Introduction
Une architecture [1] de relations
Étape intermédiaire dans le rapprochement des disciplines autour de la naissance, cet ouvrage n’a pour objectif que de ponctuer un effort de réflexion collective. Il ne se présente pas comme une théorie arrêtée, mais veut rendre compte d’une lente élaboration, affinée par la mise à l’épreuve d’hypothèses cliniques et d’outils de pensée, au plus près de l’expression par les sujets concernés de ce qui les soutient dans leur dynamique de vie : parents, enfants, soignants de toutes disciplines, aux étapes cruciales de la procréation et de la petite enfance. Il s’adresse donc à l’ensemble des acteurs de la périnatalité, dans tous les champs concernés, en espérant que ce retour prenne sens pour chacun d’entre eux, puisque tel est le but poursuivi. Par là, ce livre se veut un hommage à tous ceux qui ont enrichi la compréhension des processus humains, de leur place souvent modeste dans la hiérarchie des soins, sans même imaginer la valeur de leurs propos. Les discussions propres au monde spécialisé dans la vie mentale stricto sensu en restent ici au lancement d’axes de réflexion, à explorer dans un autre cadre.
Il y est question de subjectivité et d’intersubjectivité, au sein d’une médecine qui doit rester suffisamment objective pour maîtriser au mieux le risque vital. Cet ouvrage accompagne un texte synthétique [2] rédigé à l’issue d’expériences répétées – durant près de quinze ans – d’analyse prospective de situations complexes, en interdisciplinarité, qui ont apporté à la clinique de la naissance une rigueur remarquable, dans un va-et-vient d’émission puis de validation des hypothèses évolutives. Dans cet effort pour apprendre à penser ensemble, l’expression des parents a charpenté l’organisation des liens et structuré le croisement des disciplines. Leur témoignage après coup, le devenir de leur enfant seront la garantie d’une adéquation suffisante – ou non – entre leurs attentes parfois implicites et l’intuition active de ceux qui les ont accompagnés. Notre implication, comme pédopsychiatres, auprès d’enfants porteurs de troubles dans leur développement global, ou de mères souffrant de dépression postnatale, s’avère extrêmement précieuse : elle nous a offert et nous offre encore une opportunité de valider et d’enrichir les hypothèses formulées en période périnatale.
Pourquoi une telle démarche, plutôt qu’une référence à l’un des nombreux corpus théoriques préétablis concernant la vie mentale – ou le développement de l’enfant ? Pourquoi ne pas se décentrer plus vite et ne pas inscrire les processus psychiques dans un cadre plus général d’abstraction ? Il nous a paru indispensable de rester prudents et de stabiliser d’abord l’analyse des emboîtements complexes d’une multiplicité de registres, spécifiques à la clinique de la naissance, dont chacun sait qu’il s’agit d’un événement biologique, social, psychique, ces trois composantes nous paraissant étroitement intriquées selon des modalités qu’il fallait mettre à plat. De plus, l’évolution des contextes institutionnels oblige à préciser de nouveaux paramètres qu’aucune théorie à notre connaissance n’a encore organisés en « savoir constitué ». Le tournant opéré par le Plan périnatalité 2005-2007 permettra peut-être de stabiliser la structure environnementale dans laquelle s’engagent les couples lors d’un projet d’enfant, environnement d’autant plus complexe que le processus de reproduction s’avère lui-même complexe selon les cas.
Extraits
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