Avant-propos
Monique Joecker [*]
La Maison des droits de l’enfant accueille la parole des jeunes. Celle-ci est – de plus en plus – révélatrice de situations familiales dans lesquelles la fonction parentale est malmenée, absente, ignorée. L’analyse de nos pratiques nous a amenés à solliciter un « éclairage » extérieur. Les écrits de Claire Neirinck, Gérard Poussin, Alain Bruel et Jacques Faget nous questionnent et ouvrent le champ de la réflexion.
« La parenté permet […] l’inscription généalogique de l’individu, son identité, désigne sa place et son rôle dans la société.
« Qu’est-ce qu’une mère ? Qu’est-ce qu’un père ? Le but n’est pas de répondre définitivement à cette question, mais de s’interroger effectivement sur la nature même de (leurs) fonctions. [Or, aujourd’hui] les fonctions paternelle et maternelle sont dévolues à des titulaires successifs, parfois en concurrence…
« On s’interrogera […] sur les raisons pour lesquelles la question de la parentalité réapparaît aujourd’hui.
« Les conditions de la vie moderne exercent (sur la famille) des pressions déstabilisantes, […] la précarité y apportant un effet multiplicateur important. » Le droit peut-il « sécuriser les liens familiaux […] et l’exercice de l’autorité parentale au quotidien » ?
Ces écrits proposent des pistes pour l’action. Aujourd’hui, « la parenté devient de la parentalité, en ce sens que ses conséquences deviennent son fondement : autorité parentale, obligation alimentaire et d’entretien et relation affective, dans l’adoption, les recompositions familiales, l’homoparentalité…
« Des initiatives actuelles, individuelles ou collectives, se donnent pour objectif de travailler la place des parents : médiation, lieux d’écoute, groupes de parole…
« Une politique de renforcement de la parentalité par information systématique des futurs parents, accompagnement de la parentalité en crise, suppose une nouvelle philosophie du travail social. »
Ces propositions s’inscrivent dans une actualité où la notion de famille évolue et où la prise de conscience de la fonction parentale est une composante socio-économique autant que juridique : co-parentalité, monoparentalité, homoparentalité peuvent-elles se décréter ?
Alors, parenté ou parentalité ? Devons-nous opposer ces deux termes, faut-il privilégier l’un d’eux ?
Les regards croisés qui nous sont proposés devraient permettre de redonner son sens à la fonction parentale. Nous souhaitons qu’ils contribuent à restaurer le fondement de la protection des droits de l’enfant.
Notes du chapitre
[*] ↑ Monique Joecker, vice-présidente de la Maison des droits de l’enfant.
Extraits
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