A Corinne Angel, ma mère qui a su me guider
et me garder sa confiance, de près comme de loin.
À Andrea Leers, qui toujours m’inspire, me soutient
et étend mon horizon.
Villefranche-de-Rouergue est une bastide moyenâgeuse du xiiie siècle, campée entre Rodez et Cahors, au bord de la rivière Aveyron. C’est une sous-préfecture bourgeoise du sud-ouest qui a su conserver, tout l’attrait de son architecture médiéval. Le centre de la bastide est un réseau d’étroites ruelles en pente qui descendent jusqu’à l’Aveyron
Le cœur de la petite ville est la place Notre-Dame. L’impressionnant clocher fortifié de l’église que l’on nomme la Collégiale domine la place. Il surplombe les toits de tuile de la ville et toute la région environnante. La place est encadrée d’arcades surmontées de demeure de style gothique flamboyant ou Renaissance. Le jeudi, jour de marché, l’endroit résonne des accents chantant du sud, des conversations en occitan des fermiers, et des gloussements de volailles.
Une suite de boulevards sur l’emplacement des anciens remparts forment un tour de ville. Deux ponts de pierres enjambent la rivière pour atteindre la place de la République et la gare du chemin de fer.
La région du Rouergue était alors un pays rural et pauvre, imprégné de traditions rustiques. La mentalité aveyronnaise, bien qu’individualiste et conservatrice, était principalement catholique. Au moment de l’armistice, en juin 1940, on y a choisi de faire confiance au maréchal, puis la vie a repris.
Pendant l’exode, la petite ville de 9,000 habitants s’est vue soudain enfler de plus de 2,000 replacés, comme on appelait alors les réfugiés. Il y avait parmi ceux-ci, des juifs qui se cachaient en cherchant à faire oublier leurs origines.
Avec le gouvernement installé à Vichy, la religion catholique avait retrouvé la place d’honneur d’où elle avait été détrônée par la poursuite de la laïcité. L’enseignement religieux refaisait partie de l’enseignement public. Aux côtés de la photo du maréchal, le crucifix réapparaissait aux murs des classes, et des bâtiments publics. Comme ailleurs, on rejetait le blâme des effets de l’occupation sur les communistes, les juifs et les francs-maçons. On accusait aussi les instituteurs, ces défenseurs farouches de la laïcité. Il n’était plus question de liberté, d’égalité et de fraternité. La nouvelle devise du gouvernement de Pétain, qui voulait imposer ses idées étroites était : Travaille, Famille, Patrie. On affirmait que la principale cause du manque de natalité était l’insuffisance de religion. Les lois sur l’avortement et contre le divorce étaient renforcées de manière outrancière. L’adultère n’était plus un motif qui obligea un juge à prononcer le divorce. On guillotinait les faiseuses d’anges, ces femmes qui pratiquaient des avortements clandestins. Les pères de familles nombreuses étaient cités en exemple, on dénonçait l’égoïsme des couples sans enfants.
Extraits
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