#Roman francophone

Contes de la bécasse

Guy de Maupassant

Dans la campagne normande du XIXe siècle, une paysanne et sa servante décident de sacrifier leur chien par souci d'économie (Pierrot), un amant épuisé d'avoir traqué le sanglier tout le jour manque une belle occasion de profiter des faveurs de sa bien-aimée (Un coq chanta), un Prussien froussard réfugié dans un fossé subit les affres de la faim (L'Aventure de Walter Schnaffs)... Au fil de ces dix-sept récits inspirés des veillées de chasse et parus en 1882 dans les journaux Le Gaulois et Gil Blas, l'auteur évoque sa terre natale sur un ton à la fois tendre et caustique. Goût de l'insolite et hantise du macabre, fascination pour le thème de l'enfant trouvé ou adultérin, obsession toute flaubertienne pour la perfection stylistique : les Contes de la bécasse offrent un abrégé passionnant de l'univers romanesque de Maupassant.

Par Guy de Maupassant
Chez Flammarion

0 Réactions |

Editeur

Flammarion

Genre

Littérature française (poches)

 

 

 

 

 

INTRODUCTION

 

 

 

Depuis Boule de Suif, que Gustave Flaubert salua comme un chef-d'œuvre, Guy de Maupassant a trouvé sa voie. Dès ses premiers essais, il a eu dans le solitaire de Croisset à la fois le plus exigeant des maîtres et l'ami le plus tendre et le plus attentif. C'est en son honneur qu'en 1875 il avait composé une leste pochade, À la feuille de rose, maison turque, dont le titre est à lui seul un hommage à l'auteur de L'Éducation sentimentale, car il évoque l'épisode par lequel débute et s'achève le roman. C'est sous sa férule qu'il apprendra à discipliner son style et son inspiration, à limer et polir ses contes, afin que chacun d'eux ne ressemble à aucun autre. À Gustave Flaubert, il doit d'abord l'amour de la perfection. Une fois l'ami disparu, il va demeurer fidèle à son enseignement. Aucun recueil ne témoigne plus éloquemment que les Contes de la Bécasse de la permanence en Maupassant du message de Flaubert.

Le 20 mars 1883, il signe avec Édouard Rouveyre et G. Blond un contrat d'édition dans lequel on peut lire : « M. Guy de Maupassant offre à MM. Éd. Rouveyre et G. Blond, qui l'acceptent, la copie d'un volume d'environ 300 pages, type du volume intitulé Mademoiselle Fifi édité par M. Victor Havard. MM. Rouveyre et Blond garantissent un premier tirage de 2.000 exemplaires, et paieront pour chaque exemplaire, jusqu'à concurrence de 3.000, la somme de 50 centimes ; les exemplaires en sus seront payés un franc. L'exploitation de l'ouvrage, qui aura pour titre Contes de la Bécasse, aura une durée de neuf années. » Peu de temps après, craignant que ce volume ne fût un peu grêle, l'auteur se disait disposé à y joindre deux contes supplémentaires, et suffisamment longs. C'est ce qu'il fit : il s'agissait de Saint-Antoine, et de L'Aventure de Walter Schnaffs.

Tous ces contes, sans exception, ont paru dans deux journaux, Le Gaulois et Gil Blas, en l'espace de moins d'un an : le premier, Un fils publié sous le titre Père inconnu, et dans une version écourtée, dans Gil Blas du 19 avril 1882, le dernier, L'Aventure de Walter Schnaffs, le 11 avril 1883 dans Le Gaulois, alors que le contrat d'édition était déjà signé avec Éd. Rouveyre et G. Blond. Maupassant n'a pas trente-trois ans : c'est l'époque où, sur un terrain que lui a cédé sa mère, il se fait bâtir, près d'Étretat, la villa de La Guillette, dans laquelle, fuyant Paris et ses mondanités frivoles, il se réfugie, en compagnie de François, le serviteur fidèle, retrouvant (ou croyant retrouver) une vigueur, une santé nouvelles, au contact de la terre natale, de la verdure inépuisable, des embruns et des coups de vent de la côte toute proche. Sa santé est à peine encore altérée : il a dû, voilà peu (1877), prendre les eaux à Louèche, ses yeux lui font mal, et il a déjà recours à l'éther pour endormir ses douleurs et dissiper ses premières obsessions. Mais il est le romancier fêté, adulé, de cette société parisienne qu'il a su si bien peindre, et qui préfigure celle de la Belle-Époque. Il a conservé toutefois cette fringale de grand air, de bonne vie facile, de plaisanteries de collégien et de canotier (du grand aîné, il garde, présentes à la mémoire, les farces et gaudrioles mises au compte du mythique Garçon). Dès lors, comment s'étonner que la plupart des contes de ce nouveau recueil aient pour décor la Normandie natale et retrouvée, et que d'autre part, ainsi qu'il dit lui-même dans la réclame (qui est une manière de Prière d'insérer), ces contes aient presque tous une tonalité gaie, voire rabelaisienne ? Et de fait, les deux tiers de ces contes sont des contes normands (La Bécasse, La Folle, Pierrot, Farce normande, Les Sabots, En Mer, Un Normand, Aux champs, Un coq chanta, Saint-Antoine, L'Aventure de Walter Schnaffs) ; Un fils a pour théâtre la Bretagne voisine ; si Ce Cochon de Morin se situe dans les Charentes, Le Testament et La Rempailleuse, contes provinciaux comme tant d'autres, pourraient aussi bien se dérouler en Normandie : je dirai plus loin pourquoi le pharmacien Chouquet, triste héros du roman d'amour d'une bohémienne rempailleuse, pourrait tenir à la terre normande ; seuls Menuet et La Peur tranchent nettement, sous cet aspect : le premier a pour cadre la pépinière du Luxembourg, à Paris, les deux parties du second se situent successivement au Sahara et dans la forêt ardennaise.

Commenter ce livre

 

28/08/2013 255 pages 2,70 €
Scannez le code barre 9782081309395
9782081309395
© Notice établie par ORB
plus d'informations