#Polar

Mission à Moscou

Gérard de Villiers

Recherché par le KGB et la CIA, Ali Jafar terroriste Palestinien, engagé par des agents du GRU et du KGB pour préparer l'assassinat de Michaïl Gorbatchev en août 1991 Quelqu'un ceintura Malko par-derrière et le hissa sur la rambarde dominant les rails. La rame, lancée à toute vitesse, surgissait du tunnel dans un vacarme d'enfer. Ses agresseurs le firent basculer dans le vide. La motrice n'était plus qu'à quelques mètres et allait le broyer...

Par Gérard de Villiers
Chez Gérard de Villiers

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Genre

Romans policiers

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CHAPITRE PREMIER 

Encore un peu de vodka, Igor Nicolaïevitch ?
— Da, da, spasibo, Tovaritch General.
Le général-capitaine Vladimir Ivanovitch Sokolov acheva 

de vider le carafon de vodka dans le verre de son subordonné, le colonel Igor Nicolaïevitch Chamirov, avec une grimace de désapprobation qui donnait un air presque comique à son visage ovoïde et mou, éclairé par deux yeux d’un bleu minéral. 

— Nous nous connaissons depuis assez longtemps pour que tu sois moins formel avec moi, Igor Nicolaïevitch... 

— C’est vrai, c’est vrai, Vladimir Ivanovitch bredouilla le colonel, quand même un peu gêné. 

Lui et le général Sokolov avaient servi dans la même unité du GRU2 en Afghanistan. Au cours d’une opération secrète, le général qui n’était encore que colonel lui avait sauvé la vie, alors qu’un moudjahid tentait de l’égorger... 

Igor Chamirov tâta machinalement son oreille droite mutilée par le poignard de l’Afghan, soudain plein de reconnaissance pour l’homme corpulent assis en face de lui. Vladimir Sokolov venait d’avoir sa troisième étoile, mais, comme la plupart des officiers du GRU, arborait rarement sa casquette à bande rouge et ses épaulettes aux étoiles brodées. Son visage gélatineux plein de taches de rousseur, coupé d’une bouche mince, dissimulait une volonté sans faille. À côté de lui, Igor Chamirov, avec sa silhouette étriquée et sa moustache grise en balai-brosse, ressemblait à un vieil apparatchik sans envergure. Le costume civil le rapetissait encore, mais Vladimir Sokolov lui avait interdit de porter l’uniforme pour ce discret dîner d’hommes au restaurant du premier étage de l’hôtel Nacional sur la place du Manège juste en face du Kremlin. 

De l’autre côté de la grande place, on apercevait par les fenêtres du restaurant les deux larges rues en pente douce séparées par un vieil immeuble en brique rouge par lesquelles les défilés officiels arrivaient à la place Rouge en léger surplomb. Passant devant le mausolée de Lénine adossé à la muraille du Kremlin, à droite, et devant l’interminable immeuble du Goum à gauche, le grand magasin qui occupait tout un côté de la place Rouge. 

— Détends-toi, Igor Nicolaïevitch ! intima gentiment le général Sokolov. Et buvons à notre patrie, notre chère Union soviétique. 

Il leva son verre de vodka.
— Za Rodinu !

— Za Rodinu ! répéta le colonel Chamirov.
Dans le brouhaha des conversations, leur toast passa complètement inaperçu. Les tables de la grande salle vieillote, tout en longueur, au plafond orné de « pâtisseries » en stuc, étaient occupées par des groupes joyeux qui se reflétaient dans une immense glace occupant tout un panneau du fond. Les bouteilles de vodka et de champagne de Crimée s’accumulaient sur les tables au milieu des bouquets d’œillets ou de tulipes rouges. C’était la Fête des Femmes, célébrée avec faste en Union soviétique. Les serveurs, d’habitude bougons et mal embouchés, en étaient presque aimables, grâce à de généreux pourboires. 

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19/10/2023 247 pages 7,95 €
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