#Essais

Nus, féroces et anthropophages

Hans Staden, André Thevet

Véritable histoire et description d'un pays habité par des hommes sauvages nus, féroces et anthropophages situé dans le nouveau monde nommé Amérique inconnu dans le pays de Hesse avant et depuis la naissance de Jésus-Christ jusqu'à la dernière année. "Admirablement présenté, avec toutes les illustrations de l'édition originale, un des témoignages les plus sensationnels et certainement le plus pittoresque que nous possédions sur les Indiens du Nouveau Monde à l'époque de la découverte." Claude Levi-Strauss, Lettre à l'éditeur. "Ce n'est pas le seul document qui nous ait permis de connaître les coutumes cannibales de certains peuples d'Amérique, mais l'intérêt du récit de Staden vient de ce qu'il a vécu, de l'intérieur, la situation d'un guerrier vaincu." Stéphane Deligeorges, Nouvelles littéraires "Dans l'histoire de l'ethnologie, on connaît peu d'aussi beaux cas d'observation participante." Emmanuel Todd, Le Monde "Un extraordinaire document connu depuis longtemps, mais resté dans les archives, qui nous montre la rencontre de l'Occident du XVIe siècle avec les cultures anthropophages." Catherine Clément, Le Matin

Par Hans Staden, André Thevet
Chez Editions Métailié

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Genre

Ethnologie

Moi, Hans Staden de Hombourg, en Hesse, ayant pris la résolution, s'il plaisait à Dieu, de visiter les Indes, je me rendis en Hollande, où je m'embarquai à Campen, sur des vaisseaux qui allaient chercher du sel en Portugal. Après un mois de navigation, le 29 avril 1547, nous arrivâmes au port de S. Tuval (Setubal), je passai de là à Lisbonne, qui en est éloigné de cinq milles. L'hôte de l'auberge où j'allai loger était un Allemand, qui se nommait Leuhr le jeune. Après être resté quelque temps chez lui, je lui racontai que j'avais quitté ma patrie avec le désir de me rendre aux Indes ; mais il me répondit que j'avais trop tardé, les vaisseaux du roi étant déjà partis. Je le suppliai alors, en lui promettant de lui en être reconnaissant, de chercher à me procurer un autre passage, lui qui savait la langue du pays.

Il me fit recevoir, en qualité de soldat arquebusier, à bord du vaisseau d'un certain capitaine Pintiado, qui allait faire le commerce au Brésil. Pintiado était autorisé à attaquer les vaisseaux qui trafiquaient avec les Maures de Berberie, et tous les bâtiments français qu'il trouverait faisant le commerce avec les sauvages du Brésil.

On l'avait aussi chargé d'y conduire des condamnés auxquels on avait accordé la vie pour peupler ce nouveau pays.

Notre vaisseau était bien pourvu de tout ce qui est nécessaire à la navigation. Nous étions à bord trois Allemands, Hans de Bruchausen, Henri Brant de Brême et moi.

Nous quittâmes Lisbonne dans la compagnie d'un petit vaisseau qui appartenait aussi à notre capitaine. Nous arrivâmes d'abord à l'île de Madère, soumise au roi de Portugal, et qui est habitée par des Portugais ; elle abonde en vin et en sucre. On y voit une ville, nommée Funchal, où nous fîmes provision de vivres.

Nous nous rendîmes de là à un port de Barbarie, nommée Cape de Gel (le cap Ghir), qui appartient à un roi maure, nommé Schiriffi (Cherif). Cette ville était soumise autrefois au roi de Portugal, mais Schiriffi la lui a enlevée. Nous espérions nous emparer dans ces parages d'un vaisseau qui commerçait avec les infidèles.

En approchant de la côte, nous rencontrâmes beaucoup de pêcheurs espagnols qui nous assurèrent qu'il y avait des vaisseaux près de la ville, et nous vîmes bientôt sortir du port un bâtiment richement chargé. Nous le prîmes après lui avoir donné la chasse ; mais l'équipage s'échappa dans les embarcations. Ayant aperçu sur la rive une chaloupe qui pouvait les remplacer, nous allâmes nous en emparer.

Les Maures arrivèrent à cheval pour nous résister ; mais notre artillerie les en empêcha, et nous retournâmes à Madère avec notre prise, qui était chargée de sucre, d'amandes, de dattes, de peaux de chèvre et de gomme arabique. Nous expédiâmes l'autre vaisseau à Lisbonne, pour demander au roi ce que nous devions faire des marchandises dont nous nous étions emparés, et qui appartenaient à des négociants de Castille et de Valence. Il nous ordonna de continuer notre route vers le Brésil, et de laisser notre prise à Madère, pour qu'il eût le loisir d'informer.

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trad. Henri Ternaux Compans
08/04/2005 260 pages 8,50 €
Scannez le code barre 9782864245384
9782864245384
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