
Général de Gaulle à Oradour-sur-Glane,
le 4 mars 1945.
Le 10 juin 1944, quatre jours après le débarquement des Alliés en Normandie, une unité de la 2e division blindée (Panzer Division) Das Reich massacrait 642 habitants du village d’Oradour-sur-Glane – le pire crime de guerre commis sur le sol français par les Allemands de toute la Seconde Guerre mondiale. Pas tout à fait neuf ans plus tard, vingt et un membres de la division Das Reich comparaissaient devant le tribunal militaire permanent de Bordeaux. Sept d’entre eux étaient allemands ; quatorze, des Français alsaciens, dont treize avaient été enrôlés de force dans les Waffen-SS. Aucun d’eux n’avait rang d’officier. Le procès devint une cause célèbre*1 et fut suivi pendant plus d’un mois par les médias français et internationaux.
Mais pourquoi vouloir raconter cette histoire ? Parce qu’elle présente plusieurs aspects passionnants ; et parce que, plus je creusais, étudiant en outre des documents des services de renseignements américains jusqu’ici classés secrets, mieux je voyais comment s’imbriquaient les pièces du puzzle. Ce qui, superficiellement, pouvait être considéré comme un procès classique de crimes de guerre s’avérait peu à peu être tout sauf cela. Pour quel motif les Allemands ont-ils procédé à ce massacre ? Pourquoi ont-ils choisi Oradour ? Qui en a donné l’ordre ? Les réponses à ces questions et à nombre d’autres ont été délibérément brouillées par les Allemands à l’époque et, depuis, les révisionnistes n’ont cessé d’en inventer de nouvelles. Les Allemands ne pouvaient non plus imaginer, en 1944, à quel point ce crime haineux allait diviser la France une décennie plus tard, lorsque les Alsaciens enrôlés de force dans la division se retrouveraient aux côtés des soldats SS sur le banc des accusés.
Extraits
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