#Essais

Mixite filles-garçons : réussir le pari de l'éducation

Jean-Pierre Francois

Deux constats préoccupent fortement aujourd'hui parents, enseignants et membres de l'Éducation nationale, éducateurs sociaux et judiciaires, responsables de MJC, centres sociaux, maisons de quartiers... D'une part, les filles sont victimes d'incivilités, pressions diverses, harcèlements ; d'autre part, les garçons obtiennent de moins bons résultats qu'elles dans bien des domaines. Cependant, devant cet état des lieux inquiétant et incontestable, il est hors de question de se laisser aller à la facilité et d'abandonner la mixité filles-garçons. L'auteur démontre qu'on peut réussir cette impérieuse obligation dans tous les lieux d'éducation, quels qu'ils soient.

Par Jean-Pierre Francois
Chez Erès

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Editeur

Erès

Genre

Psychologie, psychanalyse

 

 

 

 

 

 

1. La fin d’une illusion ?

 

 

« Tout le monde ne sait pas douter : on a besoin de lumière pour y parvenir et de force pour s’en tenir là. »

(Fontenelle)

 

 

Le débat est clos, semble-t-il. Le verdict est tombé : le bien-fondé de la nécessaire mixité garçons-filles en éducation doit être radicalement remis en cause. Il s’agit, nous dit-on en l’occurrence, d’une illusion trompeuse, et même dangereuse, qu’il faut absolument dissiper. On constate, nous dit-on, un échec patent : non seulement la mixité sexuée ne permet pas une meilleure reconnaissance réciproque d’un sexe par l’autre et ne réalise pas de façon évidente l’égalité hommes-femmes, mais, plus grave encore, elle engendre des effets pervers, exacerbe les antagonismes garçons-filles nés de leur coéducation et de leur confrontation quotidienne à leurs différences, accentue ainsi le repli craintif ou hostile de chacun vers son sexe d’appartenance, et laisse place à des manifestations sexistes ou homophobes.

En un mot, loin d’être une réussite dans un apprentissage positif des rapports hommes-femmes, la mixité en éducation contribuerait à une tension qui tôt ou tard, peu ou prou, conduirait à leur dégradation. D’où la sentence sans appel, subrepticement, mais avec insistance, suggérée ici [1]  ou affirmée là brutalement et sans nuances : il ne faut plus croire à la mixité en éducation ; on ne peut plus, on ne doit plus éduquer ensemble les filles et les garçons ; il faut cesser de continuer à l’imposer.

Attention ! Qu’on ne s’y trompe pas : sont ainsi visés tous les lieux d’éducation, quels que soient les cadres, les structures, les institutions : l’école évidemment et en premier lieu, mais encore les centres de vacances et de loisirs, les maisons de quartier, les clubs sportifs ou artistiques…

On peut avoir tendance à sourire de telles affirmations – si défensives, si réductrices, si catégoriques –, à s’en moquer : effet de mode, discours convenu dans l’air du temps ? Plaisir de s’affirmer à contre-courant de la pensée perçue comme majoritaire, de s’autoproclamer avant-gardiste, lucide et réticent à la doxa ?

François Dubet n’hésite pas, lui : il se moque de ces postures et persifle, narquois : « Quelle révélation ! À y regarder de près, les filles et les garçons sont différents, et l’on vient de le découvrir après trente ans de mixité scolaire ! À l’école, les filles travaillent mieux que les garçons, ce qui pénalise les garçons et gêne les filles. De leur côté, les garçons “embêtent” les filles. Au fond, les uns et les autres perdent dans cette histoire [2] . »

On peut s’en inquiéter aussi : l’éducation en général serait-elle la source de tous les défauts et échecs de la société et, ici en particulier, serait-elle la cause de toutes les inégalités, les injustices, les souffrances infligées aux filles et aux femmes ?

On peut s’en étonner enfin : de tels méfaits, de telles dérives n’existaient pas bien sûr avant la mise en place de la mixité éducative ! Était-ce donc si néfaste et si peu visible ? Aurait-on mis tant de temps à s’en apercevoir ?

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06/10/2011 215 pages 20,50 €
Scannez le code barre 9782749214658
9782749214658
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