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Genre
Beaux arts
INTRODUCTION
Hors de Paris, point de salut ? Pas sûr : de plus en plus d’artistes choisissent de vivre loin de la capitale. Qui sont-ils ? Quelles motivations les animent ? Ont-ils le sentiment que leur pratique artistique se distingue de celle des créateurs parisiens ? Est-il plus aisé d’y rencontrer un public ? À quelles difficultés spécifiques les artistes font-ils face loin de Paris ? Quels rapports entretiennent-ils avec le pouvoir politique dans les collectivités territoriales qui les subventionnent ? Est-il possible d’être reconnu comme un créateur innovant sans le label made in Paris ? Monter à Paris, est-ce encore d’actualité ? Le parisianisme culturel est-il devenu une légende urbaine ?
Loin de Paris ? Notre investigation s’est portée sur la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, une des régions les plus dynamiques avec Rhône-Alpes, après l’Île-de-France bien entendu. La géographie de notre enquête est particulièrement centrée sur l’agglomération marseillaise. Pour autant, l’idée n’est absolument pas de rejouer le match OM/PSG. L’objet de ce livre n’est pas d’explorer les particularismes d’un territoire mais de questionner, en aval ou en amont, ce que génère l’éloignement, subi ou recherché, de la capitale.
Artiste, vous avez dit artiste ?
Définir les contours de l’art est une vaste entreprise sujette à polémique. Parle-t-on de l’art avec une majuscule ou une minuscule ? Faut-il l’écrire au singulier ou au pluriel ? « Artiste » renvoie aussi bien à la mythologie, au symbolique, à l’histoire qu’à des réalités contemporaines, concrètes et hétéroclites. Le nombre d’artistes qui se déclarent professionnels dans les enquêtes de l’Insee a doublé en vingt ans, en particulier grâce à tous ceux qui œuvrent dans le spectacle : musiciens, comédiens, danseurs, chanteurs… Hasard ? L’absence de nomenclature claire répertoriant les artistes à l’Insee fait qu’il est très difficile d’établir un bilan statistique de la profession, a fortiori un état des lieux géographique détaillé. Impossible de tirer, par exemple, les conséquences sociales précises dans les régions de la réforme de l’intermittence inaugurée en 2003. Régulièrement se pose la question d’un statut juridique unique tenant compte de la spécificité de l’artiste. Difficile aussi de trouver un cadre adapté à des situations extrêmement diverses, ne serait-ce que lorsqu’on se penche sur l’organisation du travail. Intermittence, droit d’auteur, temps partiel, multisalariat, pluriactivité, voire travail au noir se côtoient dans des établissements qui relèvent soit de la politique publique, soit des lois du marché…
Être artiste, c’est également être identifié comme tel au terme d’un système de légitimation où l’on retrouve les pouvoirs publics et économiques, la grande presse, le jugement des pairs, sans oublier le public. Et, dans le pays de l’exception culturelle, ce processus de reconnaissance paraît encore très fortement lié à Paris. La capitale et la région parisienne concentrent toujours, malgré un rééquilibrage en cours en faveur des régions, les richesses, les pouvoirs et la population française.
Extraits
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