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Run with me
« Run with me, run with me, run with me… let’s run… » chantait, dans les années 1960, Jim Morrison, le chanteur des Doors. Et depuis ces fameuses années, bien des portes, justement, se sont ouvertes. Tout s’est accéléré. Qu’on y songe. L’ordinateur a vu sa taille diminuer de 10 000 %. Neil Armstrong, Buzz Aldrin et Michael Collins sont partis sur la Lune avec un ordinateur de moins de 370 Mo de Ram, un exploit à l’époque, une anecdote aujourd’hui. Rappelons-nous simplement le superordinateur Deep Blue qui battit le champion du monde d’échecs, Garry Kasparov, en 1997. Dans les années 1950, il fallait trois salles de machines pour faire une équation simple. Aujourd’hui, la vitesse de la lumière propulse nos informations dans des microprocesseurs de la taille d’une puce. La valeur temporelle de nos sociétés se mesure en nanosecondes, un milliardième de seconde, les cinq cents millionièmes d’un claquement de doigt. Nous sommes gouvernés par une technologie qui va plusieurs millions de fois plus vite que notre cerveau et qui nous permet de visualiser en direct sur nos écrans notre meilleur ami qui se trouve à l’autre bout du monde. Si nous mesurons ce grand écart que cinquante ans de progrès nous ont obligés à faire, nous pouvons juste reconnaître que nos muscles, aussi souples soient-ils, n’y étaient peut-être pas totalement préparés. Nous suivons le coche comme la mouche, sans savoir si le cocher n’est pas en train d’emballer la machine. L’informatique est une révolution mille fois plus violente que l’imprimerie de Gutenberg car elle a lieu mille fois plus rapidement. Il a fallu plusieurs siècles pour généraliser le livre. Il faudra quelques décennies pour passer de la machine à écrire à l’ordinateur et quelques années seulement pour démultiplier ce même ordinateur dont les données maintenant externalisées à la foule, sauvegardées dans le « nuage », selon le mode du « crowdsourcing1 », nous propulsent dans l’ère des réseaux virtuels en faisant de chacun de nous des voisins de palier.
Il aura fallu quelques décennies pour entrer dans l’âge de l’accès par la connexion quasi instantanée à des milliards d’informations ou de produits, quelques années pour modifier radicalement notre dynamique relationnelle, nos habitudes de consommation, notre rapport à la connaissance, nos conditions d’échanges et nos possibilités de création. Ce qui demandait des semaines, voire des mois, est devenu accessible en quelques clics. Immobiles, nous avons accès à tout.
« L’immobilité, disait Léo Ferré, ça dérange le siècle, c’est un peu le sourire de la vitesse. Et ça ne sourit pas lerche2 la vitesse, en ces temps… Les hommes qui pensent en rond ont les idées courbes ! » Et si justement, dans notre immobilité d’internautes, nous nous disions que nous avons les idées courbes et que ce nouveau moyen de communication, ce web et sa toile, tout droit sortis de notre boîte de jeux de Pandore, cachait une autre façon de penser droit, de penser mieux ? Le défi est lancé. Il ne sera pas forcément facile à tenir.
Extraits
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