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Genre
Sciences politiques
Préface
Oui, des réformes !
« Le réformisme n’est pas aujourd’hui une position minimaliste qui se résigne à faire du désordre du marché l’ordre des choses en se contentant de proposer des aménagements marginaux pour réparer quelques dégâts. Le réformisme porte au contraire la charge maximale de volontarisme politique, et même le grain d’utopie qu’il est aujourd’hui possible de défendre en tenant compte du principe de réalité. S’il est vrai que la version la plus flamboyante et la plus héroïque de la critique du capitalisme, l’alternative révolutionnaire, n’a plus cours, du moins dans le présent et dans un avenir prévisible, un réformisme résolu représente aujourd’hui l’orientation la plus avancée si l’on ne renonce pas à la volonté de lutter pour une société plus juste. Et si les chances qu’il l’emporte sur le réformisme libéral sont loin d’être assurées, son objectif au moins est clair : arriver à articuler dans un cadre social viable pour tous ces deux piliers de la modernité que sont et que restent le marché et le travail1. »
Les réformistes ont souvent mauvaise presse. Mais de qui parle-t-on ?
Autrefois, réformisme s’opposait à révolution. Il désignait une attitude pragmatique, proposant des avancées progressives, souvent des petits pas, sans cesse menacées de compromission face aux alternatives radicales et flamboyantes développées par les partis politiques révolutionnaires. Pour ces derniers, il semblait vain de chercher à améliorer le système existant, car il portait en lui les inégalités. Seul un basculement vers un autre système pouvait modifier la donne. La voie réformiste ne pouvait pas être une étape vers le grand soir puisqu’elle désolidarisait les groupes sociaux bénéficiaires d’améliorations partielles et compromettait la montée de la pression sociale et politique. Tout au long du xxe siècle, parallèlement à l’expérience du communisme, les partisans du réformisme sont ainsi apparus comme des faibles et/ou des sociaux-traitres.
Aujourd’hui la voie des réformes n’est plus l’apanage de progressistes non révolutionnaires, mais elle est prônée par ceux qui souhaitent des réformes structurelles. Ceux-ci se sont d’abord manifestés au sein d’organisations internationales telles que l’OCDE, le FMI ou, plus récemment, au sein de la Commission européenne. Un nouvel étendard est alors apparu, claquant au vent néolibéral : les réformes vantées et présentées comme des nécessités2 consistent à déréglementer, à démanteler les protections existantes au nom des bienfaits de la concurrence qui, à terme, devrait profiter à tous. Voici que les partisans des réformes, appuyés par le processus de mondialisation et d’interconnexion des marchés, sont devenus les ayatollahs du marché, traitant à leur tour les réticents de faibles.
Les réformistes d’aujourd’hui sont tout autant des irresponsables voire des dangers publics mais ce ne sont plus les mêmes et leurs motivations sont tout autres.
Extraits
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