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Les sautes d'humour de Jane Austen

Jane Austen, Dominique Enright

Sous le couvert d'intrigues sentimentales, Jane Austen (1775-1817) se considérait comme une romancière comique armée d'un solide bon sens. Voilà pourquoi elle a si bien décortiqué la nature humaine sans jamais sortir de son milieu, la gentry anglaise. Ces petites gourmandises tirées de ses livres et de sa correspondance nous apprennent beaucoup sur cette célibataire espiègle et discrète, mais elles nous expliquent surtout comment gouverner notre vie avec le sourire en conciliant raison et sentiments. Car plus que de bals et de modes, de livres et de lectures, il est question ici de mariages et de vanités, de relations encombrantes et d'amitiés précieuses.

Par Jane Austen, Dominique Enright
Chez Payot

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Editeur

Payot

Genre

Humour

 

 

 

 

 

 

 

AVANT-PROPOS

 

 

 

« Cette jeune dame a le don le plus extraordinaire qu’il m’ait été donné de rencontrer pour décrire les relations, les émotions et les personnages de la vie ordinaire. La veine épique et grandiloquente, je peux m’en charger comme tant d’autres de nos jours, mais cette exquise délicatesse qui rend les choses et les gens ordinaires intéressants dans leur banalité, grâce à la vérité de la description et des sentiments, m’est refusée », notait Walter Scott à propos de Jane Austen, le 14 mars 1826 dans son journal.

Elle était morte neuf ans plus tôt et il venait de relire Orgueil et préjugés « pour la troisième fois au moins ». Depuis, les romans du grand homme ont vieilli tandis que ceux de la discrète célibataire du Hampshire ne se démodent pas et sont volontiers adaptés à l’écran, au point qu’elle a été choisie comme parfaite représentante de la culture britannique pour succéder sur les billets de dix livres à un autre grand homme : Charles Darwin.

Laissons à ce dernier L’Origine des espèces et reconnaissons, comme Walter Scott, avec quelle acuité Miss Austen étudiait une seule espèce – les humains –, même si son champ d’observation se réduisait à son propre milieu social et aux événements du quotidien. N’y a-t-il pas tout un monde à explorer à partir d’une petite lamelle de microscope ? Il n’en fallait pas plus à Jane pour démonter et remonter les ressorts de l’âme, peindre des caractères universels et conter les éternelles complications de la vie privée.

Ni la Révolution française ni Napoléon ne l’inspiraient, bien que son cousin par alliance ait été guillotiné et que deux de ses frères aient combattu les Français. « Je dois m’en tenir à mon propre style, suivre mon propre chemin, car je ne réussirai peut-être jamais dans cette voie, mais je suis convaincue que j’échouerais totalement dans toute autre », répondait-elle à ceux qui l’encourageaient à entreprendre la rédaction d’un roman historique. Par souci de vraisemblance, elle ne se risquait pas à décrire un autre univers que le sien : elle appartenait à la gentry, petite noblesse non titrée mais nullement coupée de la haute noblesse.

Parce que les histoires de Jane Austen se déroulent au début du XIX e siècle, on oublie que, née en 1775 et morte en 1817, elle s’est attardée dans ce XVIII e anglais qui avait fait du bon sens et de son corollaire, l’humour, une philosophie de la vie. Elle a gouverné son existence et sa plume selon ces deux principes afin de concilier au mieux raison et sentiments. Dans Northanger Abbey, elle explique qu’un bon roman exige non seulement « une profonde connaissance de la nature humaine » mais aussi « les plus éclatantes démonstrations d’humour livrées au public dans un langage hautement choisi ». Sous le couvert d’intrigues sentimentales, les traits d’esprit sont plus perçants que les traits de l’Amour dans les livres d’une femme qui avait en horreur la sentimentalité facile.

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trad. Virginie Buhl
01/10/2014 155 pages 12,00 €
Scannez le code barre 9782228911610
9782228911610
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