Changer en famille. Les modérateurs et les médiateurs du changement en thérapie familiale

Préface

Robert Pauzé

Ph. D. Université de Sherbrooke Québec, Canada

« Changer en famille : les modérateurs et les médiateurs du changement en thérapie familiale » : ce titre interpelle tout thérapeute familial qui réfléchit sur sa pratique clinique et qui cherche à comprendre pourquoi, dans certaines situations, les choses évoluent positivement, alors que dans d’autres rien ne semble fonctionner. La lecture de ce livre permet de comprendre que la qualité de la relation thérapeutique qui peut s’établir entre un thérapeute et la famille ne dépend que très partiellement des techniques et des théories du thérapeute. Elle dépend plutôt de son habileté à s’allier avec chacun des membres de la famille en trouvant chez chacun son humanité, à s’ajuster à la culture familiale, à utiliser ce qui émerge en lui pour trouver des manières différentes d’interagir, de voir, de comprendre et de se relier au monde. C’est donc un livre essentiel pour les formateurs qui invitent les étudiants à travailler à la fois à l’acquisition de connaissances théoriques et pratiques mais également à l’acquisition de connaissances sur eux-mêmes, et sur l’art d’utiliser les compétences relationnelles et celles de la famille pour créer un contexte permettant à tous les membres du système thérapeutique de prendre des risques afin de sortir d’impasses et de poursuivre leur évolution.

Ce qui caractérise cet ouvrage, c’est l’ampleur, la diversité et la pertinence de la documentation qui a été recensée. Sa lecture permet d’appréhender un domaine d’étude essentiel, novateur, complexe et toujours en évolution. D’entrée de jeu, Nathalie Duriez raconte l’histoire des recherches sur les psychothérapies, présente les différentes phases dans l’avancée de ces travaux, et décrit les recherches les plus importantes qui ont été réalisées dans ce champ. Elle introduit les concepts de variables modératrices et médiatrices pouvant être impliquées dans le processus thérapeutique. Elle nous prépare à envisager la relation thérapeutique comme s’il s’agissait d’une danse où le rythme et la sensibilité sont indispensables à l’esthétique et où la rigueur des pas reflète l’éthique du thérapeute. Il s’agit d’une mine d’informations pour quiconque veut se mettre à jour sur ce qui a été fait jusqu’à maintenant dans ce champ de recherche.

Il s’agit aussi d’un livre qui arrive à un moment où le mouvement de la thérapie familiale doit tourner son attention, non plus sur le développement de nouvelles approches et de nouveaux concepts théoriques, mais sur ce qui se passe dans la rencontre entre le thérapeute et la famille à l’intérieur du système thérapeutique, sur ce qui contribue à la résolution des problèmes et à l’évolution positive des familles. En présentant la méthodologie de l’étude de cas, Nathalie Duriez propose un outil, ouvre une voie possible aux thérapeutes familiaux qui souhaitent questionner leur pratique quotidienne, valider leur perception du travail qu’ils font avec les familles, évaluer l’impact de certaines stratégies thérapeutiques et mieux comprendre comment et pourquoi les familles qu’ils rencontrent évoluent. Il est essentiel que les thérapeutes familiaux rendent explicite ce qu’ils font, et qu’ils fassent la preuve de la portée de leur action. La survie du mouvement de la thérapie familiale passe par sa mise à l’épreuve scientifique.