#Imaginaire

Le Wunderkind Tome 2 : La rose, et les trois clous

G-L D'Andrea

Le chaos règne au Dent de nuit, ce quartier de Paris qui n'apparaît sur aucune carte officielle. La guerre fait rage entre Herr Spiegelmann, ses Chasseurs, son armée de Cagoulards et de Phobiques, et tous ceux qui s'opposent à eux. Une guerre dont le Wunderkind est le principal enjeu. L'élu, Caius, prend enfin conscience de l'étendue de ses pouvoirs - immenses au point de l'effrayer - et comprend pourquoi même ceux qu'il considère comme ses amis sont prêts à le tuer plutôt que le voir basculer dans l'autre camp. Car s'il est désormais un être puissant, il peut aussi devenir un monstre.

Par G-L D'Andrea
Chez Bayard

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Editeur

Bayard

Genre

12 ans et +

Presque immédiatement, la réalité céda

sur plus d’un point.

Certes, elle ne demandait qu’à céder.

J. L. Borges

 

 

 

C’est pourquoi, comme par un seul homme

le péché est entré dans le monde,

et par le péché la mort,

et qu’ainsi la mort s’est étendue sur tous les hommes,

parce que tous ont péché.

Romains 5:12

 

 

Dans le noir

 

Ruines. Murs noircis, odeur de plastique brûlé. Le toit tient encore, mais pas pour longtemps.

Les deux hommes sont des fantômes, bien qu’ils soient de chair et de sang. Ils n’arrivent plus à entendre la musique de leur cœur et leur regard est éteint. Ils ont perdu leurs mains. À la place, des croche-ts en métal.

L’un d’eux s’écroule sur le sol. Il se met à pleurer.

L’autre, de constitution plus robuste, extrait un cigare de sa poche. Non sans mal.

–Un gamin, dit l’homme à terre.

–Arrête.

Mais il ne peut pas s’arrêter. Il a vu mourir sa femme. Son fils. Il a vu le Dent de Nuit, le quartier où il est né et a grandi, se muer en champ de bataille. L’enfer s’est déchaîné au cœur de Paris, dans des rues qu’aucune carte n’a jamais signalées.

Il ne peut pas s’arrêter. Alors il continue.

–Tout ça à cause d’un gamin.

–Il a un nom, fait son compagnon en mâchonnant son cigare éteint.

–Non, réplique-t-il en secouant la tête à plusieurs reprises, il n’en a pas.

–Caius Strauss, le Wunderkind.

L’homme au cigare crache.

L’autre est pris d’un accès de rage. C’est comme ça qu’il fonctionne. D’abord les larmes, puis la rage. La rage, qui transforme le sel des pleurs en amertume.

–Et Pilgrind, et Buliwyf...

–Buliwyf est un chef.

–C’est surtout un Lycanthrope.

–Il t’a sauvé la peau.

L’homme à terre se relève précipitamment. C’est un guerrier. Il a été obligé de le devenir. Il agrippe son compagnon par le col.

–Moi, j’avais une famille, Louis. J’avais une femme, un fils. J’étais peinard. Cet endroit était...

Il ne trouve pas le mot.

–Invisible, dit l’autre.

–Et alors? Ça te dérangeait? Tu faisais quoi, avant que le Marchand décide d’enlever le gamin? Avant le carnage de la place du Crapaud? Qui tu étais avant que Pilgrind et Buliwyf déclenchent cette foutue guerre?

–Un Changevaleur (son regard le transperce). Exactement comme toi.

Une étincelle jaillit des crochets. C’est ce qu’on appelle une Permutation. L’étincelle devient flamme. Il l’approche du cigare. Il aspire. Il a dû renoncer à un souvenir pour obtenir ce résultat. La Permutation fonctionne ainsi: un souvenir en échange du pouvoir. Il aspire encore, jusqu’à se brûler la bouche. Le pouvoir d’allumer un cigare. Il fait la grimace.

L’autre l’observe. Il pense la même chose. Un Changevaleur est celui qui peut effectuer la Permutation. Cette dernière lui confère un pouvoir. Mais c’est un pouvoir ridicule, qui ne sert à rien.

C’est ce qu’il dit.

–À quoi ça nous a servi? Le Marchand a invoqué ce... (sa voix tremble) ce démon, et...

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trad. Jean-Luc Defromont
25/04/2014 349 pages 15,90 €
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