#Essais

De la parenté à la parentalité

Collectif

Il n'est pas très difficile de parler de parents, et donc de parenté, quand on est juriste : la notion relève incontestablement du droit. Il en va différemment de la parentalité. En effet, ce terme, bien que couramment employé par les sociologues, n'existe pas. Il s'agit d'un néologisme qui n'a reçu à ce jour aucune définition, ni dans un dictionnaire de langage usuel, ni comme terme juridique. Toutefois, le recours à cette notion nouvelle révèle une demande, un besoin, bref une évolution qui traduit les préoccupations sociétales face à une fonction parentale aujourd'hui souvent malmenée, alors qu'apparaissent de nouvelles configurations familiales (monoparentalité, homoparentalité, familles recomposées...). Alors parenté ou parentalité ? Devons-nous opposer ces deux termes ou privilégier l'un d'eux ? Juristes, psychologues et sociologues s'attachent ici à définir ces notions et leurs avatars, tels que les éclairent leurs pratiques professionnelles. Leurs regards croisés devraient permettre de redonner un sens à la fonction parentale et de restaurer le fondement de la protection des droits de l'enfant.

Par Collectif
Chez Eres

0 Réactions |

Editeur

Eres

Genre

Couple, famille

 

 

 

 

 

Avant-propos

 

 

Monique  Joecker [*] 

 

 

La Maison des droits de l’enfant accueille la parole des jeunes. Celle-ci est – de plus en plus – révélatrice de situations familiales dans lesquelles la fonction parentale est malmenée, absente, ignorée. L’analyse de nos pratiques nous a amenés à solliciter un « éclairage » extérieur. Les écrits de Claire Neirinck, Gérard Poussin, Alain Bruel et Jacques Faget nous questionnent et ouvrent le champ de la réflexion.

« La parenté permet […] l’inscription généalogique de l’individu, son identité, désigne sa place et son rôle dans la société.

« Qu’est-ce qu’une mère ? Qu’est-ce qu’un père ? Le but n’est pas de répondre définitivement à cette question, mais de s’interroger effectivement sur la nature même de (leurs) fonctions. [Or, aujourd’hui] les fonctions paternelle et maternelle sont dévolues à des titulaires successifs, parfois en concurrence…

« On s’interrogera […] sur les raisons pour lesquelles la question de la parentalité réapparaît aujourd’hui.

« Les conditions de la vie moderne exercent (sur la famille) des pressions déstabilisantes, […] la précarité y apportant un effet multiplicateur important. » Le droit peut-il « sécuriser les liens familiaux […] et l’exercice de l’autorité parentale au quotidien » ?

Ces écrits proposent des pistes pour l’action. Aujourd’hui, « la parenté devient de la parentalité, en ce sens que ses conséquences deviennent son fondement : autorité parentale, obligation alimentaire et d’entretien et relation affective, dans l’adoption, les recompositions familiales, l’homoparentalité…

« Des initiatives actuelles, individuelles ou collectives, se donnent pour objectif de travailler la place des parents : médiation, lieux d’écoute, groupes de parole…

« Une politique de renforcement de la parentalité par information systématique des futurs parents, accompagnement de la parentalité en crise, suppose une nouvelle philosophie du travail social. »

Ces propositions s’inscrivent dans une actualité où la notion de famille évolue et où la prise de conscience de la fonction parentale est une composante socio-économique autant que juridique : co-parentalité, monoparentalité, homoparentalité peuvent-elles se décréter ?

Alors, parenté ou parentalité ? Devons-nous opposer ces deux termes, faut-il privilégier l’un d’eux ?

Les regards croisés qui nous sont proposés devraient permettre de redonner son sens à la fonction parentale. Nous souhaitons qu’ils contribuent à restaurer le fondement de la protection des droits de l’enfant.

 

 

Notes du chapitre

[*] ↑  Monique Joecker, vice-présidente de la Maison des droits de l’enfant.

Commenter ce livre

 

19/09/2001 94 pages 7,00 €
Scannez le code barre 9782865869503
9782865869503
© Notice établie par ORB
plus d'informations