#Essais

Théorie des relations internationales. 4e édition revue et augmentée

Dario Battistella, Jérémie Cornut, Elie Baranets

Destiné aux étudiants et aux enseignants en relations Internationales et en science politique, ainsi qu'aux diplomates et aux journalistes, cet ouvrage se propose d'éclairer la compréhension du monde contemporain à partir des théories des relations internationales. Pédagogique et exhaustif, il rappelle l'environnement intellectuel et historique de cette discipline savante, présente ses principaux paradigmes, concepts et débats structurants, avant de s'interroger sur les liens entre théorie et pratique et sur les défis que posent les mutations de ce début de XXIe siècle. Chaque chapitre est accompagné de bibliographies commentées qui, jointes à la bibliographie générale, renvoient le lecteur aux textes fondamentaux et de seconde main qui compléteront ce tour d'horizon. Actualisée et augmentée, cette quatrième édition met à jour l'ensemble des analyses et propose un nouveau chapitre sur l'état des relations internationales en France.

Par Dario Battistella, Jérémie Cornut, Elie Baranets
Chez Les Presses de Sciences Po

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Genre

Sciences politiques

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Première partie :

 

Les Relations internationales comme science sociale

 

 

 

 

 

 

Chapitre 1.

Théorie et relations internationales

 

« L’anarchie est le trait fondamental de la vie internationale et le point de départ de toute réflexion théorique sur celle-ci. »

Hedley Bull [1]

 

 

Considérer les Relations internationales [2] comme une science sociale ne va pas de soi [3] . Non pas tellement parce que les Relations internationales comme discipline appartiennent à l’univers des discours savants, alors que les relations internationales comme objet appartiennent à celui des pratiques politiques qui, en permanence, viennent tout à la fois enrichir et gêner l’analyse scientifique, comme le rappelle l’actualité de ces vingt-cinq dernières années, de la chute du mur de Berlin, qu’aucun paradigme cognitif n’a su prévoir, aux attentats du 11 septembre 2001 qui interpellent toutes les théories existantes, sans oublier l’opération Iraqi Freedom qui, fait suffisamment rare pour mériter d’être souligné, a vu se mobiliser, en vain certes, la fine fleur des internationalistes américains, réalistes en tête [4] . En effet, un tel positionnement n’est pas propre aux seules Relations internationales, mais à l’ensemble des sciences sociales, de la sociologie aux sciences économiques en passant par la science politique. Si la légitimité des Relations internationales fait débat, c’est parce que toute science sociale, et toute science d’ailleurs, se définit d’abord par un domaine d’étude délimité et une démarche scientifique reconnue, autrement dit par l’existence d’un degré d’entente relativement élevé sur « quoi étudier ? » – consensus ontologique – et « comment l’étudier ? » – accord épistémologique [5]  : or, en Relations internationales plus qu’ailleurs, cette double identification ne fait pas l’unanimité.

Pour ce qui est de la délimitation de l’objet d’étude des Relations internationales, le terme « international » pose à lui tout seul de redoutables problèmes. Ne serait-ce que parce que « international » est un adjectif dérivé de l’adjectif « national » : comment ne pas en déduire que ce qui se rapporte aux relations entre nations, entre États, entre sociétés, a une valeur, sinon négative, du moins résiduelle, par rapport aux relations se déroulant « à l’intérieur » d’une nation, d’un État, d’une société ?

Telle est la position adoptée par Yale Ferguson et Richard Mansbach qui n’hésitent pas, à partir du constat de la nature dérivée du terme « international », à conclure à l’impossibilité d’une discipline Relations internationales autonome : « La notion même d’ “international” ne peut être comprise que par rapport à ce qui n’est pas “national” ou “interne”. Même chose pour “transnational”, “interétatique”, politique “étrangère”. Un champ dont les concepts ne peuvent être définis que négativement ne saurait prétendre au statut de discipline [6] . » Davantage, et comme l’indique le titre révélateur de leur ouvrage The Elusive Quest. Theory and International Relations, ils affirment que les Relations internationales, dont l’objet d’étude n’est pas reproductible en laboratoire, ne sauraient prétendre énoncer des lois et répondre à l’impératif de réfutabilité qui caractérise une théorie scientifique, ce qui les amène d’emblée à qualifier d’illusoire toute théorie des Relations internationales.

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22/08/2012 760 pages 20,00 €
Scannez le code barre 9782724612592
9782724612592
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