#Essais

Nouvelle histoire de l'Antiquité. Tome 5, Les Grecs, de la paix d'Apamée à la bataille d'Actium

Claude Vial

Nouvelle histoire de l'Antiquité 1. Jean-Claude Poursat, La Grèce préclassique. Des origines à la fin du VIe siècle 2. Edmond Lévy, La Grèce au Ve siècle. De Clisthène à Socrate 3. Pierre Carlier, Le IVe Siècle grec. Jusqu'à la mort d'Alexandre 4. Pierre Cabanes, Le Monde Hellénistique. De la mort d'Alexandre à la paix d'Apamée (323-188 av. J. -C.) 5. Claude Vial, Les Grecs. De la paix d'Apamée à la bataille d'Actium (188-31 av J. -C.) 6. Agnès Rouveret, Rome avant l'impérialisme 7. Jean-Michel David, La République romaine. Da la deuxième guerre punique à la bataille d'Actium (218-31 av. J-C.) 8. Patrick Le Roux, Le Haut-Empire romain en Occident. D'Auguste aux Sévères (31 av. J. -C. -235 apr. J. -C.) 9. Maurice Sartre, Le Haut-Empire romain. Les provinces de Méditerranée orientale d'Auguste aux Sévères 10. Jean-Michel Carrié, Aline Rousselle, L'Empire romain en mutation. Des Sévères à Constantin (192-337 apr. J. -C.)

Par Claude Vial
Chez Seuil

0 Réactions |

Editeur

Seuil

Genre

Histoire ancienne

 

 

 

 

Avant-propos

 

 

Avant la guerre d’Antiochos, seuls les Grecs d’Europe avaient vu les légions romaines. Mais depuis Alexandre, avec la revitalisation de la côte asiatique de l’Égée et les fondations de cités en Asie profonde, en Syrie et en Égypte, l’Europe grecque n’est plus qu’un élément relativement secondaire d’un vaste ensemble. Même si Delphes, Olympie et Athènes gardent leur prestige pour quiconque parle grec, le nombre, le dynamisme, la richesse sont ailleurs. En 190, les légions, commandées par les Scipions, passent pour la première fois en Asie, et Antiochos III le Séleucide est battu à Magnésie du Sipyle. Ce grand roi, qui avait atteint l’Inde comme Alexandre, qui avait annexé la plus grande partie de la Lycie, de la Carie et de l’Ionie et qui s’intéressait, en Europe même, à la zone des Détroits, subit une défaite lourde de conséquences face aux Barbares venus de l’Ouest. Désormais, ce n’est plus une région, ce sont tous les Grecs (ceux d’Égypte exceptés) qui sont affectés par les interventions romaines. De 189 à 31, le royaume ptolémaïque en Égypte s’est maintenu ; alors que le reste du monde hellénistique connaît une histoire mouvementée, l’Égypte grecque survit dans un certain isolement. Mais sous son dernier souverain, la reine Cléopâtre VII, épouse du Romain Marc Antoine, elle fait face, avec les peuples de Grèce continentale et d’Asie Mineure, à Octavien appuyé sur l’Italie et tout l’Occident romain : Actium, dernière bataille des Grecs face aux Romains, est leur défaite définitive.

Pendant des décennies, la plupart des historiens ont traité l’histoire grecque comme celle d’un long déclin, succédant à une brève floraison. Aujourd’hui, ils sont rares à ne pas reconnaître que le IVe siècle et le IIIe ont été fort brillants pour le monde grec dans sa globalité. Mais, à tout le moins, la période de Magnésie à Actium, période sombre, avec les destructions de cités, les massacres, les asservissements massifs, les vols d’œuvres d’art, les impôts accablants, semblerait mériter le qualificatif de décadente. N’est-ce pas le moment où les Romains parlaient avec dédain des Graeculi, des « petits Grecs » ? Mais, on le sait, la défaite n’est pas nécessairement la sanction d’une civilisation en déclin. Et, même quand elle apporte les pires malheurs, elle n’entraîne pas nécessairement le déclin pour les vaincus. Dans le cas des Grecs, ce qui faisait leur spécificité n’a pas été détruit ou affaibli par la conquête romaine. Quelques cités ont disparu, mais les Grecs continuent, en Grèce et en Asie, à vivre dans le cadre de la cité, la polis, pour eux communauté d’appartenance, cadre d’activité et d’existence. Ils préservent et développent leur culture et leur éducation particulière, leur paideia ; leur rayonnement culturel est aussi puissant que précédemment. Mieux encore, en Asie, l’hellénisation des indigènes progresse de façon considérable : si l’espace sur lequel les Grecs ont une maîtrise se rétrécit, celui où l’on vit à la grecque s’accroît. Des régions entières deviennent provinces romaines mais ne cessent pas pour autant d’être grecques. On traite d’ordinaire cette période dans le cadre de l’histoire romaine, l’accent étant mis sur la conquête, sur les actions des conquérants, l’exploitation de la victoire, l’organisation administrative. Mais, puisque les cités grecques demeurent, que la culture grecque subsiste et même s’étend, que les Grecs, loin d’être toujours et tous des victimes, ont souvent été agissants, il est tout aussi légitime d’envisager cette époque dans le cadre de l’histoire grecque. C’est ce que je ferai ici.

Commenter ce livre

 

18/09/1997 292 pages 7,10 €
Scannez le code barre 9782020131315
9782020131315
© Notice établie par ORB
plus d'informations