Editeur
Genre
Histoire de France
Avertissement de l’auteur
Ces pages ne sont pas pamphlétaires, elles ne prennent parti historiquement pour aucun des belligérants. Faire la guerre est toujours une erreur et une défaite, un échec de la parole humaine. Chacun joue son rôle individuellement, le soldat, le politique et nul n’est juge de l’honnêteté de chacun.
« Est-ce qu’on peut faire le parti de ceux qui ne sont pas sûrs d’avoir raison ? Ce serait le mien. Dans tous les cas je n’insulte pas ceux qui ne sont pas avec moi. »
Albert Camus
« Il y a un temps pour vivre et un temps pour témoigner de vivre. »
Albert Camus
« Je n’ignore point qu’eussé-je hérité un autre tissu nerveux et d’autres glandes à sécrétion interne, qu’eussé-je vécu dans un autre milieu, entendu d’autres paroles, lu d’autres livres, aimé d’autres personnes, je pourrais être tout autre que je ne suis et confondu à ceux qui me paraissent si éloignés de moi. »
Jean Rostand
« Je venais d’avoir 21 ans et j’avais honte. »
Michel Winock
Préface
Né en 1937 dans le Haut-Doubs, devenu par la suite kinésithérapeute à Châteaurenard dans les Bouches-du- Rhône, Claude Picard tient tous les jours son carnet personnel sur le piton 11/39 (altitude), le plus haut de la région de l’Akfadou, en Kabylie. De janvier 1961 à la fin février 1962, période qui souffre d’une pénurie de témoignages, il relate sa guerre d’Algérie, celle d’un sursitaire affecté au 28ième Bataillon de chasseurs alpins, au-dessus du village d’Imaghdacene. Il est à la fois soldat-instituteur-infirmier-écrivain public improvisé. Ce village est très particulier. Il est non rallié et les rapports à la petite garnison du poste (une vingtaine d’hommes) sont des plus complexes. Ce cas particulier est aussi une découverte pour l’historien.
Ce manuscrit édité par les Éditions du Net est unique en son genre. J’ai déja publié trois de ses prédécesseurs au CNRS (quand mon équipe de recherches avait des fonds…) 1997-2001, dont le journal de marche du sergent Paul Fauchon, Juillet 1956, mars1957, mais celui-ci n’a pas d’équivalent. L’auteur est tout d’abord d’une honnêteté intéllectuelle rare, il dit vraiment ce qu’il pense, raconte ce qu’il voit. Confronté aux réalités d’une vraie guerre, il évolue (sentiment chrétien, par exemple, jusqu’à le perdre) tout comme certains acteurs de ce drame à huis clos sur un piton perdu dont, par précaution, pour ne pas froisser des vivants ou leurs descendants, il ne donne pas la véritable identité. Sursitaire et bien informé grace à son transistor, il suit aussi l’actualité franco-algérienne, commente les discours du général de Gaulle.
A ma connaissance, il est un des très rares à dire ce qu’il tente de faire, simple appelé, pour saisir sa hiérarchie contre l’abus des tortures et autres exactions dont se rendent responsables ses supérieurs… Son chef de poste est un ancien légionnaire d’origine roumaine. Il en fait un portrait nuancé, et cela est aussi fort rare dans un témoignage. Il décrit aussi, hors clichés habituels, les relations très particulières avec les harkis. Pages, aussi, superbes sur les paysages, les saisons, les femmes et les enfants du village, l’ennemi invisible mais toujours présent, sa chienne "Pax" indispensable confidente qu’il amène en France… Il porte aussi témoignage, et un des rares dans un carnet personnel, à évoquer l’onanisme, le besoin de sexe, mais aussi par quels artifices il détourne la censure en envoyant à son père par voie postale, les feuillets de son journal personnel… En ressort le sentiment de croiser un humaniste, un juste. Ses photos dont quelques-unes accompagnent la présente édition, sont aussi très riches d’enseignement.
Extraits
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