#Polar

Mauvais garçon

Laurent Bettoni

PREMIER DE LA CLASSE LE JOUR, BAD GUY LA NUIT Thomas est jeune et pauvre. Il croupit dans une cité de banlieue livrée à la pègre où il deale du shit pour le caïd local, afin de nourrir sa famille. Thomas est brillant et travailleur. Fraîchement diplômé d'études politiques, il cherche un travail honnête à la hauteur de ses compétences, mais les portes lui restent closes. La zone le rejette, car il n'en fait plus partie. La bonne société le rejette car il n'en a jamais fait partie. Alors, où est sa place ? Grâce à son ancien professeur d'université qui le prend sous son aile, il va peut-être finir par la trouver. Mais à quel prix ? Est-il prêt à renier tous ses idéaux et à commettre les pires horreurs pour échapper à la misère qui lui colle après comme une seconde peau ? Mauvais garçon raconte l'histoire d'un endoctrinement, d'une radicalisation, d'une manipulation mentale. Il raconte aussi l'histoire d'une romance urbaine dans laquelle règne la confusion des sentiments, entre un maître et son disciple, entre deux jeunes femmes et un jeune homme. Il raconte surtout l'histoire d'une société qui, en fabriquant de l'injustice, enfante des monstres.

Par Laurent Bettoni
Chez La mécanique générale

0 Réactions | 10 Partages

Genre

Romans noirs

10

Partages

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Thomas avait détalé dès qu’il avait vu les types s’approcher, l’air de rien. Depuis le temps, il avait appris à repérer les flics à mille lieues à la ronde. Ils avaient beau jouer les infiltrés et se croire aussi crédibles que dans les films américains, il les flairait sans difficulté.

Il s’était mis à courir dans une direction, tandis que le mec à qui il avait refourgué l’herbe avait tracé dans la direction opposée.

C’était le réflexe, quand on se faisait gauler, chacun une direction différente, histoire de diviser le nombre de poursuivants. Dans la mesure où les condés opéraient par deux, comme les couilles, ça se terminait en une course à un contre un, à l’issue de laquelle, bien souvent, revendeur et acheteur s’évanouissaient dans la nature.

Tout en cavalant comme un dératé, Thomas se demandait si les poulets avaient recruté des champions olympiques de sprint. L’enfoiré qui lui collait aux basques ne le lâchait pas, et Thomas avait même le sentiment que son avance sur lui fondait progressivement.

C’était bien sa veine. Qu’est-ce que ces deux blaireaux foutaient dehors à cette heure-là ? Six heures et demie du matin… Ils devaient finir leur nuit et tentaient un petit coup de zèle, un baroud d’honneur avant de rentrer au poulailler.

« Police ! hurla le gars, entre deux foulées.

— Tu déconnes ? souffla Thomas. Merci, j’avais pas deviné. »

Ils les recrutent plus rapides, mais toujours aussi cons, songea-t-il. Il trouva la force d’accélérer et bifurqua vers les tours de La Pléiade. S’il parvenait à atteindre son territoire avant de se faire serrer, il sauverait sa peau. Le keuf ne s’aventurerait pas seul dans la cité, au risque de manger sévère. Con, O.K., mais jusqu’à un certain point. Il y avait des limites. Et ces limites suivaient précisément celles de l’espace défini par les barres HLM que Thomas avait à présent en ligne de mire.

Entre elles et lui s’interposa soudain un gars qui promenait son clébard. Le chien était un labrador à l’air bonhomme. Le bonhomme, en revanche, avait l’air d’être un véritable chien. Il se fléchit un peu sur ses jambes, face à Thomas, et écarta ses bras, comme un gardien de but qui s’apprête à intercepter un pénalty. « Viens ici, mon salaud », brailla-t-il. Charles Bronson dans Un justicier dans la ville.

« Dégage ! cria Thomas, qui n’avait plus le temps de l’éviter.

— Je vais te chop… »

Le coup de coude que Thomas, emporté par son élan, lui expédia dans le plexus solaire lui coupa la chique, la respiration et les pattes. Le pépère à son Youki ferma sa grande gueule, suffoqua, effectua un vol plané en arrière et s’écrasa sur le trottoir. Thomas n’avait pas dévié sa course d’un millimètre. Il repensa à l’un de ses cours de physique sur l’énergie cinétique et se marra intérieurement. « Ec = 1/2 mv2, enculé ! » lança-t-il à Bronson, en continuant sa cavalcade.

Commenter ce livre

 

05/05/2022 329 pages 9,90 €
Scannez le code barre 9791095776406
9791095776406
© Notice établie par ORB
plus d'informations