Prologue
Forêt de Murk, Écosse Il y a de cela plusieurs siècles…
Au cœur d’une forêt obscure, bâtie sur une terre acide, se trouvait une chaumière enchantée. À l’intérieur, Uilleam MacRieve, dit Will, s’apprêtait à se disputer avec sa femme, lady Ruelle.
Une fois de plus.
Tandis que, dehors, le blizzard s’intensifiait, Will, assis au bord du lit, se préparait à livrer bataille.
— Encore une fois, juste une petite fois, mon amour, soupira Ruelle en laissant glisser le drap de soie pour révéler ses seins nus.
Autrefois, le spectacle de cette chair si généreuse aurait mis Will dans tous ses états, mais plus maintenant. Il fronça les sourcils devant les minauderies de sa femme.
— Tu sais bien que je ne peux pas rester.
Elle continuait de minauder. Ne voyait-elle donc pas qu’elle l’avait déjà épuisé ce soir ?
— L’aube est encore très loin, souffla-t-elle en se mettant à genoux pour venir lui susurrer à l’oreille : Je ne te retiendrai pas longtemps.
Elle avait un accent évocateur de contrées lointaines.
Dans les terres du Nord des Lycae, Ruelle était une rareté, étrangère vêtue de dentelles et de soieries qui ignorait le maniement de l’épée. Elle vivait seule ici, en pleine forêt de Murk, où ronds de sorcières et malédictions étaient légion, où s’ouvraient des portails vers d’autres dimensions et des créatures aussi vieilles que le temps que même les Lycae craignaient.
Si les pas de Will l’avaient conduit jusqu’à cette étrange forêt, la première fois, c’était uniquement parce que d’autres jeunes gens l’avaient mis au défi de le faire.
— Encore une fois ?
Il se leva pour aller se laver, doutant d’avoir la force d’un nouvel affrontement. Non, pas d’un affrontement. Pour cela, il aurait fallu être deux.
— Et ensuite, tu voudras une autre fois encore.
Même s’il en était physiquement capable, il devait regagner le château de Conall avant que sa famille ne s’aperçoive de son absence.
— J’ai déjà trop cédé.
Devant le lavabo, il leva les yeux vers l’immense miroir – Ruelle n’était pas dénuée de vanité – et la regarda, derrière lui. À la lumière du feu, ses pommettes et ses lèvres étaient du même rouge et soulignaient son teint laiteux et le gris de ses yeux.
Elle eut une jolie moue. Tout ce qu’elle faisait était joli, même l’amour, contrairement aux traînées que ses cousins troussaient régulièrement dans le grenier à foin.
Après leurs ébats, le contentement alourdissait les paupières de ces filles. Leur visage et leur poitrine étaient empourprés par l’exercice ; elles étaient échevelées, débraillées, comme si elles venaient de livrer bataille.
Ruelle n’était jamais comme cela. Avec un pincement au cœur, il songea qu’elle n’était jamais complètement… satisfaite, quand il la quittait.
Elle tentait souvent de le convaincre de lui refaire l’amour, encore et encore, jusqu’à ce qu’il soit épuisé.
Extraits
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