#Roman jeunesse

La brume de Lima

Marie-Hélène de Cherisey

Une histoire vraie qui bouleversera les jeunes lecteurs. L'histoire de Josefina Condori au Pérou qui retrouve les parents des enfants abandonnés devenus invisibles. L'auteur, lors de son tour du monde avec ses 5 enfants, l'a rencontrée et raconte son histoire. Le portrait d'une personne qui, à sa façon, change le monde. Une texte fort qui sensibilisera les enfants d'aujourd'hui aux problèmes du monde qui les entoure. Un nouveau titre dans la collection à succès "L'avenir c'est nous".

Par Marie-Hélène de Cherisey
Chez Fleurus

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Editeur

Fleurus

Genre

Lecture 9-12 ans

 

 

 

 

 

Chapitre 1

Prisonnière à Lima

 

 

Lima, février 1974.

« Cric, crac », fait la clé dans la serrure.

« Tac, tac, tac », les talons de ma patronne sur le carrelage.

« Ouiiiin ! » le tout petit bébé dont je dois m’occuper, en haut, dans sa chambre.

Je tourne le dos à cette drôle de porte, fermée à clé. Je suis prisonnière. Les fenêtres du rez-de-chaussée ont toutes des barreaux. De toute façon, je suis perdue. Alors, à quoi bon m’enfuir ? Pour aller où ?

Avec les claquettes roses offertes par maman pour mon départ, je marche sur des carrés noirs et blancs, si brillants que je peux me voir dedans. Chez nous, dans les montagnes, les portes ne ferment pas et le sol est en terre.

J’ai vu Juan-Carlos Salazar, le cousin de maman, pour la première fois, le jour de l’enterrement de papa. Il ne ressemblait à aucun homme d’ici : très fin, la peau toute blanche, le sourire sucré, la moustache et la barbe bien dessinées, portant une veste noire, comme les croque-morts…

Il était riche, paraît-il.

À la sortie de la messe, il est venu saluer maman qui nous a présentées, moi et mes deux petites sœurs, Pamela et Carlotta.

Comme sa femme attendait son premier enfant, il lui a proposé de venir me chercher quand le bébé serait né.

− Huit ans, c’est un bon âge pour commencer ce petit travail, a-t-il dit. Elle aura juste à garder le bébé et puis, elle pourra aller à l’école et revenir vous voir de temps en temps.

J’ai tout de suite dit oui. Depuis le temps que je rêvais de partir ! Dans la montagne, tout le monde croit que la vie est plus facile en ville. À la maison, le champ de pommes de terre ne donnait plus assez pour nourrir toute la famille. Je pouvais enfin sortir de cette misère !

Il a débarqué hier matin, sans prévenir. Nous vivons trop loin de tout. Comme j’étais un peu impressionnée, maman l’a rassuré :

− Elle est un peu timide mais tu verras, elle est courageuse et si gentille avec les bébés ! Elle a l’habitude avec Carlotta. Tu peux lui faire confiance.

Juan-Carlos m’a à peine regardée. Il semblait pressé de partir.

− La route est longue jusqu’à la capitale. Il faut y aller, Esperanza !

C’était la première et la dernière fois que je l’entendrais dire mon nom. Maman m’a prise dans ses bras et m’a fait signe d’obéir. Mes deux sœurs m’ont regardée m’éloigner, sans comprendre. En marchant jusqu’au village, Juan-Carlos m’a raconté fièrement qu’il avait grandi près d’ici mais qu’il avait eu la chance d’aller à la ville, d’étudier et de faire fortune en vendant du guano, des crottes d’oiseaux de mer, excellentes pour faire pousser les plantes dans les champs.

Devant l’épicerie de la place du marché, une voiture bleu foncé nous attendait. Elle était si haute que le chauffeur a dû me porter pour m’installer à l’intérieur. Cela sentait bon le cuir. Le cousin a sorti un tissu de sa poche de pantalon et versé dessus un peu d’eau, avec une bouteille en plastique.

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08/04/2011 152 pages 8,90 €
Scannez le code barre 9782215049470
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