#Polar

La tombe du martyr

Jeri Westerson

Londres, 1385. Après une rixe dans une taverne, Crispin Ouest, chevalier privé de tous ses titres, est confronté à un choix : aller en prison ou accepter une mission pour le compte de l'archevêque de Canterbury. Sans hésitation, il répond à la demande de l'ecclésiastique et accepte de protéger le tombeau de saint Thomas Becket contre lequel une secte hérétique a proféré des menaces. La tâche lui paraît simple car seuls d'inoffensifs pèlerins approchent la tombe du martyr : négociants, riches fermiers ou encore religieuses, tous descendus dans la même auberge que lui. Le calme règne dans la majestueuse cathédrale jusqu'au jour où les précieuses reliques sont dérobées et où des crimes ensanglantent le lieu même où saint Thomas Becket fut assassiné, deux siècles auparavant. Des indices glanés sur place désignent comme coupable un ami que Crispin vient tout juste de retrouver, mais celui-ci semble au-dessus de tout soupçon. Aidé de son fidèle Jack, Crispin va devoir résoudre une énigme fort complexe, la plus délicate peut-être de toute la carrière de celui que l'on surnomme le Limier.

Par Jeri Westerson
Chez Pygmalion

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Editeur

Pygmalion

Genre

Policiers

 

 

 

 

 

 

 

I

 

 

« Le meurtre ne se peut celer, nous le voyons chaque jour. »

 

Geoffrey Chaucer, Les Contes de Canterbury,

« Le conte du prêtre de nonnains »

 

 

 

 

Canterbury, 1385

 

— Pourquoi il faut que je vienne avec vous, maître Crispin ? se plaignait Jack Tucker, agrippé à la crinière de son roncin pour ne pas chuter à chaque pas de celui-ci.

Ses cheveux rouquins lui retombaient devant les yeux et il avait l’air triste.

— Je n’aurais pas dû rester au logis pour le garder ?

— Maître Kemp n’a besoin de personne pour veiller sur ses affaires, si je ne m’abuse. Si tu veux marcher sur mes traces, tu dois m’accompagner quand je suis en mission, rémunérée de surcroît. Et comme tu le sais, de telles occasions sont rares.

— Je préférerais vous suivre à pied, maître, plutôt que monter cette bête. Si Dieu avait voulu que l’homme ait quatre jambes, Il en aurait pourvu Adam.

Crispin tenait paresseusement ses rênes de la main gauche.

— Jack, tu lui résistes. Accorde-toi à son allure, fais corps avec lui.

— Dites-le au cheval.

En riant, Crispin observa le paysage. Les murailles de Canterbury toutes proches paraissaient s’élever au-dessus des boqueteaux. Dans peu de temps, ils auraient enfin à manger et une couche bien chaude. Il appréciait de chevaucher à nouveau même si la pluie qui ne cessait de tomber depuis deux jours et leur départ de Londres avaient rendu le voyage des plus désagréables.

— Pourquoi est-ce que l’archevêque veut vous engager, maître ?

Crispin tenait si fort les rênes que les muscles de son bras en étaient endoloris.

— La lettre portée aux shérifs était très vague mais je sais qu’il y est question des ossements de saint Thomas Becket.

— Ça alors, fit Jack avec un sifflement admiratif, saint Thomas ? On va en pèlerinage ? De par Dieu, je n’en ai jamais fait. Je donnerais cher pour le voir. On dit qu’il a défié un roi. Un peu comme vous, maître, ajouta-t-il avec timidité.

Crispin émit un son de gorge mais ne répliqua pas. Il ne pouvait que se sentir proche du martyr. Qu’il fût saint ou pas, Thomas Becket n’avait été l’homme de personne.

— Mais pourquoi avoir quitté Londres aussi hâtivement ? reprit Jack. Si vous détestez tant vous occuper de reliques, pourquoi étiez-vous si pressé de remplir cette mission ?

— Je serai bien rémunéré. J’ai déjà touché deux shillings. Quatre journées de salaire, ce n’est pas mal pour un travail qu’on n’a pas commencé, non ?

— C’est vrai mais je ne vous ai jamais vu vous presser ainsi, même pour un religieux.

Crispin émit un soupir. Il aurait pu dédaigner la remarque de l’adolescent, lui dire de se mêler de ses affaires, mais après une année passée auprès de ce gosse aux cheveux roux, il savait que ce serait inutile.

— Le shérif m’a donné le choix, dit-il enfin. Obéir à l’injonction de l’archevêque ou aller en prison.

— En prison ?

Crispin se redressa sur sa selle.

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trad. Jacques Guiod
12/03/2014 352 pages 21,90 €
Scannez le code barre 9782756408385
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