#Essais

Rencontrer l'autre parent. Les droits de visite en souffrance

Serge Bédère, Madie Lajus, Benoît Sourou

Pour l'enfant de parents séparés ou en conflit, les deux sources de sa filiation se sont disjointes et il a besoin de « passeurs » pour retrouver son chemin par des sentiers effacés ou interdits. C'est un travail difficile, complexe, à l'issue incertaine que l'équipe du Point rencontre de Bordeaux accomplit en pionnier depuis sa fondation en 1986. Même si les droits de visite prescrits par le juge ne sont pas toujours réalisés, si de « bonnes » relations entre parents et enfants ne sont pas toujours rétablies, les intervenants garantissent par leur présence et leur discours la place de l'autre parent face à l'hostilité, au mépris ou au déni. Ils permettent à la plupart des enfants concernés de restaurer un lien familial, dans l'objectif que ces familles puissent se passer ultérieurement de leur concours.

Par Serge Bédère, Madie Lajus, Benoît Sourou
Chez Erès

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Editeur

Erès

Genre

Psychologie, psychanalyse

 

 

 

 

 

Introduction

 

 

Madie Lajus [*]

 

Des affaires non conclues, des colis non retirés ou des marchandises ne pouvant atteindre leur destinataire sont dits « en souffrance ». Curieusement, ce terme s’applique à des objets inanimés. Comme il paraît plus pertinent s’appliquant à des êtres humains !

Bien des parents ont attendu en vain sur un quai de gare ou sur le trottoir devant une porte close un enfant jamais remis en mains propres. Bien des enfants ont attendu en vain, au lieu prévu, un père ou une mère absent parce que malade, indifférent ou honteux. On voit aussi des enfants déposés comme un colis par un parent qui dénie tout sentiment humain à son ancien conjoint.

De tous ceux-là, on peut bien dire qu’ils sont en souffrance aux deux sens du terme. Comment les remettre sur le chemin d’une vraie relation, comment faire pour que la souffrance ne soit pas stérile ou destructrice ?

Pour l’enfant de parents séparés ou en conflit, les deux sources de sa filiation se sont disjointes et il a besoin de « passeurs » pour retrouver son chemin par des sentiers effacés ou interdits. C’est un travail difficile, complexe, à l’issue incertaine, mais qui s’est révélé fertile pour un nombre croissant de familles.

C’est la tâche que s’est assignée l’équipe du Point Rencontre de Bordeaux depuis sa fondation en 1986. Certes, les droits de visite prescrits n’ont pas toujours été réalisés, nous n’avons pas toujours rétabli de « bonnes » relations, mais nous avons toujours garanti par notre présence et par notre discours la place de l’autre parent face à l’hostilité, au mépris ou au déni. Pour la plupart des enfants concernés, nous avons permis de restaurer un lien familial, le signe de notre succès étant que ces familles puissent se passer ultérieurement de notre concours.

Un autre signe de succès fut aussi le développement rapide d’autres Points Rencontre dans toute la France.

 

 

Avant le Point Rencontre

 

Les droits de visite en souffrance ne datent pas de 1986 et d’autres ont eu avant nous le souci des enfants de parents séparés.

Pierre Martaguet, magistrat, a été le créateur de la première Chambre de la famille en France, celle de Bordeaux, en 1970. À l’époque où il était juge des enfants à Bordeaux et membre du CA de l’Association française des centres de consultation conjugale, il avait demandé à Odile Fonsale, conseillère conjugale, d’être assesseur au tribunal pour enfants. En 1976, il avait souhaité et obtenu la présence d’une conseillère conjugale au palais de justice lors des tentatives de conciliation pour venir en aide aux couples en conflit. Comme il avait l’expérience des droits de visite « en souffrance », il suggérait aux conseillères et thérapeutes de couples d’élargir leur travail aux enfants du divorce. « Ah, si quelqu’un pouvait rencontrer les acteurs des visites du week-end… », disait-il souvent. Nous ne nous estimions pas préparés à ce rôle mais notre pratique des conflits conjugaux nous avait amenés à constater le déplacement du conflit sur les enfants, avec toutes ses conséquences pathogènes.

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13/10/2011 222 pages 23,50 €
Scannez le code barre 9782749214672
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