Préface
L’avenir économique de la France sera industriel ou ne sera pas : telle est la conviction forte et à contre-courant de bien des idées reçues qu’exprime ici Pierre Gattaz, conviction à laquelle j’adhère pleinement.
Ne l’oublions jamais : l’industrie reste vitale pour notre croissance économique, nos exportations, nos emplois.
Elle concentre l’essentiel de notre effort de recherche-développement. Elle irrigue l’ensemble de notre tissu économique, exerçant un effet d’entraînement sur l’ensemble des secteurs d’activité. L’industrie française, ce sont aussi des champions mondiaux, un savoir-faire technologique reconnu, une créativité consacrée par la fameuse « French touch », une forte attractivité internationale de notre territoire.
Mais il faut regarder la réalité en face et avoir, comme Pierre Gattaz, la lucidité des hommes de terrain : notre industrie est aujourd’hui à la croisée des chemins et a devant elle de redoutables défis à relever. Ces défis, ces nécessaires mutations, je les ai vus et vécus au quotidien lorsque j’étais secrétaire d’État chargé de l’Industrie et de la Consommation, au moment où le monde se débattait dans l’une des plus graves crises économiques et financières des cinquante dernières années.
De nouveaux acteurs industriels sont entrés dans l’arène, qui viennent bousculer les positions les mieux établies. Avec la mondialisation, il n’y a plus de forteresses imprenables. La crise a mis à mal des pans entiers de notre industrie, tandis que de nouveaux marchés, de nouveaux besoins sont en train d’éclore sous nos yeux, notamment dans le développement durable.
Loin d’appeler la résignation et le déclin, ces mutations – aussi rapides soient-elles – peuvent se révéler de formidables opportunités. Pour peu que l’on sache les saisir.
Pierre Gattaz le démontre quotidiennement au sein de l’entreprise familiale qu’il dirige, tout comme dans ses fonctions de président de la FIEEC, en misant sur l’innovation, sur la qualité totale, sur la formation, sur le capital humain.
L’industrie dont il est question dans ce livre, ce n’est pas une institution lointaine et désincarnée, sans visages, sans racines et sans usines.
L’industrie, c’est d’abord une aventure collective, un destin commun qui lie des hommes et des femmes, autour d’un même projet: concevoir, fabriquer et vendre des produits. Une communauté qui s’inscrit dans un espace précis, celui de l’usine. Moi qui ai visité nombre d’entre elles lorsque j’étais à l’Industrie, je peux vous dire qu’elles ont une âme, celle que leur confèrent ceux et celles qui chaque jour y travaillent. « Il n’y a ni richesse ni force que d’hommes », écrivait dès 1576 Jean Bodin, premier économiste français, à propos de notre pays. Je crois que cette maxime vaut aussi pour nos entreprises et nos usines.
L’industrie dont nous parle Pierre Gattaz, c’est aussi une formidable expérience individuelle, marquée du sceau de l’excellence, du dépassement de soi, de l’exigence au quotidien, de l’humilité aussi. L’analogie avec le sport ou la démarche artistique me semble à cet égard pertinente : dans l’industrie aussi, les victoires d’un jour ne sont jamais des victoires définitives.
Extraits
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